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Économie - Focus

Fin de l’âge d’or pour les expatriés occidentaux en Arabie saoudite

Riyad entend privilégier l'emploi des Saoudiens dans le secteur privé et devrait introduire en juillet une taxe sur les travailleurs étrangers avec des personnes à charge.

Un expatrié, travaillant à Riyad, attend son avion à l’aéroport international du Roi Khaled, le 16 février 2017. Fayez Nureldine/AFP

Dix-sept ans après avoir posé le pied en Arabie saoudite, Dominic Steck est reparti en Allemagne avec son épouse et ses deux enfants qui connaissent à peine leur pays. Et il est loin d'être le seul expatrié dans ce cas.
Les temps ont changé en Arabie saoudite : comme l'économie du pays ralentit, le royaume donne de plus en plus la priorité à une force de travail locale et les effectifs de cadres expatriés à salaire élevé comme M. Steck se réduisent à la vitesse grand V.
Depuis la mi-2014, le premier exportateur mondial de brut, qui est aussi la première économie du monde arabe, doit composer avec des revenus pétroliers substantiellement plus bas qu'auparavant. Et les mesures d'austérité et de réduction des coûts ici et là affectent les travailleurs expatriés. D'autant que l'emploi des Saoudiens dans le secteur privé est privilégié, dans le cadre d'un ambitieux programme de diversification de l'économie lancé l'an dernier, appelé Vision 2030.
« Les gens partent parce qu'il n'y a pas assez d'activité pour que leurs contrats soient renouvelés », explique le directeur étranger d'une entreprise électronique dont le chiffre d'affaires est en baisse de 10 %. « Les marges sont sous pression, il n'y a pas un seul secteur qui aille bien », souligne cet homme qui préfère conserver l'anonymat.

Nouvelles taxes
La situation devrait même empirer en juillet quand le gouvernement saoudien introduira comme il a prévu de le faire une taxe sur les travailleurs étrangers avec des personnes à charge. Cette taxe devrait être fixée au départ à 100 riyals (27 dollars) par mois, mais quadrupler d'ici à 2020, à 400 riyals (107 dollars) par mois, selon un document gouvernemental vu par l'agence Bloomberg. Le gouvernement y prévoit également d'alourdir l'imposition des entreprises qui font davantage appel à des étrangers qu'à des Saoudiens. Abdulrahman al-Zamil, président du groupe saoudien Zamil qui emploie des milliers d'étrangers, justifie cette approche en soulignant que le gouvernement « doit être juste pour le pays » et garantir des emplois aux locaux.
Les nouvelles taxes s'ajoutent à l'augmentation des factures d'eau et d'électricité notamment, liée à la baisse des subventions d'État, relève un diplomate étranger. « Le coût pour faire des affaires devient si cher... » Des expatriés occidentaux, souvent bien mieux payés que leurs homologues asiatiques ou arabes, estiment être en mesure d'absorber les nouvelles taxes. Mais ils soulignent que les conditions financières très avantageuses qui les ont attirés en Arabie saoudite (allocation logement, bourses scolaires, voyages annuels...) sont en train de fondre. Il n'y a pas d'impôt sur le revenu en Arabie saoudite.
Selon M. Steck, pour réduire les coûts, ses employeurs ont décidé de « faire partir les Occidentaux ». « Je dois avouer qu'ils vont beaucoup économiser », ajoute ce cadre d'une filiale d'une multinationale allemande.
« Les budgets sont de plus en plus serrés et je ne pense pas que ce soit aussi lucratif que ça l'a été » pour des expatriés, dit un ingénieur australien, venu en Arabie saoudite à la fois pour l'aventure et pour les avantages financiers.
Un gestionnaire de fonds étranger, qui a passé plusieurs années dans le royaume, estime lui aussi que la belle époque est révolue pour les travailleurs occidentaux à salaire élevé. « Dans 10 ans, je pense qu'il n'y aura plus d'expatriés », dit-il. Les expatriés qui sont partis ont souvent été remplacés par « des Européens moins chers comme des Portugais, des Grecs » et de plus en plus d'Arabes, confirme le diplomate étranger.

Ian TIMBERLAKE/AFP

Dix-sept ans après avoir posé le pied en Arabie saoudite, Dominic Steck est reparti en Allemagne avec son épouse et ses deux enfants qui connaissent à peine leur pays. Et il est loin d'être le seul expatrié dans ce cas.Les temps ont changé en Arabie saoudite : comme l'économie du pays ralentit, le royaume donne de plus en plus la priorité à une force de travail locale et les...

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