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Liban - Éclairage

Est-il temps de déterrer la résolution 1680 de l’ONU ?

Cela ne saute pas vraiment aux yeux, mais le désaccord – aussi implicite et silencieux soit-il – est bien là. Aux déclarations faites par le président de la République Michel Aoun à une télévision égyptienne, à laquelle il affirmait en substance que le Hezbollah connaît ses limites sur le plan interne, la riposte ne s'est pas beaucoup fait attendre.

La semaine dernière, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, n'a pas hésité à discourir sur la responsabilité directe de l'Arabie saoudite dans la création de Daech, causant quasi instantanément un remue-ménage diplomatique entre le Liban et l'Arabie, après une – trop ? – courte période d'apaisement impulsée par Michel Aoun.

L'heure est on ne peut plus à l'expectative. Et pour cause, il s'agit pour la présidence de la République, et pour ce nouveau régime en général, de savoir comment gérer cette nouvelle page diplomatique qui s'est tournée presque à son insu. La manœuvre est délicate, car il s'agit de préserver sur la scène interne, d'abord ce regain d'espoir généré par l'élection de Michel Aoun à la présidence, et ensuite de ne pas briser le mythe du « président 100 % libanais » martelé à l'envi par les alliés nouveaux et anciens du président de la République durant la période pré et post-électorale.

 

(Lire aussi : L’ONU rappelle que les résolutions 1559, 1680 et 1701 prévoient clairement le désarmement de toutes les milices)

 

Sa manière d'aller de l'avant en scellant sa réconciliation avec Samir Geagea, et en intégrant Saad Hariri à la tête de son gouvernement, lui a permis de se faire respecter sur la scène locale par une large frange de ses détracteurs d'hier. Sur le plan régional et international, il faut d'abord tenter l'impossible pour ne pas perdre toute crédibilité.

Michel Aoun avait, diplomatiquement, réussi son entrée dans la cour régionale en se rendant directement à Riyad pour sa première visite en tant que président élu. Il avait également mis beaucoup d'eau dans son vin dans la manière de traiter avec le royaume wahhabite, ce qui lui a valu de gagner, dans les médias arabes, les galons de président non pas assagi, mais désormais sage. Il avait promis de mettre un terme aux campagnes médiatiques orchestrées par le Hezbollah et ses alliés, en avait même donné la « garantie ». Et sur ces bases, il avait obtenu, entre autres, que son ministre des Affaires étrangères et gendre, Gebran Bassil, se rende à Riyad débattre du dossier de l'aide militaire à l'armée libanaise.

Mais tout cela, c'était avant. Aujourd'hui, tous ces acquis semblent bel et bien remis en cause, une semaine après la tonitruante déclaration de Hassan Nasrallah, laquelle bien que principalement axée sur Israël, n'a pas manqué de viser l'Arabie saoudite et de plein fouet. Car c'est bien connu, les Arabes, et plus particulièrement les Saoudiens, ont en horreur le public shaming. Plus globalement, ils abhorrent également tout ce qui est franchement public. Socialement, tout est dans le non-dit. Architecturalement, les bâtisses sont toutes ceintes de murs. Même commercialement, les publicités sont rares et souvent maladroites.

 

(Lire aussi : Les propos de Aoun et Nasrallah alimentent les réactions politiques)

 

Se faire traiter publiquement de fondateur de Daech est pour le royaume wahhabite l'ultime insulte, à l'heure où en interne, il déploie des trésors d'énergie pour lutter contre l'extrémisme et le terrorisme local. Chaque semaine, les médias locaux font un tapage médiatique autour des rafles effectuées par les forces spéciales et l'armée dans les bas-fonds de Djeddah et de Médine. Dans les rues, les universités et les centres commerciaux, les affiches antifondamentalisme et antiterrorisme sont légion. Pour Riyad, les propos de Hassan Nasrallah ne peuvent donc être réduits à une tempête dans un verre d'eau.

Or l'Arabie est pour le Liban un allié régional primordial, pour plus d'une raison, et la crise diplomatique libano-saoudienne sur fond de campagnes médiatiques du Hezbollah a laissé des traces indélébiles dans la vie politique libanaise. Le retour à cette phase de paralysie des institutions, voire de vide institutionnel total, semble absurde quelques mois seulement après l'élection du président de la République. Quels choix s'offrent à lui désormais ? Il peut opter pour la soumission passive, mais cela ne ressemble pas au personnage. Il peut également opter pour la confrontation directe, mais cela ne ressemble apparemment plus, aussi, au personnage. Acceptera-t-il toutefois de se laisser décrédibiliser, quelques mois seulement après son élection et après avoir réclamé sans relâche l'élection d'un président « fort ».

Cela non plus, ne ressemble pas au personnage. Les attaques verbales du Hezbollah contre l'Arabie saoudite quelques jours seulement après l'entretien accordé par M. Aoun à un média égyptien dans lequel il avait affirmé en substance que le Hezbollah connaît ses limites en interne porte, indéniablement, un coup dur à son mandat. L'une des solutions pour asseoir sa présidence sur des bases plus solides serait d'avoir recours au droit international en réclamant la délimitation des frontières.

 

(Lire aussi : Farès Souhaid : Entre Baabda et le Hezbollah, un mimétisme complet)

 

Cela jetterait enfin la lumière sur la véritable identité des territoires encore occupés par Israël, dont un ancien gradé de l'armée affirmait il y a quelques jours à notre collaborateur Philippe Abi-Akl qu'ils relèvent bel et bien de la souveraineté syrienne puisqu'ils relèvent de deux résolutions onusiennes – la 242 et la 338 – qui concernent la Syrie. Michel Aoun pourrait donc tenter le tout pour le tout et s'appuyer sur le droit international en relançant la demande déposée par le Liban auprès de la Syrie afin d'obtenir la délimitation des frontières entre le Liban et la Syrie. Une fois la lumière faite, le Hezbollah devra revoir tout son argumentaire concernant « la libération des territoires encore occupés par Israël » et se repositionner aussi bien sur le plan militaire que politique. D'ailleurs, l'outil pour ce faire est prêt. Il s'agit de la résolution onusienne 1680, adoptée dans la foulée de la révolution du Cèdre de 2005.

Cette résolution « encourage vivement le gouvernement syrien à donner suite à la demande faite par le gouvernement libanais, conformément aux accords issus du dialogue national libanais, de délimiter leur frontière commune, surtout dans les secteurs où celle-ci est incertaine ou contestée ». Une mesure qui lui permettra de sortir du fragile équilibre politique qui l'a fait accéder à Baabda pour permettre à son mandat de lancer le processus d'édification de cet État de droit qu'il aime particulièrement affectionner.

 

 

Pour mémoire

Les propos de Aoun, un glissement vers le Hezbollah

Aoun en porte-à-faux avec son discours d'investiture

Cela ne saute pas vraiment aux yeux, mais le désaccord – aussi implicite et silencieux soit-il – est bien là. Aux déclarations faites par le président de la République Michel Aoun à une télévision égyptienne, à laquelle il affirmait en substance que le Hezbollah connaît ses limites sur le plan interne, la riposte ne s'est pas beaucoup fait attendre.
La semaine dernière, le...

commentaires (14)

mais les saudis financent le terrorisme islamique ils infectent les mosqués , les écoles de leur venin wahabisme

Talaat Dominique

22 h 48, le 23 février 2017

Tous les commentaires

Commentaires (14)

  • mais les saudis financent le terrorisme islamique ils infectent les mosqués , les écoles de leur venin wahabisme

    Talaat Dominique

    22 h 48, le 23 février 2017

  • Et il ne faut surtout pas oublier qu'à un certain "âge", tout peut se produire et ce, à tout instant ! Et que fera-t-on alors, à ce moment ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 58, le 23 février 2017

  • IL FAUT TRANCHER LE NOEUD GORDIEN IRANIEN... ET IL N,Y A QU,UNE ALTERNATIVE, CELLE D,ALEXANDRE LE GRAND ... COMPTER SUR AUTRUI EST UNE PERTE DE TEMPS... ET LA MAINMISE TOTALE SE MATERIALISE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 29, le 23 février 2017

  • En conclusion ; et pour ne pas persister à vouloir à tout prix et sans cesse tirer des plans sur la comète ; ce qui reste de parfaitement clair, en tout cas, c'est, qu'avec la nomination de ce bigaradier-boSSfèèèr, ceux qui l'ont malgré eux et finalement "porté" se sont ; à défaut de grives ; contentés de merles ! Yâ haSSértéhhh,.... Yâ Moûwârnéééhs !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 45, le 23 février 2017

  • Article incohérent et inutilement alarmiste. L'arabie saoudite n'a pas encore réagi mais à force de pousser le bouchon nos medias vont finalement réussir à obtenir la crise diplomatique qu'ils craignent tant, soit disant... personne d'autres que les medias et analystes faiseur de polémiques ne réussira à torpiller le mandat du president, des relation de ce dernieravec les arabes, avec les partis politiques libanais et en fin de compte à torpiller le Liban.

    Chady

    11 h 07, le 23 février 2017

  • Un des barbus du parti infeodé a gargamel: quand a meme la palestine entiere retournera aux palestiniens, nous ne remetterons pas les armes... Les armes sont la pour assoir leur domination sur le paysage. Le tres gros probleme c'est que le parti du 14mars (a titre individuel) profite enormement de cette situation pour s'en mettre plein les poches, mais vraiment plein. Le hezb et amal en profitent aussi bien sur. La seule planche de salut, c'est d'arreter completement la corruption du cote 14mars et cela mettera une grande pression sur le cote oppose pour faire de meme. Mais ni l'un ni l'autre ne veux s'arreter en si bon chemin.

    George Khoury

    10 h 45, le 23 février 2017

  • Ils ont tous les dents qui rayent le parquet, d'ailleurs on le voit sur la photo.

    Christine KHALIL

    10 h 09, le 23 février 2017

  • J'étais très confus pour comprendre le sens de cet article . Est ce une pub pro bensaoud ? Il n'existe plus un seul dirigeant occidental , candidat ou élu qui n'émet pas , ne serait ce qu'un doute sur l'origine de la création des bactéries wahabites quant à leur source bensaoudique, et Lelia Mezher affirme (sans rire) QUE CELA EST IMPOSSIBLE en nous développant des arguments mielleux de lutte contre cette idéologie en terre wahabite ( ???????). Bon , passons à ce qui nous concerne , ne faites pas du Phare Aoun une victime de je ne sais quel politique irano hezb résistant, on dirait que la position du président est sortie de nulle part , tombée du ciel comme par enchantement !!!!! Le Phare Aoun fait partie de la résistance et ses prises de positions sont logiques avec lui même. En général on aime les autres pour ce qu'ils sont , parce que si on les aimait pour soi même, on est mal tous les 2 . Concernant les frontières, bravo , bonne question , mais avant de demander à la Syrie de délimiter ses frontières, ou en même temps qu'en leur demandant , adressons nous à israel dans le même sens . OÙ SONT LEURS FRONTIÈRES À EUX ????????????????? D'ABORD. SI VOUS LES CONNAISSEZ, LE HEZB SERA EN MESURE DE REMETTRE SES ARMES ET NE PLUS EMPÊCHER CE PAYS USURPATEUR DE DORMIR. DIMONA .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 44, le 23 février 2017

  • C'est très astucieux ,de la part du Chef de l'Etat ,de parler du tracés des frontières entre le Liban et la Syrie...cela induit indirectement à termes ... des négociations avec l'ennemi israélien sous l'égide de l'ONU ... il semble qu'une nouvelle ère se dessine ...

    M.V.

    09 h 30, le 23 février 2017

  • IL FAUT MAINTENANT METTRE UN FREIN COUTE QUE COUTE... LES CHOSES NE SERONT PAS PIRE DE CE QU,ELLES LE SONT ...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 27, le 23 février 2017

  • LE CHEF DE L,ETAT A MENAGE LE HEZB DANS SES DECLARATION DU CAIRE ET LE HEZB LUI PLANTA SON COUTELAT DANS LE DOS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 41, le 23 février 2017

  • Il n'y a qu'une résolution de valable et 100% libanaise, dire fermement au Hezbollah et à ses dirigeants commandités par Téhéran: CA SUFFIT MAINTENANT !!! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 39, le 23 février 2017

  • Le hezb sous ordre de l'Iran ne veut ou ne peut absolument pas laisser l'Arabie saoudite équipée l'armée pour ainsi faire concurrence à sa propre armee !!

    Bery tus

    06 h 46, le 23 février 2017

  • Vision surréaliste. En admettant que la Syrie accepte de délimiter ses frontières avec le Liban ( Je vois mal pourquoi Bachar le ferait alors que ce flou sur les frontières sert l'intérêt de la Syrie pour garder la carte Hizbollah en main), le Hizb trouvera une autre raison pour garder les armes (lutte contre le terrorisme serait valable) afin de servir le grand maître iranien. Rien ne changerait la donne sauf une rupture du statu-quo regional.

    Onaissi Antoine

    04 h 15, le 23 février 2017

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