Le groupe des « affinitaires » est désormais rassuré. Depuis la victoire de Donald Trump à la tête de la Maison-Blanche le 8 novembre dernier, la position de la nouvelle administration sur le dossier syrien était extrêmement attendue. La réunion des pays soutenant l'opposition syrienne (une dizaine de pays occidentaux et arabes, ainsi que la Turquie, également appelés les « affinitaires » donc), hier en marge du G20 à Bonn, a permis de sonder les intentions de leur allié américain, jusque-là plus ou moins opaques, voire contradictoires.
À l'issue de la rencontre – qui intervient quelques jours avant la reprise jeudi prochain à Genève de pourparlers de paix entre le régime de Damas et l'opposition –, Berlin et Paris ont manifesté leur soulagement : « Il est apparu clairement que nous voulons dans tous les cas une solution politique dans le cadre de l'ONU », a déclaré le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel, hôte de la réunion du G20. « C'est important et nécessaire qu'il y ait un dialogue étroit avec les États-Unis sur cette question syrienne. (...) Nous avons vérifié ce matin que nous étions tous bien d'accord », a abondé le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault.
La nouvelle administration américaine a hérité d'une politique sur la Syrie quelque peu controversée, notamment à cause du refus de Barack Obama de frapper ce pays, alors que la ligne rouge qu'il avait lui-même fixée avait été franchie, après que le régime eut utilisé des armes chimiques, en août 2013. Fermement opposé à l'invasion de l'Irak par son pays en 2003, Barack Obama s'est, durant ses deux mandats, montré sceptique à toute intervention contre Damas, convaincu que la solution militaire n'est pas la bonne réponse pour résoudre la crise syrienne. L'ancien président a privilégié la lutte contre le groupe État islamique en Syrie et en Irak. Les avions américains – et ceux faisant partie de la coalition internationale – bombardent quotidiennement l'EI depuis l'été 2014. Donald Trump, à maintes reprises, a critiqué l'approche d'Obama dans sa lutte contre Daech, allant même jusqu'à déclarer lors de la campagne présidentielle que l'ancien président afro-américain est « le fondateur de l'EI ».
Aujourd'hui, Donald Trump se retrouve sur la même longueur d'onde en répétant à l'envi vouloir éradiquer l'organisation jihadiste. Une ébauche de plan pour vaincre l'EI devrait notamment lui être présentée par les responsables militaires, d'ici à la fin du mois. En revanche, le milliardaire américain pourrait se distinguer de son prédécesseur en ordonnant un renforcement des troupes américaines au sol en Syrie dans les combats.
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Renforts possibles
Selon la presse américaine, des militaires pourraient ainsi être appelés en renfort aux côtés des forces qui prendront part à l'assaut contre la capitale autoproclamée de l'EI, Raqqa. « Je pense que l'administration Trump songe à envoyer davantage de soldats, mais ce serait une action désastreuse », estime Joshua Landis, directeur du Center for Middle East Studies et professeur à l'Université de l'Oklahoma. Pour l'heure, quelque 500 soldats des forces spéciales américaines sont déployés en Syrie, essentiellement auprès des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde. Ces dernières ont lancé le 5 novembre dernier une opération militaire confirmée par Washington et baptisée « Colère de l'Euphrate », dans le but d'isoler Raqqa. Moscou, Téhéran, mais, bien plus encore, Ankara ont été écartés de l'opération, arrivée à sa troisième phase, à laquelle participent les Kurdes du Parti de l'union démocratique (PYD) – branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) –, considéré par la Turquie comme un groupe terroriste.
L'administration Trump se trouve aujourd'hui face au même dilemme que l'administration précédente : qui pourra être leur meilleur allié au sol en vue d'une reprise de Raqqa ? « Les États-Unis ont trois offres pour reprendre la ville. L'offre kurde, l'offre turque et l'offre de Moscou/Damas. Mais s'ils ne choisissent pas pour l'instant, c'est qu'ils n'aiment aucune des trois options », estime Joshua Landis.
Jouer la carte kurde se ferait inexorablement au détriment des Turcs, leurs alliés au sein de l'OTAN. Les dernières livraisons américaines de véhicules blindés de type SUV (4 X 4) fin janvier aux FDS ont provoqué l'ire d'Ankara. Washington assure cependant que les armes fournies aux FDS ne sont destinées qu'à leurs éléments arabes. « La nouvelle administration américaine a une approche différente du sujet. Elle n'insiste plus pour que l'opération soit à tout prix menée avec les YPG. Elle n'a pas arrêté sa décision », a déclaré jeudi le ministre turc de la Défense Fikri Isik. « Si Trump veut tenir sa promesse de reprendre rapidement Raqqa, il doit laisser les options ouvertes. La seule raison qui pourrait le pousser à choisir les Kurdes est leur rapidité », poursuit Johuas Landis.
Hostilité envers Téhéran
« Sur la lutte contre Daech, on est rassurés, les engagements américains restent les mêmes. Mais sur le volet politique du dossier, on ne sait pas quelle est la position américaine », a résumé un haut diplomate français à l'AFP. Washington est attendu au tournant par les pays soutenant l'opposition syrienne, qui craignent que Donald Trump ne laisse les Russes gérer la situation en Syrie, comme sous-entendu à plusieurs reprises par ses conseillers. « Nous avons besoin d'unité, afin de parvenir à la reprise des négociations de Genève », a insisté jeudi dernier le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel, à Bonn. « Notre but est de nous assurer que le processus de paix revienne sous le contrôle de l'ONU », a pour sa part insisté un diplomate européen.
La Russie, alliée de Damas, a pris la main diplomatique sur le dossier syrien suite à la défaite des forces rebelles à Alep et a engagé des tractations à Astana, au Kazakhstan, aux côtés de l'Iran et de la Turquie. Elles sont axées jusqu'ici sur le maintien du cessez-le-feu et la situation humanitaire en Syrie. Le souci des Occidentaux est d'éviter le risque qu'elles ne remplacent celles sous l'égide de l'ONU. Selon une source occidentale, le secrétaire d'État américain Rex Tillerson a été très clair sur la nécessité d'envoyer des messages aux Russes : « Il nous a expliqué qu'il n'y aurait pas de coopération militaire avec les Russes tant qu'ils ne se distancieraient pas de la position de Damas au sujet de l'opposition. » Un changement de ton qui s'explique en partie par la coopération étroite entre Moscou et Téhéran en Syrie, alors que Washington affiche ouvertement son hostilité envers les Iraniens.
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Mais alors si Obama a foiré en syrie et partout ailleurs à quoi on s'attend de ce clown écervelé.?
10 h 01, le 18 février 2017