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À La Une - Interview

Les famines pourraient faire 20 millions de morts en 6 mois

"C'est presque bouleversant de réaliser qu'au XXIe siècle, des gens continuent de connaître des famines d'une telle ampleur", se désole l'économiste en chef du Pam.

Plus de 20 millions de personnes risquent de mourir de faim au cours des six prochains mois dans quatre famines distinctes, prévient l'économiste en chef du Programme alimentaire mondial (Pam) des Nations unies, Arif Husain. Photo d'archives Fred Dufour/AFP

Plus de 20 millions de personnes risquent de mourir de faim au cours des six prochains mois dans quatre famines distinctes, prévient l'économiste en chef du Programme alimentaire mondial (Pam) des Nations unies, Arif Husain.

Les combats au Yémen, dans le nord-est du Nigeria et au Soudan du Sud ont dévasté plusieurs régions et fait monter les prix. Dans l'est de l'Afrique, c'est la sécheresse qui a ruiné l'agriculture traditionnelle.

"Cela fait près de quinze ans que je travaille au Programme alimentaire mondial et c'est la première fois que nous parlons littéralement de famine dans quatre régions différentes du monde en même temps", a dit Arif Husain lors d'un entretien à Reuters.

"C'est presque bouleversant de réaliser qu'au XXIe siècle, des gens continuent de connaître des famines d'une telle ampleur. On parle d'environ 20 millions de personnes, et tout cela dans les six prochains mois, ou dès maintenant. Au Yémen, c'est maintenant, au Nigeria, c'est maintenant, au Soudan du Sud, c'est maintenant."

"En Somalie, quand je vois que les indicateurs montrent des prix alimentaires extrêmement élevés ainsi que des prix du bétail et des revenus agricoles qui chutent, les choses vont très vite."

Ces famines constituent une source supplémentaire de tension pour le système mondial d'aide humanitaire, déjà confronté à une hausse historique des flux migratoires, mobilisé par les opérations en cours en Syrie, en Irak et en Afghanistan et sollicité par des situations tendues dans plusieurs pays comme l'Ukraine, la Libye et le Zimbabwe, a-t-il expliqué.

"Et puis il y a des endroits comme la RDC (République démocratique du Congo), la RCA (République centrafricaine), le Burundi, le Mali, le Niger, où l'insécurité alimentaire est chronique (...) Il n'y a tout simplement pas assez de ressources pour y arriver."

 

(Lire aussi : "On n'a rien à manger": la détresse des enfants mendiants du Yémen en guerre)

 

"Aucune solution en vue"

Si l'aide humanitaire internationale atteint des niveaux sans précédent, la demande augmente plus vite encore, ce qui creuse l'écart entre les besoins et les moyens, explique-t-il.

"Dans le nord-est du Nigeria, nous nourrissons plus d'un million de personnes alors qu'il y quelques mois, nous n'avions même pas un bureau là-bas".

Il reste un mince espoir que la sécheresse en Somalie ne soit pas aussi grave que ne le craignent certains mais dans la capitale, Mogadiscio, les prix alimentaires ont déjà augmenté d'un quart depuis début janvier et les prévisions pour la saison des pluies, soit de mars à mai, ne sont guère optimistes.

En 2011, la famine avait fait environ 260.000 morts en Somalie, alors que la saison des récoltes avait été bonne, ce qui n'a pas été le cas pour les deux dernières. Au Soudan du Sud, les prix des produits alimentaires ont doublé, voire quadruplé en un an. Au Yémen, de nombreuses familles ont déjà dû se séparer de leurs avoirs en or, en argent ou en armes.

"J'étais au Yémen il y a deux semaines", dit Arif Husain, "Il y a de la nourriture sur les marchés mais les gens ne sont pas payés, notamment dans les villes, qui représentent environ un tiers de la population". "Une fois qu'ils ont perdu leurs seules ressources, il leur est presque impossible de remonter la pente et cela ne fait que perpétuer la pauvreté." Le Yémen est pour l'instant considéré comme une situation d'"urgence" mais pourrait être déclaré en famine d'ici trois mois, a-t-il précisé.

Au Nigeria, dans l'Etat de Borno, où des millions de personnes ont trouvé refuge après avoir fui Boko Haram, l'absence de commerces, de marchés et de possibilités de se déplacer rend les réfugiés dépendants de l'aide humanitaire. "Ils survivent dans des camps, par 50°C, dans des huttes au toit de tôle, avec un point d'eau, des cuisines communes et un repas par jour", explique Arif Husain. "Et il n'y a aucune solution en vue."

 

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commentaires (2)

AVEC LES GUERRES FOMENTEES UN PEU PARTOUT LES NOMBRES SERONT A LA HAUSSE...

LA LIBRE EXPRESSION.

19 h 03, le 16 février 2017

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Commentaires (2)

  • AVEC LES GUERRES FOMENTEES UN PEU PARTOUT LES NOMBRES SERONT A LA HAUSSE...

    LA LIBRE EXPRESSION.

    19 h 03, le 16 février 2017

  • Avant tout il faudra cesser les guerres dans ces pays cités puis les aider à sortir de cette famine Honte .

    Antoine Sabbagha

    16 h 46, le 16 février 2017

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