Washington était secouée hier par de nouveaux éléments sur des contacts répétés entre des proches de Donald Trump et le renseignement russe l'an dernier, accentuant la pression politique sur le président américain, qui a dénoncé un autre « scandale » : les fuites dans la presse. « Le vrai scandale est que des informations classifiées soient distribuées illégalement par le "renseignement" comme des bonbons. Très antiaméricain ! » a dénoncé Donald Trump sur Twitter.
Dans un autre message, il a pointé du doigt le FBI et la NSA, le service d'écoutes, comme les sources éventuelles du New York Times et du Washington Post. Le quotidien new-yorkais a révélé, citant quatre responsables ou ex-responsables américains, que les services étaient en possession de relevés et d'écoutes téléphoniques entre des membres de l'équipe de campagne du candidat républicain, non identifiés sauf un, l'ancien directeur de campagne Paul Manafort, et de hauts responsables du renseignement russe. Le contenu des conversations reste à ce stade un mystère pour le grand public mais ne révèle pas de coopération, selon les sources du journal. Paul Manafort a démenti avoir « jamais parlé en connaissance de cause à des agents du renseignement », soulignant que les espions ne portaient pas de badge. Le Kremlin, de son côté, a dénoncé une « intox ».
L'enquête du FBI était née du piratage du Parti démocrate en 2015 et 2016, attribué aux Russes par Washington. Les Américains se sont aperçus que des personnes de l'orbite Trump communiquaient régulièrement avec des personnages proches du Kremlin. Les écoutes similaires de l'ambassadeur russe à Washington, Sergey Kislyak, ont également révélé que l'homme choisi par le président élu pour diriger le conseil de sécurité nationale, Michael Flynn, lui avait parlé des sanctions américaines imposées le 29 décembre dernier par Barack Obama, laissant entendre qu'elles pourraient être suspendues quand M. Trump arriverait à la Maison-Blanche. Après avoir nié, le conseiller a été poussé à la démission lundi soir.
En janvier, l'administration sortante a publiquement accusé le gouvernement russe d'avoir fomenté le piratage du Parti démocrate, et notamment d'un très proche conseiller d'Hillary Clinton, dans le but de l'empêcher d'être élue à la Maison-Blanche. « Quand nous sonnions l'alarme à l'automne dernier, tout le monde se moquait de nous, a affirmé hier l'ancien porte-parole d'Hillary Clinton, Brian Fallon, sur CNN. Aujourd'hui, ils disent qu'ils ne parlaient pas des piratages. Ce sera peut-être la prochaine révélation. » L'opposition démocrate évoque désormais ouvertement le scénario d'une collusion entre Moscou et le candidat Trump, qui a régulièrement exprimé son admiration pour Vladimir Poutine, et louait encore « l'intelligence » du dirigeant russe en décembre.
Sanctions contre Moscou
Outre les investigations du FBI sur les interférences russes dans la campagne électorale et les contacts éventuels entre la Trump Tower et Moscou, plusieurs enquêtes parlementaires ont été lancées au Congrès, contrôlé par les républicains. Les démocrates et plusieurs républicains exigent la convocation de Michael Flynn, pour qu'il s'explique sur la nature de ses liens avec Moscou et réponde à la question sur toutes les lèvres : avait-il reçu pour mission du président élu d'envoyer un message aux Russes sur une éventuelle levée des sanctions imposées par son prédécesseur ?
La Maison-Blanche, mardi, a absolument nié l'existence d'un tel marché. À cet égard, le président américain s'est efforcé de prouver sa fermeté face à la Russie. Cette histoire de « connexion avec la Russie est une absurdité, c'est seulement une tentative pour couvrir les nombreuses erreurs commises par la campagne perdante d'Hillary Clinton », a-t-il écrit hier, rappelant le bilan de son prédécesseur : « La Crimée a été PRISE par la Russie sous l'administration Obama. Obama a-t-il été trop mou avec la Russie ? »
Le dilemme, pour le milliardaire, est de se prononcer sur les sanctions supplémentaires que beaucoup parmi sa majorité veulent imposer contre la Russie en représailles aux interférences durant la campagne. « Ce n'est pas un secret, la Russie a tenté d'interférer dans les élections, et c'est pourquoi je suis favorable à des sanctions », a déclaré hier le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, sur MSNBC. Croit-il que la main tendue de Donald Trump à son homologue russe puisse faire fléchir Moscou ? « Je ne crois pas que ces gens soient capables de changer », a lâché Paul Ryan.
(Source : AFP)