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Moyen Orient et Monde - Décryptage/Maghreb

« Le Maroc ne reconnaîtra jamais le Polisario », malgré son retour au sein de l’UA

Les dirigeants des États africains réunis à l’occasion du 28e sommet de l’UA à Addis-Abeba le 30 janvier 2017. Zacharias Abubeker/AFP

Après trente-trois années d'absence, le Maroc a fait son retour au sein de l'Union africaine (UA) le 30 janvier 2017 lors du 28e sommet de l'organisation à Addis-Abeba. « Ce fut un travail de longue haleine », explique Mehdi Bensaïd, président de l'Union parlementaire des jeunes Africains et ancien président de la commission des Affaires étrangères au Maroc. Ce retour est le résultat du changement de stratégie du roi Mohammad VI. Le royaume avait quitté l'UA en 1984 (alors appelée Organisation de l'unité africaine à l'époque) en protestation contre l'entrée de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) deux ans plus tôt. La RASD a été proclamée État indépendant par le Front Polisario en 1976, territoire revendiqué par le Maroc. « Il était temps de revoir nos relations avec les États africains. Nous avons de bonnes relations bilatérales, mais de nombreux membres demandaient notre retour au sein de l'UA. Il fallait donc compléter ces efforts diplomatiques avec notre retour au sein de la famille institutionnelle », ajoute Mehdi Bensaïd.

Désormais 55e membre de l'organisation, cela marque une victoire pour le Maroc. L'adhésion du royaume s'est cependant longtemps heurtée à la résistance de certains pays tels que l'Algérie et l'Afrique du Sud, poids lourds de l'UA. Le conflit sahraoui reste un point de divergence sur le continent. « Le Maroc ne reconnaîtra jamais le Front Polisario, insiste Mehdi Bensaïd. Il est nécessaire de dépasser les problématiques passées qui desservent les populations pour se concentrer sur celles qui sont urgentes. L'Algérie a plus intérêt à entrer dans une stratégie de coopération pour une meilleure intégration maghrébine et permettre une évolution économique dans la région. »

Le retour du Maroc au sein de l'UA devrait permettre d'apporter un souffle nouveau à l'organisation, selon Charles Saint-Prot, directeur général de l'Observatoire d'études géopolitiques de Paris. « Le Maroc qui a une vision globale (politique, sécuritaire, économique, spirituelle) a démontré qu'il a un projet pour l'avenir et le développement de l'Afrique par l'intermédiaire d'une coopération Sud-Sud dont le roi s'est fait le champion, observe-t-il. La présence active du Maroc au sein de l'organisation régionale est une chance qui va permettre de relever le défi de bâtir un destin communautaire en phase avec les réalités d'aujourd'hui. »

Le Maroc s'était distancé de ses congénères sur le continent depuis son départ de l'organisation. Le différend concernant le Sahara occidental remonte au retrait de l'Espagne des territoires en 1975. Les accords de Madrid conclus entre le Maroc, la Mauritanie et l'Espagne prévoyaient la répartition des territoires. Le conflit oppose alors depuis le Maroc, la Mauritanie et le Front Polisario, tous revendiquant leur souveraineté sur les territoires de l'ancienne colonie. Si la Mauritanie a conclu un accord de paix avec le Front Polisario, le Maroc campe toujours sur ses positions. Le conflit est gelé depuis. Plus de quatre-vingts pays ont reconnu la RASD en tant qu'entité étatique indépendante depuis 1976. Cependant, près d'une trentaine d'entre eux se sont rétractés au fil du temps. Aujourd'hui, le royaume marocain contrôle 80 % du Sahara occidental.

 

(Lire aussi : Au Maroc, la polémique sur les manuels d'éducation islamique ne désenfle pas)

 

Cohabitation forcée
Suite au retour du Maroc dans l'organisation panafricaine, ce dernier va devoir cohabiter avec la RASD sur le plan institutionnel. Pour autant, son adhésion ne remet pas en cause sa position à l'égard de la république sahraouie. « L'admission d'un État dans une organisation régionale ou internationale n'implique pas automatiquement sa reconnaissance en tant que tel par l'ensemble de ses membres, souligne Pierre Klein, directeur adjoint du Centre de droit international et de sociologie appliquée au droit international de l'Université libre de Bruxelles. C'est un cas de figure classique dans les organisations internationales. On peut prendre l'exemple d'Israël au sein des Nations unies qui n'est pas reconnu par tous les membres. » Le Maroc a longtemps conditionné son adhésion à l'UA à l'exclusion de la RASD de l'organisation. Le retour du royaume le 30 janvier ne change pas la donne sur le statut de membre de la république sahraouie. « Il n'existe pas de procédure d'exclusion d'un membre dans les règles de l'organisation. Par conséquent, le siège de la RASD ne semble pas remis en jeu pour le moment », conclut Pierre Klein.

 

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