À Zghorta, un total de vingt-quatre magasins gérés par des Syriens longe la rue principale de la ville et se répartissent dans les quartiers internes. Au nombre de ces établissements, des salons de coiffure pour hommes ou pour femmes, une boulangerie au cœur du quartier central as-Sèha, des magasins de « one dollar » où se vendent toute sorte d'objets en plastique ainsi que des vêtements, des parfums et des ustensiles à très bon prix.
Dans le village nordique qui accueille les réfugiés syriens depuis le début de la guerre civile en Syrie, les commerçants se sont trouvés face à une concurrence féroce et déloyale depuis qu'ils ne sont plus seuls sur le marché. Une concurrence qui commence à irriter la rue zghortiote qui se plaint de perdre sa clientèle.
« Les Zghortiotes passent avant les Syriens » est une campagne qui a été menée sur les réseaux sociaux par nombre d'activistes pour lutter contre une concurrence qu'ils jugent non seulement illégale, mais surtout illégitime. La campagne a suscité une polémique entre ceux qui défendaient les droits des habitants de la région à préserver leur marché et ceux qui qualifiaient cette campagne de raciste.
« Cela fait trois ans déjà que nous mettons en garde contre ce phénomène qui ne manquera pas de causer une tension entre les habitants et les réfugiés syriens », lance l'activiste et propriétaire d'un magasin à Zghorta Jean Doueihy. Pour M. Doueihy, il s'agit de respecter l'arrêté ministériel publié par l'ancien ministre du Travail Sejaan Azzi.
L'arrêté définit, rappelons-le, dans le détail et avec précision, une longue série d'emplois administratifs, techniques et professionnels qui sont limités exclusivement aux Libanais. À ces diverses catégories viennent s'ajouter également les métiers et activités suivants, limités exclusivement aux Libanais, à savoir les activités commerciales et les diverses professions libérales, entre autres.
L'activiste zghortiote soulève plusieurs interrogations au sujet de ces magasins gérés par les Syriens. « Comment des réfugiés arrivent-ils à payer des loyers qui ne coûtent pas moins de 12 000 dollars par an ? D'où se procurent-ils ces marchandises qu'ils arrivent à vendre à très bon prix tout en tirant des profits considérables ? »
s'interroge-t-il.
« Les propriétaires de ces magasins sont des habitants de Zghorta qui apparemment garantissent la couverture juridique aux personnes gérantes et partagent avec eux les profits tirés en contrepartie », estime M. Doueihy, qui s'inquiète pour les commerçants zghortiotes et promet de recourir à l'escalade au cas où la municipalité ne met pas fin à cette concurrence.
Protéger les commerçants de la région
« Nous ne sommes pas contre la main-d'œuvre syrienne, mais nous avons le devoir de protéger les commerçants zghortiotes et libanais », affirme le président de l'Association des commerçants de Zghorta, Joud Soutou. « Il faut réglementer ces commerces et surveiller de près leur expansion », ajoute-t-il.
Pour M. Soutou, le problème réside dans le statut illégal de la plupart de ces gérants, et de leur commerce par conséquent. « Ces personnes-là sont en train de profiter du marché zghortiote et de la clientèle sans pour autant payer des impôts ou être affiliées à l'Association des commerçants de Zghorta », explique-t-il.
Le président de l'Association des commerçants de Zghorta assure qu'il collabore avec la municipalité de Zghorta-Ehden, le ministère du Travail ainsi qu'avec les commerçants zghortiotes pour mettre fin à la concurrence illégale. « Nous ne sommes pas contre le travail des Syriens tant qu'il est réglementé », insiste-t-il.
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commentaires (6)
Wâââïynâk yâ "l'enfant gâté", Ttônéééh ?!
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
16 h 54, le 09 février 2017