Rechercher
Rechercher

Liban - Environnement

Le ras-le-bol d’habitants de Zghorta face à la pollution de la rivière de Rachiine

Dans le caza de Zghorta, l'exécution d'un projet censé mettre à fin à la pollution de la rivière a été confiée à une société, mais les habitants demandent encore à voir du concret...

Les petits comme les grands ont leur mot à dire.

Ils étaient assez nombreux à braver le froid, par un temps glacial, aux bords de la rivière de Rachiine, dans le caza de Zghorta, pour protester contre la pollution dans leur région. Une cinquantaine d'habitants de Zghorta ont observé récemment un sit-in dans le secteur de Merdechiyé, répondant à l'appel de « Zghorta Ghadouna », une ONG née dans le sillage de la liste indépendante qui s'était présentée aux dernières élections municipales.

La rivière de Rachiine, qui passe par Merdechiyé et rejoint la source de Jouhit pour former le flux principal de la fameuse rivière Abou Ali à Tripoli, est touchée sur tout son parcours par la pollution. Les causes en sont nombreuses. Les eaux usées des villages situés de part et d'autre de la rivière sont déversées dans le cours d'eau et constituent sans doute la cause majeure de la pollution. À cela s'ajoutent, pour ne citer que quelques autres facteurs, les fermes – abritant nombre de vaches – présentes dans les alentours de la rivière ainsi que les usines d'extraction d'huile d'olive qui rejettent les résidus dans l'eau.
Le président de la municipalité de Zghorta-Ehden, César Bassim, avait, rappelons-le, assuré à L'Orient-Le Jour que « des travaux devaient être entamés à la mi-janvier pour la mise en place de tuyaux répondant aux critères sanitaires et reliés à la station d'épuration de la rivière Abou Ali qui a les capacités de traiter les eaux usées de la région ».

Les membres de l'ONG ainsi que les protestataires ont exprimé leur inquiétude pour l'environnement, pour la santé des habitants de la région, et pour le paysage. « Notre rivière est synonyme de vie, pas de mort », « Arrêtez la pollution de la rivière de Rachiine » et « Notre rivière agonise », pouvait-on lire sur des pancartes portées par les grands comme les petits.

 

En attendant des résultats concrets
« Le danger, de plus en plus grand, est imminent parce que ces eaux polluées véhiculent des microbes et des bactéries menaçant notre santé, s'infiltrent dans les nappes souterraines et arrosent les terrains cultivés », met en garde Antoine Yammine, membre de « Zghorta Ghadouna », donnant lecture d'un communiqué au nom de l'ONG précitée.
« Nous demandons aux autorités concernées comme aux autorités locales de mettre en place un plan bien précis qui serait annoncé au public en toute transparence, accompagné des dates et des délais de son exécution », poursuit-il.

Habitant dans les alentours de la rivière, Boutros Morcos Doueihy ne cache pas sa colère. « Nous ne pouvons pas aérer la maison, cela fait vingt ans que le problème persiste et que nos fenêtres sont closes jour et nuit, se plaint-il. Ce qui se passe à Merdechiyé, et le long de la rivière de Rachiine, est un crime en soi », martèle-t-il.
Toufic Souc n'est pas zghortiote et n'habite même pas dans la région. Mais le secrétaire général du « Green Party Lebanon » se sent concerné par toutes les crises environnementales qui frappent le pays, dans différentes régions. « Toutes les rivières du Liban, du Litani à Ghadir, à Abou Ali, sont gravement infectées. La rivière de Rachiine n'est apparemment pas l'exception à la règle », lance-t-il.

 

Au printemps, le problème sera résolu
La veille du sit-in, la municipalité de Zghorta-Ehden avait annoncé sur sa page Facebook que « l'exécution du projet de la mise en place des tuyaux a été confiée à une société appelée al-Moustapha pour la construction ». Selon M. Bassim, le projet concerne l'ensemble de la rive de Rachiine aboutissant jusqu'à la source de Jouhit.
« Le report du début des travaux est dû à l'intervention du ministère de l'Énergie, affirme M. Bassim. Lorsque nous avons fait cette promesse, c'était la municipalité, avec la Fédération des municipalités du caza de Zghorta, qui allait prendre en charge le projet. Mais lorsque le ministère a proposé d'exécuter ce même projet mais de plus grande ampleur, nous leur avons cédé la place, explique-t-il. Les travaux seront entamés au printemps, selon le ministère. »

« Notre devoir, en tant que municipalité, consistera à surveiller le bon déroulement du travail. Des ingénieurs et des spécialistes seront présents sur le terrain pour tout superviser », conclut le président de la municipalité.
Pour l'ingénieur civil et propriétaire d'un restaurant au bord de la rivière, Stéphane Doueihy, « le projet confié à la société en question doit être rendu public et un suivi, du point de vue technique, doit aller de pair avec les travaux exécutés ». Le jeune ingénieur est optimiste mais il n'est pas tout à fait rassuré. « Le travail doit être surveillé, les dates et les délais respectés, et la municipalité est responsable de connecter les eaux au canalisateur une fois celui-ci installé », a affirmé M. Doueihy.

 

Pour mémoire

À Zghorta, la rivière polluée menace la santé des habitants

Ils étaient assez nombreux à braver le froid, par un temps glacial, aux bords de la rivière de Rachiine, dans le caza de Zghorta, pour protester contre la pollution dans leur région. Une cinquantaine d'habitants de Zghorta ont observé récemment un sit-in dans le secteur de Merdechiyé, répondant à l'appel de « Zghorta Ghadouna », une ONG née dans le sillage de la liste indépendante...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut