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Liban - Environnement

À Zghorta, la rivière polluée menace la santé des habitants

Dans le caza nordiste, les villages sont victimes, mais aussi responsables de la situation.

Une vue de la rivière de Merdechiyé, jadis lieu de rencontre pour les Zghortiotes.

Il fut un temps où la région entourant la rivière de Merdechiyé à Zghorta grouillait de monde. La réalité est tout autre aujourd'hui. Depuis environ trois ans, l'eau de cette rivière qui fait toute la beauté du paysage est gravement polluée. Les propriétaires des restaurants donnant sur le cours d'eau sont, avec les habitants des villages du caza, les plus affectés par cette catastrophe environnementale, écologique et économique. Ils en sont aussi, d'une certaine manière, les responsables.
La rivière de Rachiine, qui passe par Merdechiyé et rejoint la source de Jouhit pour former le flux principal de la fameuse rivière Abou Ali à Tripoli, est touchée sur tout son parcours par la pollution. Les causes en sont nombreuses. « Les eaux usées des villages situés de part et d'autre de la rivière déversées dans le cours d'eau constituent sans doute le facteur essentiel de la pollution », précise Stéphane Doueihy, ingénieur civil et propriétaire d'un restaurant situé au bord de la rivière. Selon lui, il s'agit de quelques villages du caza de Denniyé, mais essentiellement d'un grand nombre de villages du caza de Zghorta : Zghorta, Rachiine, Ardé, Harf Ardé, Achache, Meriata, el-Kadriyé, Kfardlakous et Kfarhata.
« D'autres facteurs de pollution entrent en jeu, et ils ne sont pas moins dangereux que le déversement des eaux usées, affirme M. Doueihy. D'une part, des fermes de vaches sont installées près de la rivière alors que la région est classée zone touristique et, d'autre part, des propriétaires d'usines d'extraction d'huile d'olive rejettent les résidus du processus dans l'eau. Sans oublier les individus qui se débarrassent de leurs déchets solides dans la rivière. »
Pour Stéphane Doueihy, il ne s'agit pas là seulement d'une atteinte aux beaux paysages et à l'activité économique. « La santé des habitants est menacée par la pollution de ces eaux qui irriguent des milliers de mètres carrés de potagers et de cultures, dont les produits sont proposés à la vente sur les rayons des supermarchés de la région », souligne l'ingénieur zghortiote. « L'odeur, ainsi que les matières et les gaz qui se dégagent de l'eau polluée et des couches huileuses en surface ne sont pas un moindre danger », ajoute-t-il.

Une solution temporaire
L'ingénieur propose deux pistes pour résoudre ce problème. L'une est définitive et l'autre temporaire. « La solution idéale serait l'installation et l'activation de stations d'épuration pour l'ensemble du caza, mais elle exige l'existence préalable d'un réseau d'égout », explique-t-il. « Un tel projet nécessite énormément de fonds et sa mise en œuvre sera longue. Or nous n'avons pas le luxe de pouvoir attendre », insiste-t-il.
Stéphane Doueihy a donc proposé une solution temporaire consistant à créer une canalisation générale pour les eaux usées qui empêchera celles-ci de se répandre dans les eaux de la rivière. « Ce collecteur général canalisera les eaux usées dans un tuyau spécial qui les emmènera vers un des sites proposés pour la station d'épuration », dit-il. Cette solution cible exclusivement une partie de la rivière, celle de la région de Rachiine, Merdechiyé, Zghorta y compris.
« Nous travaillons à la mise en œuvre des conditions de réalisation de cette canalisation générale », assure à L'Orient-Le Jour le président de la municipalité de Zghorta, César Bassim. Selon lui, les tuyaux répondront aux critères sanitaires et déboucheront sur la station d'épuration de la rivière Abou Ali qui a les capacités de traiter les eaux usées de la région. « En collaboration avec le ministère de l'Énergie et de l'Eau, les travaux devront être entamés d'ici à un mois et demi », promet-il.

Il fut un temps où la région entourant la rivière de Merdechiyé à Zghorta grouillait de monde. La réalité est tout autre aujourd'hui. Depuis environ trois ans, l'eau de cette rivière qui fait toute la beauté du paysage est gravement polluée. Les propriétaires des restaurants donnant sur le cours d'eau sont, avec les habitants des villages du caza, les plus affectés par cette...

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