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Liban - Déchets

Le sort de la décharge de Costa Brava devrait être tranché aujourd’hui

Des équipements sonores ont été installés dans l'enceinte de l'aéroport pour en éloigner les oiseaux, mais rien n'est envisagé pour les émanations de gaz méthane.

C'est aujourd'hui, à midi, que la décharge de Costa Brava, près de l'aéroport international de Beyrouth, devrait normalement être de nouveau fermée, sur ordre du juge des référés de Baabda, Hassan Hamdan. Mais rien n'est moins sûr. La querelle autour de l'opportunité du maintien ou de la condamnation du site bat toujours son plein entre les partisans et les détracteurs du projet mis en place par le gouvernement, comme solution plus ou moins durable à la crise des déchets.

Depuis que la prolifération de plusieurs types d'oiseaux près de l'AIB a commencé à présenter un risque sérieux à l'Aviation civile, la décharge avait été fermée une première fois le 11 janvier sur ordre du juge Hamdan, avant que ce dernier ne décide, quelques jours plus tard, sa réouverture temporaire jusqu'au mardi 24 janvier, soit aujourd'hui, en attendant qu'une solution durable au problème soit trouvée. Entre-temps, des équipements censés effaroucher les oiseaux et les éloigner du périmètre de l'aéroport ont été installés. « Des appareils ultramodernes acquis auprès d'une compagnie américaine ont été plantés dans l'enceinte de l'aéroport pour éloigner les oiseaux », confie le ministre de l'Environnement, Tarek el-Khatib, à L'Orient-Le Jour, en précisant que les sons et les fréquences qu'ils diffusent changent régulièrement pour éviter que les oiseaux ne s'y habituent. Ce matériel est adopté dans la plupart des aéroports du monde, poursuit-il, avant d'expliquer que les humains ne doivent pas s'en approcher, sinon ils risquent la surdité. Une distance de 70 mètres doit être respectée.

Selon les explications de M. Khatib, le nombre d'oiseaux dans le périmètre de l'AIB a déjà baissé et la direction de l'Aviation civile, dont des représentants étaient présents à la réunion qui s'est tenue avec les délégués de la compagnie américaine, était satisfaite du résultat.

 

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Parallèlement, les municipalités qui déversent leurs détritus à Costa Brava mettent tout leur poids dans la balance pour que le site reste ouvert. Près de 35 municipalités doivent présenter aujourd'hui au magistrat un mémorandum dans lequel elles exposent les motifs de leur opposition à la fermeture de la décharge et expliquent que les raisons avancées pour en justifier la condamnation ne tiennent pas. « On parle des volatiles, mais les oiseaux existent dans le périmètre de tous les aéroports au monde », commente le président de la municipalité de Haret Hreik, Ziad Waked. « Dans tous les pays du monde, une des premières règles de sécurité appliquée consiste à interdire les décharges près des aéroports », martèle Imad el-Kadi, avocat et membre du Mouvement écologique libanais.

Aussi bien le ministre de l'Environnement que le président de la municipalité de Haret Hreik pensent qu'il n'est pas certain que le juge Hamdan maintienne sa décision de fermer la décharge au vu des nouvelles données qui lui ont été présentées.

Mais si le problème des oiseaux est en passe d'être réglé, partiellement ou totalement, qu'en est-il de celui du gaz méthane que dégagent les ordures ménagères ? Les émanations de méthane restent pour le moment limitées, mais qu'en sera-t-il dans quelques années ? Dans un article de décembre 2015 sur le mystère du triangle des Bermudes (http://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/mers-et-oceans/le-mystere-du-triangle-des-bermudes-explique-par-les-bulles-de-methane_102477), le site électronique de Sciences et avenir évoque l'éventualité que la disparition d'avions et de bateaux dans cette zone soit liée à l'explosion de poches de gaz méthane et relève que « la présence d'une forte concentration de méthane dans l'air pourrait également entraîner des turbulences atmosphériques et donc des difficultés de navigation pour les avions malchanceux ».

Toutes proportions gardées, il n'est pas possible de ne pas évoquer cette problématique. Pour Imad Kadi, il est indéniable que la présence de gaz méthane près d'un aéroport présente un danger certain. « Dès le départ, j'ai averti que l'aéroport fermera la décharge de Costa Brava ou vice versa. Les émanations de gaz méthane sont de loin plus dangereuses que les oiseaux », a averti l'avocat, en expliquant que normalement des matières organiques ne doivent pas être entreposées dans une décharge à cause des gaz qu'elles émettent. « Et si dans certains cas, on les stocke dans ces sites, c'est dans le but de produire de l'énergie, ce qui n'est pas le cas à Costa Brava », a-t-il expliqué à L'Orient-Le Jour.

 

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Selon Imad Kadi, il faut compter autour de huit mois pour que les émanations de gaz méthane commencent, or dans le cas de l'aéroport de Beyrouth, elles ont commencé en 2015, lorsque les municipalités de la région se sont mises à jeter les déchets qu'elles ramassaient dans des terrains vagues autour de l'AIB. On rappelle à ce propos que le ministre des Transports à l'époque, Ghazi Zeaïter, avait dû intervenir pour interdire que les immondices ne soient jetées autour de l'enceinte de l'aéroport, sur des terrains appartenant au ministère. Ce gaz, a poursuivi l'avocat, peut altérer la pression atmosphérique et affecter ainsi l'équilibre des avions au vol et à l'atterrissage.

Dans les deux cas d'une fermeture ou d'un maintien de la décharge, un problème se pose. Si jamais la Costa Brava est fermée, « les routes seront en trois jours noyées sous les détritus », a averti Ziad Waked, qui ne voit pas d'autre solution, du moins à court terme, à la crise des déchets. Si elle est rouverte, c'est la sécurité de l'aéroport qui sera menacée, a assuré Imad Kadi. « Et non seulement à cause des oiseaux », a-t-il mis en garde.

 

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