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Perles noires sur canapé

Les ventes de Tiffany's, sur Fifth Avenue à New York, ont substantiellement baissé durant les fêtes de fin d'année. La raison en est tout simplement l'afflux record de visiteurs à la Trump Tower voisine, où le président élu des États-Unis a établi ses quartiers, ce qui a eu pour effet de décourager nombre de clients potentiels de cette célébrissime joaillerie, vedette du film Diamants sur canapé. On n'ira pas trop s'émouvoir de ce singulier cas de dommage collatéral dû au triomphe de l'excentrique milliardaire. Hors de très rares exceptions – la russe et l'israélienne essentiellement –, c'est plutôt le reste de la planète qui tremble, tant en effet l'avènement de Donald Trump vient aggraver le désordre établi.


À tout seigneur tout honneur : davantage encore que le voisin mexicain, c'est le géant chinois, premier négociant mondial, qui est visiblement visé par les mesures protectionnistes qu'entend décréter celui qui sera, dans 48 heures, le nouveau maître de la Maison-Blanche. S'exprimant hier devant le gratin économique réuni à la conférence de Davos, c'est, dès lors, une sérieuse mise en garde qu'a lancée le président Xi Jinping en affirmant que nul ne peut sortir vainqueur des guerres commerciales à venir, si venaient à être résiliés les accords de libre-échange.


Les dernières déclarations de Trump ne sont guère faites, par ailleurs, pour apaiser les appréhensions du Vieux Continent. Épinglée par l'Américain, Angela Merkel dédaigne la polémique, se bornant à affirmer que les Européens ont leur destin en main. Décorant de la Légion d'honneur l'ambassadrice des États-Unis à Paris, François Hollande souligne, en revanche, que la France n'a pas besoin de conseils extérieurs pour lui dire ce qu'elle a à faire ; c'est même le président français qui engage l'Oncle Sam à ne pas avoir peur de lui-même et du monde. Le fait demeure néanmoins que l'Europe risque bel et bien de se retrouver en position d'extrême faiblesse face à l'Ours russe, maintenant que l'OTAN est devenue obsolète aux yeux – et aux dires ! – du membre le plus puissant de cette vaste alliance militaire occidentale.


Sans même en venir aux risques de confrontation armée, une éventuelle déliquescence du bouclier atlantique serait particulièrement préoccupante pour les États d'Europe centrale. Les lois implacables de la géopolitique ont longtemps fait de ceux-ci des satellites de Moscou, et Vladimir Poutine, voué à restaurer la Russie dans toute sa grandeur, ne s'en souvient que trop. Relativement épargnés, même les États baltes n'échappent pas aux affres de l'incertitude.


Dans notre partie du monde, enfin, le tableau n'est guère plus prometteur. Par avance, le président Hassan Rohani se refuse à toute renégociation de l'accord sur le nucléaire iranien, contre lequel s'est vivement prononcé Trump. Mais surtout, le président élu des États-Unis n'a pas fini d'afficher son parti pris pour l'État hébreu, dans le même temps qu'il rêve de réaliser le miracle d'une paix israélo-palestinienne. Pour cela, il compte sur les présumés (mais jamais testés) talents de diplomate de son gendre, Jared Kushner, lequel, assure-t-il, saura bien trouver un accord avec Benjamin Netanyahu ; des partenaires palestiniens Trump ne souffle mot. Et c'est peut-être mieux, quand on pense à toutes les outrances qu'il serait capable de proférer à leur encontre, lui qui estime qu'on leur a déjà trop donné avec la récente résolution de l'ONU condamnant la colonisation dans les territoires occupés.

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

Les ventes de Tiffany's, sur Fifth Avenue à New York, ont substantiellement baissé durant les fêtes de fin d'année. La raison en est tout simplement l'afflux record de visiteurs à la Trump Tower voisine, où le président élu des États-Unis a établi ses quartiers, ce qui a eu pour effet de décourager nombre de clients potentiels de cette célébrissime joaillerie, vedette du film...