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Pas drôles d’oiseaux

Il n'est pas besoin d'être ornithologue pour savoir que la gent ailée n'est pas toujours d'un abord facile. De ces volatiles souvent gracieux, Alfred Hitchcock a même fait, dans un de ses films, de féroces tueurs en bande.


Il est encore moins besoin d'être une lumière pour se douter que les déchets ménagers, abandonnés sans le moindre traitement à l'air libre, attirent forcément les récupérateurs de toutes espèces. Et qu'une aussi claire invitation au banquet relève de la folie quand elle est organisée aux abords directs d'un aéroport : étant bien connu que les réacteurs des avions digèrent si mal la volaille que l'affaire peut tourner à la catastrophe pour les passagers. C'est précisément ce qui, à maintes reprises, a failli se produire ces derniers jours ; d'où l'actuel branle-bas des responsables qui se répandent en palliatifs sans se décider toutefois à s'attaquer à la source du mal.


Flagrante pourtant est celle-ci ; elle porte le nom désormais célèbre de Costa Brava, qui par deux fois aura été de mauvais augure pour la sécurité aérienne. Édifié à proximité des pistes, dans l'axe des pistes, ce complexe touristique de plusieurs étages avait été fort opportunément rasé au sol alors que de nombreuses constructions illégales surgies à la lisière même du tarmac étaient épargnées par le bulldozer. En dépit des mises en garde angoissées des pilotes et des organisations civiles, c'est en dépotoir d'ordures que le site de Costa Brava poursuivait, il y a quelques mois, sa triste carrière : résultat d'un laborieux compromis entre les groupes politico-financiers qui se disputent depuis bientôt deux ans le nauséabond marché de la collecte des déchets ménagers. Logées, nourries, quelle fabuleuse aubaine pour les mouettes !


Ce ne sont pas là, bien entendu, les seuls redoutables parasites qui hantent les lieux. À l'aéroport comme au port de Beyrouth, ces deux poumons du pays, prospèrent notoirement, sous bonne protection, passe-droits douaniers, contrebande et trafics de toute sorte. Or dans cette affaire, ce ne sont plus seulement les finances de l'État qui sont pillées, ce n'est plus la santé des citoyens qui est menacée par les miasmes s'échappant des décharges, c'est désormais leur sécurité physique qui est en jeu. Et que fait-on pour y remédier ? On se propose de faire bouh aux mouettes de l'AIB à l'aide de pétards électroniques et autres gadgets, alors que la seule solution sensée consiste à supprimer le nid que l'on a littéralement aménagé pour le plus grand confort des dangereux oiseaux.


De cette mauvaise histoire d'oiseaux, on tirera l'atterrante conclusion qu'à l'affairisme politique s'ajoute une nouvelle plaie, à savoir l'incompétence la plus crasse des responsables. Il y avait déjà les vautours ; comptez désormais aussi avec les triples buses.


Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

Il n'est pas besoin d'être ornithologue pour savoir que la gent ailée n'est pas toujours d'un abord facile. De ces volatiles souvent gracieux, Alfred Hitchcock a même fait, dans un de ses films, de féroces tueurs en bande.
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