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Liban - Décryptage

Aoun en Arabie, une visite et plusieurs messages

Après la visite en Arabie saoudite et au Qatar, le président du Liban peut désormais se rendre dans toutes les capitales du monde. C'est par cette réflexion qu'une personnalité politique du 8 Mars commente le voyage de quatre jours du président Michel Aoun à Riyad et à Doha. Selon cette personnalité, ce voyage était le plus compliqué en raison du contentieux existant entre le Liban et ces deux pays, suite à la crise syrienne et à la participation du Hezbollah aux combats en Syrie contre les factions de l'opposition appuyées par Riyad et Doha.

Il faut préciser qu'après l'élection présidentielle le 31 octobre 2016, les voyages du président ont commencé à être évoqués et il y a eu des discussions dans les coulisses du palais de Baabda sur la première destination présidentielle. Certains avaient suggéré que le chef de l'État fraîchement élu se rende d'abord au Vatican, étant donné qu'il est le seul président chrétien dans la région du Moyen-Orient, alors que les membres de cette communauté sont la cible d'attaques répétées dans plusieurs pays. Les défenseurs de cette thèse pensaient que si le président élu après deux ans et demi de vacance à la tête de l'État se rend au Vatican dans sa première visite à l'étranger, ce serait un message fort pour les chrétiens de la région, d'autant que le Vatican n'a cessé d'œuvrer en faveur de l'élection présidentielle au Liban.

D'autres ont plutôt estimé que la première visite à l'étranger devrait se faire en Égypte, d'autant que le ministre égyptien des Affaires étrangères a été le premier responsable arabe à venir à Beyrouth pour inviter officiellement le chef de l'État. De plus, Le Caire reste une capitale-clé dans cette région, elle abrite le siège de la Ligue arabe et elle a, à maintes reprises, exprimé sa solidarité avec le Liban. D'autres encore ont proposé la France comme première destination étrangère du président, selon une certaine tradition.

Toutes ces possibilités ont été étudiées, mais le président Michel Aoun a décidé de se rendre en premier à Riyad et à Doha, choisissant sciemment les capitales avec lesquelles la relation était la plus complexe et qui ont longtemps été hostiles à son élection à la tête de l'État. Selon ceux qui le connaissent, la priorité pour lui était de consolider la paix interne, et sur cette base, la visite à Riyad et à Doha ne peut qu'avoir des effets considérables sur le nouveau climat d'entente qui règne dans le pays depuis l'élection présidentielle. Dans une démarche qui lui est particulière, le président Aoun a donc choisi de s'attaquer d'emblée à la mission la plus délicate, dans un souci d'apaiser la rue sunnite et d'aider son nouveau partenaire au sein du pouvoir, le Premier ministre Saad Hariri. D'ailleurs, depuis son élection (et même avant), le principal souci de Michel Aoun était de délivrer des messages d'ouverture à l'égard de l'Arabie saoudite, dont les dirigeants avaient à plusieurs reprises exprimé leurs préférences pour d'autres candidats présidentiels. C'est bien l'Arabie qui avait provoqué la crise diplomatique avec le Liban dans le cadre d'une réunion de la Ligue arabe et qui avait entraîné dans son sillage les autres pays du Golfe, qui ont soudainement décidé d'interdire à leurs ressortissants de se rendre à Beyrouth. Or, traditionnellement, l'Arabie est considérée comme la protectrice des sunnites au Liban et dans la région, au même titre que la République islamique d'Iran pour les chiites et même, à un moment donné, la France pour les chrétiens.

Le réalisme politique et le sens de l'intérêt national ont donc poussé le chef de l'État à se rendre en premier à Riyad et à Doha. Il s'agissait donc d'aborder les relations étrangères du nouveau mandat par les dossiers les plus délicats. Par la voix de leur ministre des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, les Saoudiens ont d'ailleurs apprécié le fait que le président ait choisi Riyad comme première destination hors du Liban. Pour eux, cette décision est la concrétisation des « relations particulières » existant entre les deux pays et montre une volonté claire de la part du président de les renforcer.

De plus, le roi Salmane a donné ses instructions pour pousser les ressortissants du Golfe à ne plus bouder le Liban et dans le contexte économique actuel, cette décision est un message d'espoir et de confiance. Enfin, cette visite a aussi rassuré les Libanais installés en Arabie pour y gagner leur vie. Ces Libanais seraient entre 200 000 et 250 000, et pendant les mois de crise entre les deux pays, ils ont vécu dans une sorte de tension, craignant à tout moment de faire les frais d'une décision d'extradition, comme ce fut le cas pour certains Libanais aux Émirats arabes unis. Ainsi, l'assainissement des relations entre Beyrouth et Riyad profite donc aux deux parties dans les deux sens et il ne peut qu'avoir des retombées positives pour les deux pays.

Beaucoup de choses ont été dites sur cette visite et ses résultats. Mais elle a déjà porté ses fruits. D'abord au niveau de l'apaisement du climat interne, puisqu'elle a rassuré la rue sunnite qui a, à un moment donné, considéré que l'élection du général Aoun était dirigée contre elle. Elle a aussi renforcé la position du Premier ministre en lui permettant d'être plus à l'aise dans ses relations avec le président. Ensuite, elle a permis une normalisation des échanges humains et commerciaux entre le Liban et l'Arabie et elle a eu un effet positif pour les Libanais installés en Arabie.

Quant aux dossiers complexes, ils sont restés en suspens, comme le don de trois milliards de dollars à l'armée libanaise qui n'est plus une priorité pour Riyad en raison de la guerre coûteuse menée au Yémen. De même, le rôle du Hezbollah en Syrie n'a pas été évoqué en profondeur, le président libanais ayant préféré se concentrer sur les intérêts communs aux deux pays, comme la lutte contre le terrorisme. Il a aussi estimé que cette participation fait désormais partie d'un problème régional qui dépasse le Liban. Certains s'empresseront de voir dans cette approche le début d'un conflit avec le Hezbollah. Mais ils se trompent, car pour Michel Aoun, il s'agit d'apaiser l'intérieur libanais, non de provoquer de nouvelles tensions. Et comme il l'a dit souvent lui-même, un accord avec une partie ne signifie pas un conflit avec une autre.

 

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commentaires (6)

La première visite à l'étranger du président était en France selon une "certaine" tradition... Non, elle l'était selon "la" tradition car c'est la France qui avait créé le Liban actuel en 1920. La première visite à l'étranger du président Michel Aoun devrait être en France, car c'est le pays qui l'avait accueilli é bras ouverts durant quinze ans.

Un Libanais

12 h 19, le 13 janvier 2017

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Commentaires (6)

  • La première visite à l'étranger du président était en France selon une "certaine" tradition... Non, elle l'était selon "la" tradition car c'est la France qui avait créé le Liban actuel en 1920. La première visite à l'étranger du président Michel Aoun devrait être en France, car c'est le pays qui l'avait accueilli é bras ouverts durant quinze ans.

    Un Libanais

    12 h 19, le 13 janvier 2017

  • Ce qui réjouit les niais , c'est que le Phare Aoun ait été en bensaoudie en 1er . Bien . Ce qui réjouit ceux qui ne se laissent pas berner , c'est que cette visite se fait comme quand on veut caresser son chien , c'est à dire dans le sens du poil . L'intelligence de cet axe de la résistance dont fait et fera toujours partie le Phare Aoun , c'est qu'à chaque bête son toilettage , oh !! n'ouvrez pas de grands yeux , la bête iranienne sera aussi caressée de façon appropriée à ce que nous puissions toujours jouir de sa protection militaire et résistante . Les russes , les français , les amerlocks etc... aussi auront droit à des toilettages sur mesure .. LE LIBAN EST LIBRE, FORT ET FIER DE L'ÊTRE ENFIN .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 17, le 13 janvier 2017

  • Encenser l' "incensable" est une particularité très Scarlettienne..!

    Pierre Hadjigeorgiou

    11 h 48, le 13 janvier 2017

  • Que veut-on de plus qu'un Liban qui avance tranquillement?

    NAUFAL SORAYA

    07 h 48, le 13 janvier 2017

  • LORSQU,UN PEINTRE NE SAIT PAS COMMENT PEINDRE UN TABLEAU A SA PROPRE FACON IL REPAND PELE-MELE LES COULEURS SUR LE CANVAS DU TABLEAU...

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    07 h 16, le 13 janvier 2017

  • Propagande quand tu nous tiens !!!

    Bery tus

    06 h 32, le 13 janvier 2017

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