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Culture - Musique

Le temple mondial du vinyle de musique électronique est libanais

Créé en 1992 dans le quartier de la Bastille à Paris, Techno Import a résisté à toutes les révolutions commerciales. Et il continue, contre iTunes et piratage, de proposer les meilleurs vinyles de musique électronique aux meilleurs DJ mondiaux. Son propriétaire est d'origine libanaise.

Techno Import, un temple du vinyle qui résiste à l’ère du tout numérique. Photo DR

Avant d'être le repaire postbobo qu'il est devenu, le quartier de la Bastille dans l'est de Paris était un quartier populaire, anciennement dangereux, peuplé d'artisans, d'ateliers, et d'une population jeune et ouverte d'esprit. C'était un vivier créatif, une ruche moderne, un quartier en plein boom. Radio Nova et Nova Magazine y avaient leur quartier général, le magazine Technikart sa rédaction et Kenzo son hôtel très, très particulier. On y déjeunait au café de l'Industrie, on y prenait un café à La Fontaine avec l'éternel dandy rock Patrick Eudeline et on y entendait les premiers beats techno, sortis tout droit de magasins aux devantures aussi pauvres que la richesse qui se trouvait à l'intérieur. C'est là-bas que la street culture parisienne se développait. Et c'est donc là-bas que se trouvaient la plupart des magasins de musique électronique.

En 1992, la Techno était naissante, elle n'avait pas encore accouché de la French Touch et des mastodontes Daft Punk ; David Guetta était encore un DJ de soirées très cuir et Laurent Garnier travaillait plus à Manchester qu'en France. Dans un rayon de 50 mètres, entre la rue Keller et la rue des Taillandiers, on trouvait trois des meilleurs magasins de vinyles (et CD) : Rough Trade, BPM et Techno Import.
Ce dernier, dont le patronyme est sublimement explicite, est le bébé de Mazen Boutari. Le prénom ne trompe pas, Mazen est né à Beyrouth de parents libanais, en 1970. Ils émigrent tous à Paris en 1975 et ne remettront jamais les pieds à Beyrouth. Le fils est de la génération techno, celle qui connaîtra les fêtes les plus folles et qui vivra la dernière révolution musicale avec la musique électronique. Et il a décidé de la vivre en tant qu'acteur et non pas en tant que danseur. DJ dès 1991, il monte un petit business de revente de vinyles qu'il va acheter en Hollande et en Belgique pour les revendre à Paris, le sens du commerce libanais sans doute.

 

(Lire aussi : Le tourne-disque fait son grand retour)

 

Gabber et trance goa
Le business étant dynamique, il ouvre Techno Import avec l'aide d'un de ses trois frères et son rottweiler, Minas. Il y a alors à Paris une vingtaine de disquaires spécialisés. Tous vont fermer ou déménager au fil des années, sauf lui. La recette de la longévité, Mazen Boutari ne la connaît pas, si ce n'est qu'il a toujours proposé les meilleurs disques, a de très bons prix, qu'il a su répondre à la menace iTunes en ouvrant un site de vente online il y a 3 ans, qu'il a su diversifier son offre en proposant du matériel en plus des disques, et qu'il a toujours tenu à offrir à sa clientèle la gamme la plus large des genres de la musique électronique. On croise, rue des Taillandiers, aussi bien les fans de micro house que les rares amateurs de gabber ou les vieux chevelus de la trance goa. Et surtout, il a toujours eu les visites des plus grands DJ mondiaux, de Laurent Garnier à Jeff Mills, en passant par David Guetta et DJ Deep, et même la nouvelle génération vinyle 2.0, dont le fer de lance est Lazare Hoche, lui aussi d'origine libanaise.

Aujourd'hui, Techno Import écoule plusieurs milliers de vinyles par mois, neufs et d'occasion, moitié sur Internet et moitié en magasin. Mais la vraie recette du succès de ce temple du vinyle, ce sont sûrement ces qualités typiquement libanaises dont Mazen Boutari ne doit même pas avoir conscience mais qui rendent l'expérience unique. Cette patience phénoménale et bonhomme qu'il peut avoir avec de jeunes clients qui ont l'âge de sa fille et qui sont très excités à l'heure du déjeuner et cet amour du « kahwé », qu'il enquille et partage sans sourciller toutes les 20 minutes.

*www.techno-import.fr

 

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commentaires (1)

Mabrouk pour le Liban...le libanais ou il se touve brille pas dans son pays ??????

Soeur Yvette

16 h 37, le 04 janvier 2017

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Commentaires (1)

  • Mabrouk pour le Liban...le libanais ou il se touve brille pas dans son pays ??????

    Soeur Yvette

    16 h 37, le 04 janvier 2017

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