Rechercher
Rechercher

Économie - Éclairage

Dénigrée ou vénérée, l’œuvre de l’économiste Keynes entre dans le domaine public

Lord John Maynard Keynes (debout) s’exprime lors de la conférence de Bretton Woods, en juillet 1944. Archives AFP

Dénigrée par les néolibéraux, vénérée par les économistes qui prônent l'interventionnisme de l'État : l'œuvre de l'économiste John Maynard Keynes (1883-1946) entre le 1er janvier dans le domaine public et suscite toujours autant de débats.
« Pour Keynes, l'économie doit être mise sur le siège arrière de la voiture », affirme à l'AFP Henri Trubert, PDG des éditions Les Liens qui libèrent, qui publient le 11 janvier La lettre à mes petits-enfants, un court ouvrage de l'économiste britannique. « Or, depuis 25 à 30 ans, l'économie a pris le volant. Aujourd'hui, elle gouverne et toute décision politique est prise en fonction de l'économie et des théories économiques », regrette l'éditeur, convaincu du « bien fou » que procure encore aujourd'hui la lecture de l'œuvre de Keynes.
Plus de huit ans après le début de la crise, ses idées suscitent encore des débats enflammés entre économistes de la relance de la croissance par la dépense publique à l'État providence, ou encore le contrôle des flux des capitaux ou ses réticences face à la mondialisation financière.
Keynes, réputé à tort d'avoir été l'instigateur du New Deal aux États-Unis, lancé avant la publication en 1936 de son œuvre majeure La théorie générale, ne jugeait pas la finance comme son ennemie, mais il appelait à s'en méfier fortement. « Du point de vue de la pensée, avec cette vision d'un régime du capitalisme qui n'est plus celui du laisser-faire, il a été extraordinairement anticipateur et puissant dans son analyse », explique à l'AFP André Orléan, directeur d'études à l'Ehess, qui signe la préface de la Lettre à mes petits-enfants.
Des principes pourtant battus en brèche par le triomphe du néolibéralisme dans les années 80 avec l'arrivée au pouvoir de Ronald Reagan aux États-Unis et de Margaret Thatcher en Grande-Bretagne, au point que Keynes est devenu presque un gros mot pour les économistes qui prônent l'autorégulation des marchés. « L'idée de l'ajustement par les marchés est alors revenue en force et sa vision du régime capitaliste est devenue tout à fait dénigrée », reconnaît M. Orléan.

Réduction du temps de travail
Mais ses idées vont plus loin que les remèdes de sortie de crise. Dans sa Lettre à ses petits-enfants, ouvrage publié en 1930 après le krach de Wall Street, au moment où le monde plongeait dans la Grande Dépression, il évoquait déjà la diminution du temps de travail ou le défi de l'automatisation. « Dans son esprit, le travail allait devenir inutile, parce que les besoins seraient satisfaits par un système hyperproductif », précise M. Orléan. Dans sa lettre, il évoquait même des journées de 3 heures.
« Quand l'accumulation de richesses n'aura plus grande importance pour la société, d'importants changements se produiront dans notre code éthique », écrivait-il. Keynes se disait convaincu que le capitalisme arriverait à sa fin, qu'il n'était qu'une période de transition dans l'histoire, et il se plaignait constamment des « fausses valeurs » portées par ce système comme « l'amour de l'argent pour l'argent », qu'il qualifiait de « morbide », « répugnant » et « exécrable ».
Mais il a aussi lancé un avertissement : « Pour lui, le fait d'avoir moins de durée de travail n'est pas immédiatement un bien. L'humanité nécessite un temps d'adaptation au loisir », affirme M. Orléan. Keynes apparaît ainsi comme un épicurien, prenant ses distances avec l'économie, lui qui a pourtant apporté une contribution décisive aux accords de Bretton Woods en 1944, ceux qui ont jeté les bases du système financier mondial actuel.
« Quand on lit Keynes, on se dit qu'il est beaucoup plus novateur que les théories économiques ou les économistes d'aujourd'hui. Au moins lui, il pensait avenir », souligne M. Trubert. « Les autres sont fixés sur le présent. Il faut plus de croissance, il faut plus d'emplois, plus de travail. Ils sont restés dans cette croyance qui est complètement fantasmée », regrette l'éditeur.
Mais Keynes a commis une « erreur majeure » dans sa lettre. « Il y a un aspect qui lui échappe : l'idée que le capitalisme finirait par disparaître parce qu'il aurait satisfait les besoins des populations », pointe M. Orléan. Or le capitalisme a subsisté en imposant de nouveaux besoins, comme la téléphonie mobile.

Antonio RODRIGUEZ/AFP

Dénigrée par les néolibéraux, vénérée par les économistes qui prônent l'interventionnisme de l'État : l'œuvre de l'économiste John Maynard Keynes (1883-1946) entre le 1er janvier dans le domaine public et suscite toujours autant de débats.« Pour Keynes, l'économie doit être mise sur le siège arrière de la voiture », affirme à l'AFP Henri Trubert, PDG des éditions Les Liens...

commentaires (1)

Parler d'une journee de travail de trois heures est ridicule pour la simple raison que le monde entier est solidaire.Si, meme en Suede, le developpement economique arrivait a justifier une journee de trois heures de travail, deux problemes majeurs resteraient a resoudre.Premier probleme:Que feraiengt les Suedois durant les cinq heures restantes de la journee de travail? Deuxieme probleme:Comment ces Suedois pourraient ils empecher les Nigeriens qui proliferent au rythme compose de trois pour cent, ou presentement six cent cinquante nouveaux-nes CHAQUE HEURE, de refluer vers la Suede s'ils sont incapables de survivre dans leur propre pays?Les Suedois seraient obliges de continuer a travailler pour aider les Nigeriens. CQFD

George Sabat

09 h 17, le 01 janvier 2017

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Parler d'une journee de travail de trois heures est ridicule pour la simple raison que le monde entier est solidaire.Si, meme en Suede, le developpement economique arrivait a justifier une journee de trois heures de travail, deux problemes majeurs resteraient a resoudre.Premier probleme:Que feraiengt les Suedois durant les cinq heures restantes de la journee de travail? Deuxieme probleme:Comment ces Suedois pourraient ils empecher les Nigeriens qui proliferent au rythme compose de trois pour cent, ou presentement six cent cinquante nouveaux-nes CHAQUE HEURE, de refluer vers la Suede s'ils sont incapables de survivre dans leur propre pays?Les Suedois seraient obliges de continuer a travailler pour aider les Nigeriens. CQFD

    George Sabat

    09 h 17, le 01 janvier 2017

Retour en haut