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Liban - Interview express

« Un travail de structuration de ce ministère m’attend, c’est ma spécialité »

Trois questions à Jean Oghassabian, ministre d'État aux Droits de la femme.

Jean Oghassabian.

Le gouvernement de trente présidé par Saad Hariri compte une seule femme qui fait partie de la quote-part du président du Parlement et leader d'Amal Nabih Berry. Il s'agit d'Inaya Ezzeddine, médecin bardée de diplômes et mère de famille, qui a été chargée du ministère d'État au Développement administratif. À la tête du ministère d'État aux Droits de la femme, un homme : Jean Oghassabian, officier de l'armée à la retraite, député de Beyrouth et ancien ministre.
Avec la mauvaise représentation de la femme au sein du gouvernement, ainsi que le portefeuille des Droits des femmes confié à un homme, les organisations féminines n'ont pas manqué d'exprimer leur colère alors que les réseaux sociaux se sont enflammés depuis la formation du gouvernement.
Le ministre Jean Oghassabian répond à ce sujet aux questions de « L'Orient-Le Jour ».

 

Comment répondez-vous au tollé qu'a suscité le fait que ce ministère soit accordé à un homme et non pas une femme ?
J'ai l'honneur d'être ministre d'État aux Droits de la femme. Si l'on m'avait laissé le choix, j'aurais volontiers opté pour ce ministère en particulier parce qu'il constitue, pour moi, un grand défi.
Premièrement, les femmes au Liban représentent plus que la moitié de la société. En plus, elles luttent et mènent des combats depuis très longtemps pour obtenir leurs droits et arriver au stade de l'égalité avec les hommes, dans une société patriarcale. Je suis capable de poursuivre ce chemin avec elles jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'on arrive à ce que les femmes au Liban aient tous leurs droits.
Ce ministère a été nouvellement conçu et je suis donc le premier à occuper ce poste. Par conséquent, un travail de fondation et de structuration m'attend. Vu que la structuration des institutions est ma spécialité, je mise énormément sur mon expérience afin de construire une institution dont la continuation serait garantie.
Quant au fait qu'un homme occupe ce poste et non pas une femme, il faut noter avant tout que le statut de la femme au Liban ne concerne pas que la femme. La société, dans toutes ses composantes, doit œuvrer pour l'égalité des femmes avec les hommes. Dans ce sens-là, l'homme est aussi responsable que la femme.
Toutefois, je comprends les réactions à ce sujet. Nous vivons finalement dans un pays démocratique où la liberté d'expression doit être respectée.

 

Comment évaluez-vous la situation de la femme au Liban actuellement ? Et comment comptez-vous l'améliorer ?
Il est encore tôt pour que je me prononce sur cette affaire. Avec l'équipe qui sera formée, j'étudierai les dossiers nécessaires. Mais en gros, il existe toujours des lois en vigueur qui portent atteinte à la dignité de la femme et qui la différencient des autres citoyens libanais, à savoir les hommes.
Ces lois nécessitent une réforme et certaines exigent une abolition. Je ne rentrerai pas dans les détails pour le moment parce que le brouillon déjà préparé doit être longuement et profondément discuté avec les associations et les organismes concernés par les droits de la femme au Liban. Nous comptons nous réunir avec tous ceux et celles concernés par cette affaire. Nous les écouterons, nous échangerons avec eux pour que le travail ne soit pas mené d'une seul part.
Pour ce qui est du travail du ministre et du ministère, il faudrait attendre l'écoulement des six prochains mois pour juger notre productivité et notre efficacité. A-t-on proposé au Parlement des projets de loi ? A-t-on réussi à construire des ponts et des liens avec les organismes internationaux ? Est-on parvenu à placer le Liban sur la scène locale et internationale concernant la lutte pour les droits de la femme ? Il faut que le public attende avant qu'il puisse répondre à toutes ces questions.

 

Quel est votre plan et quels sont les ressources et le budget du ministère d'État aux Droits de la femme ?
Le plan est encore à discuter. Ma priorité est de construire ce ministère parce qu'il est nouveau et que je ne viens pas diriger un organisme déjà existant. Il s'agit d'instaurer la bonne structure, les bons employés et experts, de créer un site Web et autres tâches. Ce travail ira de pair avec la préparation des projets.
Chaque ministre d'État respecte les lois qui gèrent son travail et sa mission. Un ministère d'État n'a pas de budget spécial, comme les autres ministères. Son budget fait partie soit du budget du Premier ministre, soit des organismes donateurs.
Finalement, j'aurais bien aimé qu'il y ait plus de ministres femmes au sein du gouvernement. Mais la mentalité répandue est patriarcale et il faut du temps pour qu'un vrai changement se manifeste sur ce plan.

 

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commentaires (1)

Bonne chance, Monsieur Oghassabian, comme vous le dites, après tout, les droits de la femme peuvent aussi bien être défendus par un homme... Vous aurez d'autant plus de mérite de mener à bien votre tâche...

NAUFAL SORAYA

07 h 38, le 22 décembre 2016

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Commentaires (1)

  • Bonne chance, Monsieur Oghassabian, comme vous le dites, après tout, les droits de la femme peuvent aussi bien être défendus par un homme... Vous aurez d'autant plus de mérite de mener à bien votre tâche...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 38, le 22 décembre 2016

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