Ce n'est plus une tendance, ou un glissement progressif. C'est une nouvelle réalité. Le monde régresse à une vitesse insensée, que ce soit à cause des vicissitudes de la globalisation, de la tribalisation des esprits, ou de la résurrection de l'hyperreligieux. Ce monde qui est encore le nôtre s'obscurcit, se recroqueville dans ses phobies (de la lumière, de l'autre...) et se calfeutre dans une barbarie (et une revendication et une banalisation de cette barbarie) foncièrement moyenâgeuse. Ce qui s'est passé en Syrie et à Alep en général, à Alep-Est en particulier, au cours de ces dernières années, de ces derniers mois surtout, est le plus hallucinant dynamitage/remodelage de masse depuis, au moins, la fin de la guerre froide : dynamitage de la manière dont la guerre est faite, dynamitage des grands axes, dynamitage des centres de gravité géopolitiques, dynamitage des us et coutumes diplomatiques, dynamitage des déplacements humains, dynamitage du binôme acteur/spectateur, dynamitage du concept même des Nations unies et de celui de terrorisme, et dynamitage, enfin, de la morale, de l'éthique, de l'humanité. Ce qui s'est passé à Alep-Est, sous les chuchotements d'indignation polie des nations et dans un maelström planétaire, plus ou moins inspiré, de tweets, de statuts Facebook et de photos Instagram, est la traduction littérale de cette néo-humanité, désormais réduite à son âge de pierre. La responsabilité, gigantesque, incalculable, est générale, à commencer par tous ces autoproclamés et criminels défenseurs de cette minorité essentielle et cruciale à la survie de ce Proche-Orient, plus utérin que jamais, que sont les chrétiens d'Orient – criminels, parce qu'ils n'ont pas compris qu'il est inconcevable de préférer, de privilégier et de soutenir une barbarie contre une autre ; de ne pas combattre à la fois peste et choléra, moyenâgeux en diable. Le très avisé Jacques Le Goff savait que l'Occident médiéval était né sur les ruines du monde romain, qu'il y avait trouvé appui et handicap à la fois, que Rome a été sa nourriture et sa paralysie. Ce qui naîtra des ruines et des cadavres d'Alep(-Est) risque d'être infiniment moins fascinant. Terriblement plus mortel.
(L)armes fatales
OLJ / Par Ziyad MAKHOUL, le 15 décembre 2016 à 00h00
commentaires (3)
Pour atteindre au "Calme(?) Minoritaire", il faut se débarrasser de la Raison. La raison est 1 passion, et rien n'est + dangereux pour le "Minoritaire" que la passion. À l'occasion de cette "fiction!", l’humain cède donc à cet "enfantillage!" qu'on appelle la raison. Quelle horreur, quelle abomination ! Voilà de quoi exciter la rage du "Minoritaire", lui faire tourner la bile et même perdre la tête…. et la "raison" ! Car la raison est 1 dieu cruel qui, tel tous les autres, veut posséder l’humain en entier et n'a de cesse que l’humain lui ait sacrifié non seulement son âme, mais encore son corps. Le culte de la raison c'est la souffrance, et l'apogée de ce culte c'est le sacrifice de soi ! Pour pouvoir métamorphoser la raison en 1 diable de chair et d'os, le "Minoritaire" en fait 1 dieu. Devenu dieu, i.e. objet théologique, il relève naturellement de l’exégèse de la théologie et tout l’on sait d'ailleurs qu'il n'y a pas loin de dieu au diable. Le "Minoritaire" fait de la raison 1 dieu, et qui + est 1 "dieu cruel" en substituant à l’humain raisonnable, à la raison de l’humain, l’humain de la seule raison ; en détachant de l’humain "la Raison" dont il fait 1 être particulier et en lui conférant 1"pure" existence indépendante. Par ce tout simple tour de bonneteau, par cette métamorphose de l'attribut en sujet, on peut donc "Minoritairement", mahééék, transformer toutes les déterminations et les manifestations essentielles de l’humain en monstres et aliénations !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
09 h 02, le 15 décembre 2016