Rechercher
Rechercher

Liban - L’éclairage

Les propos du mufti de Syrie énonciateurs d’un retour insidieux de la Syrie au Liban

La visite du mufti de Syrie, le cheikh Ahmad Hassoun, qui s'est limitée à Baabda et à Bkerké, a été interprétée par des sources proches du 14 Mars comme étant une tentative de la part de la Syrie de s'engouffrer une nouvelle fois sur la scène libanaise à travers une brèche pour lancer des messages politiques destinés aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. L'initiative n'avait d'ailleurs d'autres objectifs que de signifier le retour en force de la Syrie et une tentative de ramener le Liban dans le giron de la guerre des axes.

Dans le fond comme dans la forme, la visite du dignitaire sunnite syrien devait suggérer également le retour du Liban dans l'orbite syrienne à l'heure où le bras de fer entre protagonistes libanais se poursuit autour de la vision générale du nouveau mandat et de ses choix en termes de politique régionale et stratégique.

C'est ainsi qu'on peut comprendre les craintes exprimées ces derniers temps par le camp du 8 Mars, plus particulièrement chez le Hezbollah pour ce qui est de la nouvelle orientation politique du nouveau chef de l'État, Michel Aoun, et son acception de la distanciation du Liban par rapport à la crise syrienne.

Autant d'appréhensions que le chef du Courant patriotique libre et ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, s'est dépêché de calmer par le biais de déclarations et de prises de position qui se voulaient rassurantes à l'égard du parti chiite. Cet effort serait, de l'avis de nombreux observateurs, à même de paver la voie à un déblocage prochain de la formation du gouvernement mais pas nécessairement au niveau de la déclaration ministérielle, encore moins de la loi électorale, deux dossiers qui restent à ce jour en suspens.

 

(Lire aussi : Le nœud Frangié-Bassil reste à défaire)

 

Les observateurs se sont également penchés sur le timing de la visite du mufti Hassoun, qui, d'après eux, a été orchestré après les percées enregistrées par le régime syrien à Alep et la consolidation de la position militaire de Bachar el-Assad dans cette ville. Une victoire rendue possible par le soutien majeur apporté par la Russie et l'Iran et par le fait que l'Occident a suspendu son soutien à l'opposition alors que les États-Unis se trouvaient hors jeu à un moment de transition et de passation de pouvoirs entre une administration et une autre, au lendemain de l'élection de Donald Trump.

Des propos véhiculés par le mufti syrien, il faut également retenir son annonce portant sur la réanimation du régime syrien et l'attachement du président syrien à entretenir les meilleures relations avec les minorités de la région et à soutenir les chrétiens du Levant, autant de slogans qui ont l'oreille de la Russie, de l'Occident en général, mais aussi de la France, avec les propos du candidat de la droite à la présidence, François Fillon, qui a été jusqu'à faire figurer le thème de la protection des chrétiens du Levant sur la liste de ses priorités, s'il est élu.

Le fait d'avoir réduit sa visite à une tournée à Baabda et au patriarcat maronite s'explique d'une part par le boycottage par la communauté sunnite du régime syrien et par la dégradation des relations entre les deux parties, surtout après les bombardements aveugles qui ont visé indistinctement les civils, les hôpitaux et les écoles à Alep. D'autre part, une visite auprès des communautés chiites ne pouvait que mettre à mal notamment le Hezbollah, lourdement impliqué dans la guerre en Syrie sur base d'un agenda iranien.

Côté chrétien, on n'écarte pas l'hypothèse selon laquelle la visite du mufti Hassoun viserait en réalité à provoquer une discorde entre chrétiens et sunnites, et à miner l'entente qui prévaut actuellement, surtout qu'elle survient à un moment où le rapprochement entre les leaders des deux communautés est devenu réalité avant d'être consacré par l'élection de M. Aoun à la présidence.

 

(Lire aussi : Controverse et indignation après la visite du mufti de Damas)

 

 Pour Damas, l'objectif est on ne peut plus clair : il s'agit de créer un conflit confessionnel qui remettrait en cause la stabilité relative à laquelle est parvenu le pays, un art que le régime syrien sait maîtriser à merveille pour l'avoir pratiqué durant toute la période de tutelle imposée au Liban, estime un responsable du 14 Mars. S'il en était autrement, s'interroge la source, pourquoi le mufti Hassoun ne s'est-il par rendu chez d'autres instances religieuses ? Pourquoi avoir tenu des propos que Baabda aussi bien que Bkerké ont été contraints de censurer dans leurs communiqués finaux ?

Selon lui, cette visite doit être placée sous le seul signe de la provocation et de la nécessité de véhiculer des messages sur la scène libanaise et régionale en annonçant, de Beyrouth et à partir de deux tribunes chrétiennes considérées comme les plus éminentes, la « victoire d'Alep » avant de tendre la main « à ceux qui se sont opposés à nous » en vue d'une réconciliation.

Dans la rue chrétienne, les forces actives s'interrogent sur les raisons qui ont poussé Bkerké à accueillir le dignitaire sunnite syrien. Elles se demandent également comment ce dernier a pu exploiter les tribunes de Bkerké et de Baabda pour promouvoir ses messages, à un moment où le régime syrien lance ses barils sur les habitants d'Alep tuant chaque jour des milliers de civils, faisant la sourde oreille aux appels lancés aux quatre coins du monde l'exhortant à mettre fin à ce massacre.

Et pourquoi ne pas inverser les rôles et s'imaginer qu'un mufti d'un État islamique hostile à la Syrie vienne au Liban pour répondre à son homologue syrien en critiquant le régime syrien, s'interroge le responsable du 14 Mars. Et ce dernier de signaler que les messages du cheikh Hassoun sont également adressés à ses alliés au Liban, à leur tête le Hezbollah que le régime syrien a délégué pour remplir à sa place la mission de tuteur qui lui était dévolue auparavant au Liban. Plutôt que d'embarrasser de la sorte Baabda et Bkerké, cheikh Hassoun aurait mieux fait d'évoquer le retour des réfugiés syriens dans leur pays, ou énoncer au moins un plan élaboré par le régime syrien pour les réintégrer dans leurs villes et villages d'origine, estime le responsable.

 

 

Lire aussi

La bataille d’Alep et le réveil « des cellules dormantes », le décryptage de Scarlett HADDAD

Joumblatt craint pour sa vie et redoute un retour de l’influence du régime syrien

Geagea : Il est dans l’intérêt d’Assad que le Liban poursuive sa politique de distanciation

La visite du mufti de Syrie, le cheikh Ahmad Hassoun, qui s'est limitée à Baabda et à Bkerké, a été interprétée par des sources proches du 14 Mars comme étant une tentative de la part de la Syrie de s'engouffrer une nouvelle fois sur la scène libanaise à travers une brèche pour lancer des messages politiques destinés aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. L'initiative n'avait...

commentaires (6)

Ou le retour des "hyènes" bääSSyriennes dans la bergerie !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

16 h 33, le 09 décembre 2016

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Ou le retour des "hyènes" bääSSyriennes dans la bergerie !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 33, le 09 décembre 2016

  • Nos chats-irresponsables continuent à dormir, bien au chaud près de leurs cheminées, et pendant ce temps, les souris venues de la Syrie dansent partout, surtout à Trioli. Pauvre Liban...tu n'auras jamais des politiciens vraiment responsables...uniquement des marchands insatiables et corrompus, qui s'enfoutent totalement de leur patrie ! Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 14, le 09 décembre 2016

  • ILS NE PASSERONT QUE SUR LES CADAVRES DES VRAIS LIBANAIS... RIFI, ILS NOUS ENVOIT DES CHARDONNERETS ...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 52, le 09 décembre 2016

  • Mais non mais non, les syriens ne reviendront plus jamais , pas plus que les russes ne reviendront en Ukraine, ni les israéliens au sud Liban. ... Le monde a changé de boussole .....lol.....

    FRIK-A-FRAK

    10 h 34, le 09 décembre 2016

  • 1--a moins qu'ils n'aient ete prevenus de sa visite au prelable, 2--Ils auraient TRES bien put et du ne pas le recevoir puisque c'aurait ete une visite surprise ! Alors C quoi la verite 1 ou 2 ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 17, le 09 décembre 2016

  • Soyons logiques. Le retour de la Syrie sur la scène libanaise et avec toutes les guerres qu' elle a sur son terrain semble bel et bien et pour le moment du moins utopique .

    Sabbagha Antoine

    08 h 07, le 09 décembre 2016

Retour en haut