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Économie - France

Le programme de François Fillon, du « Schröder » ou du « Thatcher » ?

Les promesses de « rupture » économique du vainqueur de la primaire de la droite française reflètent cette double filiation avec les deux anciens Premiers ministres.

Margaret Thatcher ou Gerhard Schröder ? François Fillon, le vainqueur de la primaire de la droite française, s’accommode des deux comparaisons. Stéphane Mahe/Reuters

Il revendique une filiation avec Margaret Thatcher... tout en se comparant à l'ex-chancelier Gerhard Schröder : François Fillon multiplie dans ses interventions les références aux deux anciens Premiers ministres britannique et allemand.
Le programme du vainqueur de la primaire de la droite en France ? « C'est du Schröder, pas du Thatcher », a estimé lundi le président du Medef Pierre Gattaz. Fillon, c'est « le Thatcher français », a au contraire tranché le secrétaire d'État français Jean-Marie Le Guen, accusant l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy d'avoir rejoint « la droite la plus dure ».
Le vainqueur de la primaire de la droite française, lui, s'accommode des deux comparaisons. « J'aime bien qu'on me compare à madame Thatcher » et « à monsieur Schröder », confiait-il début novembre, disant vouloir « laisser dans l'histoire une trace aussi forte » que la « dame de fer. »
Ultralibéralisme à la sauce « thatchérienne » ou libéralisme à la mode allemande ? « Il y a sans doute des deux dans son programme », tranche Catherine Mathieu, chercheuse à l'Observatoire français des conjonctures économiques, qui juge néanmoins « la filiation idéologique avec Thatcher beaucoup plus évidente ». Un avis partagé par Antoine Bozio, directeur de l'Institut des politiques publiques : « Margaret Thatcher avait à l'esprit l'idée que son pays était en faillite, victime de déclassement, et qu'il fallait des mesures impopulaires pour changer la donne. C'est quelque chose qu'on retrouve aussi chez François Fillon. »

« Casser la baraque »
Dépenses publiques, réformes fiscales, droit du travail: le programme de M. Fillon, élu à la primaire sur la promesse d'une « rupture » économique, reflète cette double filiation – avec cette prédominance revendiquée pour le modèle thatchérien. Désireux de « casser la baraque », François Fillon s'est engagé à supprimer les 35 heures et à simplifier drastiquement le code du travail français, recentré sur les grands principes sociaux. Des mesures qui font écho à la politique mise en œuvre par Gerhard Schröder entre 1998 et 2005, via son « agenda 2010 ».
Le candidat de la droite a par ailleurs promis de repousser l'âge de départ à la retraite à 65 ans et de plafonner les allocations chômage à 75 % du salaire antérieur, avec la mise en œuvre de radiations automatiques après deux refus d'emplois dits « raisonnables ». Des propositions qui rappellent aussi bien les réformes menées par la dirigeante conservatrice que celles mises en œuvre par le responsable social-démocrate, qui a réduit la durée d'indemnité chômage de 26 à 12 mois, obligé les chômeurs à accepter certains emplois et repoussé l'âge de la retraite à 65 ans.
Le parallèle avec Schröder, pour Antoine Bozio, s'arrête cependant à cette question du marché du travail... alors qu'il se poursuit sur le terrain de la dépense publique en ce qui concerne Margaret Thatcher. François Fillon a promis de baisser les dépenses de 100 milliards d'euros (106,3 milliards de dollars) en cinq ans, en supprimant 500 000 postes de fonctionnaires, et de « reprendre les privatisations » quand la présence de l'État ne sert « à rien ». Des propositions qui vont dans le sens du fameux « moins d'État » prôné par la « dame de fer ».
Autre importante similitude, selon cette spécialiste de l'économie britannique : la méthode revendiquée par François Fillon. Décidé à agir vite, il s'est dit prêt à « passer par-dessus les syndicats », au lieu de négocier avec eux, comme l'a fait Gerhard Schröder. « Les compromis sociaux débouchent sur des impasses. Je suis prêt aux tensions », a-t-il prévenu. Une prise de position que Margaret Thatcher – qui assurait être « pour le consensus » mais « surtout à ses conditions » – n'aurait pas reniée.
Valentin BONTEMPS/AFP

Il revendique une filiation avec Margaret Thatcher... tout en se comparant à l'ex-chancelier Gerhard Schröder : François Fillon multiplie dans ses interventions les références aux deux anciens Premiers ministres britannique et allemand.Le programme du vainqueur de la primaire de la droite en France ? « C'est du Schröder, pas du Thatcher », a estimé lundi le président du...

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