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Moyen Orient et Monde - Syrie

Alep risque de devenir « un gigantesque cimetière », avertit l’Onu

Erdogan et Poutine ont convenu lors d'un entretien téléphonique hier d'« accélérer les efforts » pour mettre fin aux combats dans la deuxième ville de Syrie et permettre l'acheminement de l'aide humanitaire.

Plus de 50 000 Alépins de l’Est auraient fui ces derniers jours leurs quartiers pour se diriger vers les zones gouvernementales. Georges Ourfalian/AFP

La partie est de la grande ville syrienne d'Alep risque de « devenir un gigantesque cimetière » si les combats ne cessent pas et que l'aide humanitaire reste bloquée, a averti hier un haut responsable de l'Onu. Stephen O'Brien, patron des opérations humanitaires des Nations unies, a appelé à l'aide le Conseil de sécurité, réuni en urgence à la demande de la France. M. O'Brien a estimé que 25 000 civils avaient fui Alep-Est depuis samedi. Il a fait état de « dizaines de morts dans un seul raid aérien ce matin », sans donner de précisions. Faute d'ambulances, a-t-il dit, « des blessés sont transportés sur des charrettes à légumes ». « Il est vraisemblable que des milliers d'autres (habitants d'Alep-Est) vont fuir si les combats s'étendent et s'intensifient dans les jours à venir », a-t-il averti. « Nous appelons, nous supplions même, les parties au conflit et ceux qui ont de l'influence, de faire tout leur possible pour protéger les civils et pour permettre l'accès à la partie assiégée d'Alep-Est avant qu'elle ne devienne un gigantesque cimetière », a-t-il déclaré. L'Onu a prépositionné des stocks de médicaments et de nourritures capables de ravitailler plusieurs dizaines de milliers de personnes et ses camions sont prêts à entrer dans Alep-Est. « Il est donc vital que le gouvernement syrien nous permette de déployer du personnel à Alep en toute sécurité et sans restrictions inutiles », a martelé M. O'Brien. Il s'est dit « extrêmement inquiet » pour les quelque 250 000 habitants pris au piège dans Alep-Est. « Ces personnes sont assiégées depuis près de 150 jours déjà et n'ont pas les moyens de survivre beaucoup plus longtemps. » Il a déploré que jusqu'à présent, « nos appels, nos demandes et même les exigences de ce Conseil aient été largement ignorés » par les belligérants.
En réponse, les représentants américain, français et britannique se sont succédé pour accuser la Russie de bloquer toute solution. L'ambassadeur français François Delattre a dénoncé « le cynisme et la brutalité extrêmes qui président à l'offensive en cours du régime syrien » à Alep, grande ville du nord de la Syrie. Il a déploré que les tentatives successives du Conseil pour sauver la population d'Alep « se soient heurtées à la même fin de non-recevoir de la Russie ». « Le Conseil ne répond pas aux appels à l'aide des civils (d'Alep) parce que la Russie ne le veut pas », a résumé pour sa part l'ambassadrice américaine Samantha Power. « Ce Conseil a été totalement incapable d'agir, a reconnu l'ambassadeur britannique Matthew Rycroft. Pourquoi ? Parce que la Russie a mis son veto, encore et encore. » M. Rycroft a rappelé qu'un projet de résolution avait été soumis récemment au Conseil par l'Espagne, la Nouvelle-Zélande et l'Égypte pour réclamer une trêve de 10 jours afin de secourir les habitants d'Alep-Est. Il a souhaité un vote rapide sur ce texte. Mais aucune date n'a encore été fixée et des diplomates du Conseil se déclarent persuadés que ce texte sera bloqué par Moscou. L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a réaffirmé pour sa part la nécessité de poursuivre « l'opération antiterroriste » à Alep. Il a accusé les États-Unis de ne pas avoir tenu leur promesse de « séparer les militants supposés modérés et les terroristes du Front al-Nosra ». Il a accusé les Occidentaux de vouloir « sauver des terroristes » et « d'utiliser des problèmes humanitaires à des fins politiques ».

Trêve ?
Paradoxalement, les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et russe Vladimir Poutine ont convenu lors d'un entretien téléphonique hier d'« accélérer les efforts » pour mettre fin aux combats à Alep et permettre l'acheminement de l'aide humanitaire dans la ville syrienne, selon l'agence de presse turque Anadolu. Parallèlement, des représentants de la Russie et de groupes rebelles syriens se sont rencontrés à « plusieurs reprises » à Ankara pour discuter de l'instauration d'une trêve à Alep, a indiqué à l'AFP une source proche des factions syriennes.
Sur le terrain, les forces loyalistes ont conquis près de 40 % d'Alep-Est depuis le 15 novembre, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Elles poursuivent notamment leur avancée dans le vaste quartier de Cheikh Saïd, dans le Sud-Est, a indiqué l'agence officielle Sana.
« C'est une véritable pluie d'obus, on ne peut pas se risquer dehors », a témoigné un correspondant de l'AFP, cloîtré chez lui. Après une attaque au mortier, il a vu le corps sans vie d'une fillette au milieu d'une rue. Dans un quartier proche, au moins 26 civils ont été tués par des tirs d'artillerie du régime, selon l'OSDH. Parmi ces morts figurent des habitants qui fuyaient les combats au sol, les tirs d'artillerie et les bombardements aériens qui ne cessent pas. Alors qu'Alep-Est comptait récemment 250 000 civils, plus de 50 000 selon l'OSDH ont fui ces quatre derniers jours cette zone assiégée depuis quatre mois, sans nourriture, médicaments et électricité.
Sous une pluie tenace, des familles entières ont convergé vers des points de rassemblement pour monter dans des pick-up ou des bus affrétés par les autorités pour se diriger vers l'ouest d'Alep contrôlé par le régime, selon un journaliste de l'AFP. Selon l'OSDH, sur les 50 000 déplacés, plus de 20 000 ont trouvé refuge à Alep-Ouest et 30 000 dans l'enclave de Cheikh Maqsoud aux mains des forces kurdes.

(Source : AFP)

La partie est de la grande ville syrienne d'Alep risque de « devenir un gigantesque cimetière » si les combats ne cessent pas et que l'aide humanitaire reste bloquée, a averti hier un haut responsable de l'Onu. Stephen O'Brien, patron des opérations humanitaires des Nations unies, a appelé à l'aide le Conseil de sécurité, réuni en urgence à la demande de la France. M....

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