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Économie - Finance

En Chine, la dette des ménages s’envole avec la bulle immobilière

Le prix du neuf à Shanghai s’est envolé cet été de 40 % sur un an. Peter Parks/AFP

L'endettement des ménages chinois s'envole à un rythme alarmant, dopé par la fièvre des prix des appartements : un phénomène qui illustre les fragilités du système financier et les risques d'un retournement du secteur immobilier au sein de la deuxième économie mondiale.
La frénésie consumériste, des assouplissements monétaires à répétition – qui ont rendu le crédit extrêmement bon marché –, et surtout l'envolée du marché immobilier ont poussé les Chinois à emprunter, alors qu'ils préféraient traditionnellement épargner pour leurs grosses dépenses. De jeunes ménages désemparés face au montant des appartements urbains (le prix du neuf à Shanghai s'est envolé cet été de 40 % sur un an) ou des particuliers soucieux de placements lucratifs n'hésitent plus désormais à contracter un crédit.
À telle enseigne que la dette des ménages dans le pays représente plus de 40 % du PIB chinois, contre 28 % il y a cinq ans. Pour les seuls prêts bancaires contractés au troisième trimestre, 67,5 % l'ont été par des ménages, soit une proportion doublée en l'espace d'un an. Cette embardée du crédit est étroitement liée à la flambée de l'immobilier : de quoi provoquer un effet domino dévastateur en cas de violent retournement du marché, qui se répercuterait sur les taux d'intérêt et jusque sur les cours des matières premières, « avec de possibles conséquences mondiales », s'alarme la banque ANZ.

Essor de la spéculation
Si le ratio de la dette des ménages chinois demeure inférieur à celui des économies développées, il reste loin devant les autres grands émergents, comme le Brésil et l'Inde. Il pourrait atteindre 70 % du PIB d'ici à quelques années, selon Dragonomics.
Pékin a multiplié depuis 2014 les injections de liquidités et baisses des taux d'intérêt pour inciter à prêter davantage et enrayer ainsi le vif essoufflement de l'activité. Mais cela a surtout alimenté les investissements spéculatifs dans les matières premières et dans l'immobilier.
La dette totale de la Chine (prêts aux ménages, endettement du secteur financier, dette publique) atteignait 168 480 milliards de yuans (24 310 milliards de dollars) fin 2015, soit 249 % du PIB, selon l'Académie chinoise des sciences sociales.
Les instruments financiers non régulés (sociétés fiduciaires et officines de microcrédit) ont prospéré, une « finance de l'ombre » permettant d'emprunter de l'argent avec ses simples actifs – maison, voiture – pour collatéral, et des conditions moindres que dans les banques d'État.
Les prêts entre particuliers dépassaient 550 milliards de yuans au troisième trimestre 2016, gonflant les risques d'investissements spéculatifs, selon l'agence financière Standard and Poor's. Certes, les familles continuent en moyenne d'épargner davantage qu'elles n'empruntent, et « la dette des ménages reste contenue dans une fourchette raisonnable », observe Li Feng, assistant-directeur du Centre de recherche sur la finance des ménages, à Chengdu. Mais le modèle d'une consommation financée à crédit n'en demeure pas moins « un jeu dangereux », avertit Andrew Collier, de Orient Capital Research.
Quand les flots de capital finissent par se tarir, les prix de l'immobilier peuvent s'effondrer, entraînant des défauts de paiement en cascade parmi les promoteurs immobiliers, les petites banques terrassées par les créances douteuses et même certains gouvernements locaux. « Ce ne serait que le début d'une crise sérieuse, explique-t-il à l'AFP. Dur de prédire quelle serait son ampleur. Mais la Chine se prépare assurément des moments difficiles. »
Benjamin CARLSON/AFP

L'endettement des ménages chinois s'envole à un rythme alarmant, dopé par la fièvre des prix des appartements : un phénomène qui illustre les fragilités du système financier et les risques d'un retournement du secteur immobilier au sein de la deuxième économie mondiale.La frénésie consumériste, des assouplissements monétaires à répétition – qui ont rendu le crédit...

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