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Économie - Liban - Investissements

La diaspora libanaise, un relais pour les entreprises françaises en Afrique ?

Les réseaux des expatriés libanais peuvent être un atout pour des investissements français en perte de vitesse relative en Afrique subsaharienne.

Environ 4 000 entreprises ivoiriennes sont dirigées par des Libanais, selon la Chambre de commerce franco-libanaise. Archives AFP

Déjà pourvoyeuse de capitaux essentiels à l'économie du pays, la diaspora libanaise, particulièrement en Afrique, s'affirme aussi de plus en plus comme un argument de poids pour attirer les investisseurs. Fin octobre, plus de 250 hommes d'affaires libanais et français étaient ainsi réunis à Paris pour participer à un forum d'affaires consacré à l'Afrique subsaharienne organisé par la Chambre de commerce franco-libanaise (CCFL) et la Chambre de commerce et d'industrie de Paris Île-de-France (CCIPIDF). « Nous avons été obligés de clôturer les inscriptions plusieurs jours avant le forum », rapporte à L'Orient-Le Jour le président de la CCFL Gaby Tamer, qui évoque « une rencontre qui a dépassé toutes les attentes des participants ».

Levier important
Le succès de l'événement s'explique notamment par le fait que « la diaspora libanaise peut constituer un levier important pour les sociétés françaises qui souhaitent consolider leurs positions en Afrique subsaharienne ou d'y prospecter de nouveaux marchés », selon le directeur général de l'École supérieure des affaires (ESA) et représentant de la CCIPIDF au Liban, Stéphane Attali. Selon le Trésor français, les parts de marché des entreprises françaises en Afrique subsaharienne sont passées de 7 % en 2005 à 4 % en 2015, tandis que celles de leurs concurrents chinois ont par exemple bondit de 8 à 22 % sur la même période.


(Lire aussi : Bienvenue aux États-Unis, « terre de la francophonie libanaise »)

 

Pour aider à la reconquête de ces marchés, la diaspora libanaise bénéficie d'un réseau au poids économique et au maillage géographique particulièrement significatifs dans cette partie du monde. Le ministère libanais des Affaires étrangères a ainsi recensé plus de 300 000 Libanais dans des pays d'Afrique subsaharienne, dont 50 000 en Côte d'Ivoire, 30 000 au Nigeria, 10 000 en Angola, au Liberia, au Ghana ou encore au Togo. « Ces chiffres seraient en réalité beaucoup plus importants », note Hady Farah, membre de la CCFL, qui fait état d'estimations « officieuses » de 90 000 Libanais installés en Côte d'Ivoire ou de 75 000 au Nigeria.

Sur la seule Côte d'Ivoire, environ 4 000 entreprises sont dirigées par des Libanais qui s'acquittent chaque année de plus de 600 millions de dollars d'impôts environ, selon la CCFL. Des chiffres qui lui permettent de contribuer à hauteur de 40 % l'économie de ce pays. Au Nigeria, la diaspora libanaise possède 80 % des usines implantées à Kano, la deuxième ville du pays. Au Sénégal, elle détient 60 % des PME, et au Congo, 75 % des secteurs de la construction, de l'alimentation et du transport...

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Concurrence turque et marocaine
De leur côté, « les membres de la diaspora peuvent bénéficier des transferts de technologies qui pourront s'opérer dans le cadre de ces partenariats », suggère Fouad Makhzoumi, homme d'affaires et président du Forum pour le dialogue national. « De manière plus générale, cette coopération va permettre de renforcer les positions des deux parties en Afrique face à des concurrents de plus en plus actifs, comme le Maroc », note M. Attali. En 2015, le Maroc a pourvu 22 % des investissements dans l'économie ivoirienne, devant la France (16 %), selon le Centre de promotion des investissements en Côte d'Ivoire (CPICI). Parmi les autres challengers, qui tentent de se faire une place dans un marché convoité par les géants chinois, américain ou encore indien, figure également « la Turquie et le Japon », selon M. Farah. « Les Libanais restent toutefois mieux armés que d'autres pour l'Afrique, dans la mesure où ils n'hésitent pas à investir dans des zones à risque, tout en restant mesurés », explique-t-il encore.

Enfin, la multiplication des partenariats fructueux entre les entrepreneurs français et les Libanais d'Afrique « pourra également bénéficier à l'économie libanaise », affirme M Tamer. Au-delà de la perspective d'une hausse des transferts de la diaspora, il y a aussi la possibilité pour les entreprises établies au Liban de devenir elles-mêmes partenaires des Français et des Libanais d'Afrique sur des projets communs. Selon M Attali, le Liban a même vocation à devenir une plateforme pour faciliter les prises de contacts entre les entrepreneurs étrangers et une diaspora libanaise d'Afrique « plus facile à approcher sur les terres libanaises ».

En attendant, la CCFL prépare déjà la suite. « Il s'agit d'une ouverture à long terme sur le continent africain. Pour le moment, nous préparons deux nouvelles conférences sur ce thème : une première au Liban au printemps 2017, ainsi qu'une deuxième à la fin de l'année prochaine, en Côte d'Ivoire », conclut M. Tamer.




Déjà pourvoyeuse de capitaux essentiels à l'économie du pays, la diaspora libanaise, particulièrement en Afrique, s'affirme aussi de plus en plus comme un argument de poids pour attirer les investisseurs. Fin octobre, plus de 250 hommes d'affaires libanais et français étaient ainsi réunis à Paris pour participer à un forum d'affaires consacré à l'Afrique subsaharienne organisé par la...

commentaires (2)

A l'instar du Brésil au siècle dernier, l'Afrique sera pour très longtemps un Continent d'avenir. Le rôle de la Communauté économique libanaise, intermédiations et partenariats, y est capital. Il devra figurer parmi les priorités stratégiques de notre développement.

Khlat Zaki

10 h 25, le 29 novembre 2016

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Commentaires (2)

  • A l'instar du Brésil au siècle dernier, l'Afrique sera pour très longtemps un Continent d'avenir. Le rôle de la Communauté économique libanaise, intermédiations et partenariats, y est capital. Il devra figurer parmi les priorités stratégiques de notre développement.

    Khlat Zaki

    10 h 25, le 29 novembre 2016

  • Il n'est pas trop tôt pour que la France se rende compte que les libanais d'origine sont le seul espoir qu'ils ont pour contrer les chinois et les indiens sur le continent . Les libanais d'origine ont réussi dans des domaines que les français pensaient être les seuls maîtres, à savoir la pâtisserie, la boulangerie et les restaurants gastronomiques . Sans parler des industries lourdes , petites et moyennes . Ici aussi Fillon fera une découverte qui ira dans le sens de sa politique nouvelle.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 01, le 28 novembre 2016

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