Joumblatt dénonce un monopole sur les portefeuilles régaliens

Le chef du Rassemblement démocratique, le député Walid Joumblatt, a critiqué hier, sur son compte Twitter, le monopole établi par certaines communautés au détriment d'autres sur certains portefeuilles dans le processus de formation du cabinet.
« Chaque partie arrache ce qu'elle veut par la force. Il est interdit même de faire allusion à un portefeuille régalien, qui appartient aux grands de ce monde, uniquement », a indiqué M. Joumblatt, sur son compte Twitter.
« Voilà que l'on nous propose le ministère des Affaires sociales après qu'il eut été vidé et noyé. Je sais que mes propos vont déranger l'humeur de certains en cette belle journée, mais nécessité fait loi. Nous ne sommes pas férus de moulins à vent ; c'est pourquoi il vaut mieux ne pas chercher à diminuer de notre ampleur et nous laisser en bonne santé de manière durable », a-t-il indiqué.
Et d'ajouter, sur un ton mi-figue, mi-raisin : « Comme durant les prochains jours je serai en voyage, à bord d'un navire sans communications, pour dynamiser ma méditation transcendentale, je charge Waël Bou Faour et Marwan Hamadé de la mission de rectifier les choses et de nous assurer le minimum vital de droits. »
Le chef du Parti démocratique, le député Talal Arslane, a apporté son soutien aux propos de M. Joumblatt. « Nous soutenons ce que Walid bey a dit. Il ne faut pas accepter l'idée selon laquelle il y aurait des communautés de premier ordre et d'autres de second ordre. Nous le disons sans détours : les druzes ont contribué de manière indéniable à l'édifice étatique libanais et ce que l'on désigne comme portefeuilles régaliens n'est un monopole pour personne », a-t-il indiqué.
Mais des voix discordantes et hostiles à Walid Joumblatt se sont également fait entendre dans les milieux druzes pro-Assad. L'ancien ministre Wi'am Wahhab a répondu au chef du Parti socialiste progressiste sur son compte Twitter, l'accusant d'avoir « marginalisé la communauté druze du fait de votre politique ». « Depuis Taëf, vous avez permis que nous soyons marginalisés et qu'on nous interdise les grands portefeuilles », a-t-il ajouté, louant le président des Forces libanaises, Samir Geagea, « le seul à avoir le courage de taper sur la table et de donner des coups de pied au pouvoir lorsque ses droits ne sont pas satisfaits ».
L'ancien député Fayçal Daoud a lui aussi fait assumer à M. Joumblatt la « responsabilité de la spoliation des droits de la communauté druze au sein du système confessionnel », l'accusant d'avoir « privilégié ses intérêts privés et partiels par rapport à l'intérêt des druzes, ce qui leur a fait perdre des postes essentiels au sein des institutions étatiques ».
En soirée, M. Joumblatt a estimé que son tweet avait fait beaucoup de bruit pour rien. « C'était une blague », a-t-il dit.