Il y a cinquante ans, l'Assemblée générale des Nations unies a créé l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel, l'Onudi. À cette époque-là, plusieurs pays en développement obtenaient leur indépendance et les autorités nationales regagnaient le contrôle des ressources domestiques en menant une nouvelle piste pour la croissance économique. L'industrie était considérée comme essentielle à la croissance économique et sociale, spécialement dans les pays en développement.
À la fin des années 60, le Liban vivait une période de reconstitution et d'institutionnalisation. Les écrivains, musiciens, penseurs et les hommes d'affaires libanais, décrits par certains diplomates contemporains comme les joyaux les plus précieux du Croissant fertile du Moyen-Orient, ont été à la conquête du monde. Beyrouth a été appelée « Paris du Moyen-Orient ».
Depuis, les objectifs de l'Onudi en ce qui concerne les projets de coopération technique ont été accomplis avec un large éventail de partenaires locaux. En jetant un regard sur le passé, la nature évolutive de cette coopération a reflété une chronologie de mutations parallèles au sein de l'économie libanaise, alors que l'Onudi, elle-même, s'adaptait à l'évolution de la demande.
Les premières années ont été témoins de la mise en place de bases industrielles modernes pour satisfaire aux demandes internes, attirer les investissements et assurer la présence des produits libanais sur le marché international. Dans les années 90, après la signature de l'accord de Taëf pour cesser la guerre civile au Liban et avec la création du bureau de l'Onudi à Beyrouth, le soutien apporté au plan du développement et de la reconstruction du Liban a été consolidé, en se concentrant notamment sur la réhabilitation des industries et en encourageant l'investissement industriel.
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À l'aube du nouveau millénaire, l'Onudi et la République libanaise ont signé leur premier accord de stratégie de coopération à moyen terme en se concentrant notamment sur l'investissement et les partenariats industriels, en améliorant la qualité et la sécurité des produits alimentaires fabriqués au Liban et en renforçant l'infrastructure industrielle, tout en encourageant des technologies plus propres et la protection de l'environnement.
Le soutien de l'Onudi s'est manifesté le plus dans le domaine de la sécurité alimentaire en élaborant une nouvelle loi et en déployant la toute première campagne de sensibilisation dans tout le pays pour le secteur public et les secteurs industriels. Dans ce contexte, et après la libération du sud du Liban en 2000, l'Onudi était la première parmi les organisations des Nations unies à déployer des ressources dans cette région afin d'aider les producteurs locaux dans leurs productions agricoles. Faisant partie des agences exécutives des accords environnementaux multilatéraux, comme le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d'ozone, l'Onudi a aidé les producteurs de fraises libanais à adopter des techniques écologiques pour la désinfection du sol et a contribué à émettre un décret qui stipule l'interdiction de l'importation de substances appauvrissant la couche d'ozone.
À la suite du conflit de 2006, l'Onudi a mis l'accent sur la réhabilitation des industries textiles, alimentaires, ainsi que les industries du cuir et des meubles qui se trouvent dans les endroits affectés par la guerre au Liban, leur permettant de reprendre le processus de production et de mettre à niveau leurs technologies. Ce soutien a résulté dans un bon nombre d'offres d'emploi et a amené différentes entreprises à adopter de nouvelles techniques de production pour de meilleurs produits et une meilleure qualité que ceux de l'avant-guerre.
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En 2010, l'économie libanaise reprenait son élan. L'Onudi a redéfini sa stratégie de manière à consolider la reprise économique afin d'améliorer la compétitivité au sein du secteur industriel pour accéder aux marchés internationaux. Le plan était axé sur le renforcement des capacités institutionnelles pour le développement industriel, l'amélioration de la capacité des jeunes et des femmes en milieu rural et leur implication dans des initiatives entrepreneuriales agro-industrielles.
Quant au ralentissement économique résultant de l'impact de la crise syrienne, l'ambitieuse « vision intégrée pour le secteur industriel libanais 2025 » du ministère de l'Industrie était un effort remarquable pour consolider la contribution du secteur industriel à l'économie libanaise et pour stimuler la croissance et les offres d'emploi. En accord avec cette nouvelle stratégie, l'Onudi a réajusté en 2015 sa stratégie de coopération afin de soutenir le développement des parcs industriels, d'améliorer la compétitivité entre les moyennes et les petites entreprises (spécialement dans le secteur agro-industriel), de promouvoir un investissement durable dans les solutions d'efficacité énergétique au sein du secteur industriel et d'impliquer les jeunes et les femmes dans les activités économiques dans les zones rurales touchées par la crise syrienne.
Avec un regard rétrospectif sur ces 50 années de coopération entre l'Onudi et le Liban, nous pouvons être fiers de l'impact positif des projets de cette organisation. Aujourd'hui, le Liban profite de certains succès comme avec LibanPack, le « Centre d'emballage industriel au Liban », établi en collaboration avec le gouvernement suisse et l'Association des industriels libanais, ainsi que le centre « Creative Lebanon », soutenu par l'Union européenne et le gouvernement italien. Situé au cœur de Beyrouth, le centre « Creative Lebanon » met en valeur le succès des artisans et les coopératives créatives dans les domaines de l'alimentation, la bijouterie, les meubles, etc., tout en offrant aux entrepreneurs l'opportunité de vendre leurs produits et leur montrant que le Liban est pionnier en ce qui concerne la créativité.
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L'impact de nos projets qui soutiennent les sociétés a été substantiel. Les exemples en sont nombreux, comme le soutien apporté aux micros, petites et moyennes entreprises ainsi qu'aux coopératives dans la vallée de la Békaa et au nord du Liban pour fabriquer des produits capables de rivaliser sur les marchés internationaux. Ou encore quand il s'agissait d'écologiser les industries et de réduire leurs coûts de production avec des technologies de production innovantes à travers le centre libanais pour une production plus propre, connu plus sous le nom de « Lebanese Cleaner Production Centre », en partenariat avec le ministère de l'Environnement et l'Institut de recherche industrielle ; et finalement, quand il fallait assurer des formations et des conseils sur la création des entreprises, leur croissance et encourager l'investissement.
L'adoption des Objectifs de développement durable (ODD) était un signe d'approbation par tous les États membres de l'Onu en ce qui concerne le rôle de l'industrialisation inclusive et durable dans la réalisation de la prospérité partagée et un environnement durable.
Au cours des 50 dernières années, l'Onudi était aux côtés du gouvernement libanais pour promouvoir l'industrialisation d'un environnement écologique pour l'éradication de la pauvreté et pour une globalisation inclusive. Aujourd'hui, soutenir les secteurs productifs de l'économie libanaise est plus épineux que jamais. Dans une époque où le taux de chômage est en hausse, l'économie ralentit et le réservoir de mains-d'œuvre est en expansion, l'industrie a la capacité d'être un vecteur majeur pour la création d'emplois et de débouchés économiques pour les jeunes, hommes et femmes.
Avec le support de nos donateurs et en partenariat avec d'autres agences des Nations unies, du gouvernement, du secteur privé et de la Société civile au Liban, nous sommes déterminés à jouer notre part pour faciliter la mise en œuvre des objectifs de développement durable au Liban.
À plus long terme, nous aspirons à célébrer le succès du Liban comme modèle de développement industriel inclusif et durable, qui favorise la cohésion sociale et l'inclusion pour tous. Il n'y a nul doute que c'est un défi, mais un défi auquel le Liban, et comme il l'a fait maintes fois avant, survivra.
Dr Li YONG
Directeur général de l'Onudi