L'effroi a saisi mardi les supporteurs et les proches d'Hillary Clinton à New York, venus célébrer une étape historique et repartis effondrés ou en larmes sans avoir même vu l'ancienne candidate. (Retrouvez notre couverture en direct de l'élection ici)
"C'est un cauchemar", dit Jeanette Barbasch, la cinquantaine, en quittant le Javits Convention Center, qui avait été soigneusement redécoré de drapeaux américains pour l'intronisation d'Hillary Clinton. "On est abasourdis, jamais on n'aurait pensé que cela puisse arriver". "Je n'ai pas encore réalisé", confie Brian Smith, consultant de 40 ans. "C'est étourdissant de voir que les choses ont complètement changé en un jour, une heure, une minute".
Les partisans de la démocrate, en fait, sont repartis avant même la victoire officielle de Donald J. Trump, déclarée peu après 02h30 du matin (07h30 GMT). Depuis des heures, le dénouement ne faisait aucun doute.
Les mines avaient commencé à s'allonger vers 21H00 locales, à mesure que les résultats tombaient sur les écrans géants... que les organisateurs ont fini par éteindre.
Les têtes se penchaient par milliers sur des smartphones rafraîchis frénétiquement, dans une vaine quête de bonne nouvelle. Mais le modèle du New York Times ne cessait d'annoncer des mauvaises nouvelles, prédisant soudain 53% de chances que Donald Trump l'emporte, puis 70%, puis 87%... A 22H44, l'aiguille du modèle passait à 93%.
Ce faisant, les membres de l'équipe de campagne de la démocrate ont disparu, évitant à tout prix les journalistes. Son entourage, qui dansait encore lundi soir lors d'un show de Lady Gaga au dernier meeting de la campagne et s'amusait à monter une ultime vidéo à bord de l'avion qui les a ramenés à New York, semble avoir été complètement pris au dépourvu.
Vers 20h00, un conseiller communiquait encore aux journalistes des détails sur les préparatifs du soir, allant jusqu'à décrire la tenue portée par la petite-fille de Bill et Hillary Clinton (une robe avec un "H" imprimé) et le buffet de saumon, carottes, pizzas et frites de la suite des Clinton, à l'hôtel Peninsula de New York.
Mais inexorablement, la carte électorale se colorait en rouge (la couleur des républicains), et Hillary Clinton a décidé de rester à son hôtel. Elle a toutefois appelé Donald Trump pour reconnaître sa défaite, et devrait s'exprimer mercredi matin.
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La claque
"Nous avons honte, nous sommes désolés au nom de notre pays, que les hommes blancs sans éducation aient parlé aujourd'hui", rage Celia Rowlson-Hall, une réalisatrice de films de 32 ans, en quittant le lieu maudit.
"Nous autres, en tant que moitié du pays qui croit en l'amour, l'unité et l'équité, nous devons unir nos forces pour lutter contre cet homme qui ne représente que haine, intolérance et xénophobie", lance cette jeune lesbienne.
A côté, une autre femme d'une quarantaine d'années s'arrête pour intervenir. "Trump est dingue, il dit tout et n'importe quoi", dit Anne Shaw, avocate spécialisée dans les droits civiques à Chicago. Le vrai danger, prévient-elle, est le vice-président de Donald Trump, Mike Pence, héraut de la droite conservatrice anti-avortement. "Pence est fou !"
Personne ne s'attendait à une pareille claque. Certains se disaient anxieux en arrivant... mais qui imaginait que la fête se transformerait en enterrement ?
Au niveau -1 du centre Javits, les gens s'affalaient, pleurant, ou buvant des bières. Deux femmes regardaient dans le vide, la main sur le front, en silence. "C'est irréel", dit Margarita, jeune fonctionnaire.
Elle craint une nouvelle ère, pas seulement politique. Elle craint cette partie de l'Amérique qui a voté pour le populiste. "Nos vies ne sont plus en sécurité, en tant que femmes queer et femmes de couleur", affirme-t-elle, cherchant ses mots, sans trop savoir quoi dire.
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Deux Amériques
Le thème de l'ignorance revenait souvent.
"Ils ont sûrement raté l'école", lâche Elmy Bermejo, venue exprès de San Francisco. "Ils ne connaissent pas l'histoire et ne comprennent rien au monde".
Mais elle tente de positiver. "Après un shot de tequila, je vais reprendre mes esprits et faire tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'il ne soit pas réélu, car c'est ça, la démocratie".
Le choc dominait sur la colère. Surtout à New York, dans cet îlot progressiste, si loin des campagnes où une autre Amérique s'est révoltée contre les Obama et les Clinton du monde. "On savait que ce serait serré, mais pas si serré", affirme Evynn Stengel, 22 ans, qui avait commencé à boire avant même l'annonce des résultats.
"J'ai l'impression qu'on vit dans une bulle à New York, pour moi voter pour Trump est aberrant".
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13 h 50, le 10 novembre 2016