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Culture - Scène

À la gloire d’un théâtre pur et simple

Issam Bou Khaled et Fadi Abi Samra ont ouvert une nouvelle page sur les planches du Tournesol. Une « Page 7 » chargée de rires, de larmes et d'émotions. Pour le bonheur de tous.

Issam Bou Khaled et Fadi Abi Samra, un tandem d’enfer qui a atteint des sommets de poésie, même dans la grossièreté du langage.

On attendait avec impatience ce moment où le théâtre allait renaître de ses cendres. Les spectateurs (beaucoup de jeunes, et c'est une bonne chose...) attendaient, assoiffés, cet instant où le vrai théâtre allait dépoussiérer la quasi-totalité des comédies à la pelle qui se jouent dernièrement, dans le classique, le cliché, le monotone.
Issam Bou Khaled et Fadi Abi Samra, tous deux « énormes » acteurs, issus apparemment d'un même gène de comédien, éclos d'un même bourgeon, habitent la scène, enveloppent le public de leur générosité et témoignent non seulement de leur faculté à se métamorphoser, à se muter en personnages, dès que leurs pieds foulent les planches, mais aussi de leur manière à élever un chant d'amour au théâtre.

Dans les limbes ?

Dans cette Page 7* qui n'existe presque pas, comme ce Godot que Samuel Beckett attendait, les deux comédiens ont l'allure de vagabonds. Habillés par Béchara Atallah, ils rappellent deux autres vagabonds célestes qui ont traversé le grand écran, à savoir Jeff Bridges et Robin Williams dans The Fisher King. Bouleversants de justesse, de modestie et d'authenticité, ils se détestent, se haïssent à mort. Mais ils s'aiment aussi à la folie. Avec cette folie furieuse qui étreint les personnages et ne les lâche plus. Une folie qui n'a pas de limites, pas de bornes et qui les égare dans un monde où le temps semble les avoir emprisonnés. Car si Issam Bou Khaled et Fadi Abi Samra sont seuls sur scène, ils donnent l'impression d'être étriqués, serrés l'un contre l'autre comme s'ils n'avaient pas leur place dans cette vie. Marginalisés ? Certes. Mis au banc de la société. Sans aucun doute. Mais plus que ça. On dirait que ces deux personnages n'existent pas pour tous ceux qui les entourent. Ils n'existent que l'un pour l'autre. Et au-delà de cela, ils existent pour le théâtre. Pour le simple acte de jouer. De s'annihiler, de s'effacer complètement par amour pour le geste théâtral.
Durant moins d'une heure (comme on aurait voulu que ce soit plus long et que cela ne s'arrête pas...), les acteurs passent des larmes aux rires et du grave au burlesque. Frères ennemis, alternant le jeu de dominant et dominé, ce tandem d'enfer atteint des sommets de poésie, même dans la grossièreté du langage. Les deux clowns tristes se sont coltinés l'un contre l'autre sous un petit espace de lumière sur la grande scène épurée et obscure du Tournesol. Ils se sont posés sous ce rai de lumière et, par leur jeu, ont éclairé la salle entière.

*Page 7 sera rejouée samedi et dimanche prochains à 20h30 au Théâtre Tournesol, rond-point Tayyouné.

On attendait avec impatience ce moment où le théâtre allait renaître de ses cendres. Les spectateurs (beaucoup de jeunes, et c'est une bonne chose...) attendaient, assoiffés, cet instant où le vrai théâtre allait dépoussiérer la quasi-totalité des comédies à la pelle qui se jouent dernièrement, dans le classique, le cliché, le monotone.Issam Bou Khaled et Fadi Abi Samra, tous deux...

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