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Liban - Archéologie

Dix sépultures romaines exhumées à Batroun

L'aménagement d'une extension de San Stefano Resort est à l'origine d'une fouille archéologique préventive menée par la DGA à Batroun où la nécropole romaine continue de se dévoiler.

Un des 17 squelettes exhumés. Photos DGA

Dans les zones à risques archéologiques, toute nouvelle construction est précédée par un affouillement pour éviter les risques d'atteinte au patrimoine. San Stefano Resort va bientôt lancer des travaux d'une extension neuve liée à ses bâtiments principaux. À l'emplacement de la future construction, une équipe d'archéologues de la Direction générale des antiquités (DGA) a entamé l'exploration du sol il y a une dizaine de jours, afin de déterminer si le site choisi ne contient pas dans son sous-sol des vestiges méritant des mesures de sauvegarde, méritant d'être préservés de manière à étudier les éléments significatifs du patrimoine archéologique qui peuvent être menacés par les travaux d'aménagement. D'autant que le périmètre a déjà révélé une nécropole romaine.

Les fouilles préventives sont « presque » terminées, a indiqué la responsable du chantier archéologique, Samar Karam. « Dix-sept tombes datent de l'époque romaine avec des squelettes entiers, précise-t-elle. Le sexe de tous les individus inhumés a été déterminé : il y a des femmes, des hommes et des enfants. Les corps n'étaient pas déposés à même le sol. La présence des clous dans les sépultures atteste de la nature des contenants : des coffrages de bois qui n'ont pas résisté au temps. Aucun matériel associé à la même période n'a été trouvé dans les tombes. » Par contre, deux bols en céramique remontant à l'époque hellénistique ont été mis au jour ainsi qu'une pièce de monnaie et une bague en fer. Celles-ci « n'ont pas encore été nettoyées, ni datées, et je ne peux donc fournir des informations précises », ajoute l'archéologue.

 

(Lire aussi : La plus grande collection au monde de sarcophages anthropoïdes désormais à Beyrouth)

 

 

La plus belle muraille phénicienne
À 30 kilomètres au nord de Byblos, Batroun est une ville historique où se croisent diverses périodes. Mentionnée dans les tablettes d'el-Amarna où elle apparaît comme l'une des possessions de cette dernière, Batroun offre « le plus bel exemple » de mur phénicien taillé du Liban. Il semble être l'élément premier à partir duquel s'est élaboré le plan de la vieille cité. Face à la mer, la muraille s'étire sur une longueur de 220 mètres au pied du promontoire long de quelque 550 mètres. Son tracé est presque rectiligne. Sa hauteur maximale est de 5 mètres pour une largeur moyenne de 1 à 2 mètres. Au sud, le mur s'achève abruptement à quelques mètres du rivage.

À l'époque romaine, la ville a connu un prestigieux destin. Ses habitants étaient citoyens de l'empire. Sous Auguste, elle avait le droit de battre sa propre monnaie. Mais que reste-t-il de cette période ? Jusqu'à ce jour, seule une partie des gradins d'un amphithéâtre romain ont été mis au jour, dans le jardin de la propriété privée de Joseph Jammal. Le site est ouvert au public.

Le violent tremblement de terre de 551 après J.-C. a détruit des centaines de cités levantines, dont Batroun. La ville disparaît des registres de l'histoire, pour ne réapparaître qu'au XIIe siècle, sous la domination des croisés où elle est attachée au comté de Tripoli. Selon certains textes, « les fortifications de Batroun étaient extrêmement fragiles à cette époque ; de ce fait, les maisons furent construites les unes à proximité des autres, transformant la ville en un bloc de bâtiments compact, facile à défendre ». Une forteresse, dont quelques vestiges ont pu survivre jusqu'à aujourd'hui, fut érigée au centre de la ville. L'importance de Batroun déclina durant la période des Mamelouks, et la ville ne put se remettre sur pied avant le XIXe siècle. Les voyageurs européens des XVIIe et XVIIIe siècles la décrivirent comme « détruite et presque abandonnée ».

Mais dès le milieu du XIXe siècle, grâce à l'introduction de l'industrie artisanale, comme le tabac, le sel, le nettoyage des éponges, le dévidage des cocons de vers à soie et autres, Batroun, chef-lieu du caza du même nom, attire une population hétérogène et retrouve sa prospérité. Les églises Saint-Georges des grecs-orthodoxes, Notre-Dame de la Place des maronites, la cathédrale Saint-Étienne des maronites, ainsi que les nombreuses maisons traditionnelles décorées de fresques murales attestent d'une belle renaissance. Batroun est juste splendide.

 

 

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