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À La Une - France

L'imposant centre orthodoxe russe de Paris inauguré sans Poutine

Le chef de l'Etat russe a affirmé dans un message officiel lu en son nom  (...) que le nouveau centre était "le témoignage de la solidité des relations bilatérales franco-russes".

Le prestigieux "centre spirituel et culturel orthodoxe" russe, surplombé par les bulbes dorés de sa cathédrale, a été inauguré mercredi à Paris, à deux pas de la tour Eiffel, sans Vladimir Poutine et sans grand faste. Photo REUTERS/Regis Duvignau

Le prestigieux "centre spirituel et culturel orthodoxe" russe, surplombé par les bulbes dorés de sa cathédrale, a été inauguré mercredi à Paris, à deux pas de la tour Eiffel, sans Vladimir Poutine et sans grand faste, du fait des tensions entre Paris et Moscou sur le dossier syrien.

A l'origine, les Russes avaient prévu une grande cérémonie pour l'ouverture de ce complexe construit à la demande du patriarcat de Moscou et conçu comme une "vitrine de la civilisation russe", pour un coût de plus de 170 millions d'euros entièrement financés par l'Etat russe.
"Nous remercions le président Poutine en particulier. Sans son engagement personnel rien n'aurait été possible", a déclaré Mgr Antoine, évêque de Bogorod, à la presse. Le prélat représentait le patriarche de Moscou et de toute la Russie, Kirill, qui est attendu le 4 décembre pour la consécration de la cathédrale de la Sainte-Trinité, le clou du complexe, avec ses cinq dômes dorés à l'or mat, visibles depuis les berges de la Seine.

La présidence française ayant fait savoir qu'en pleine crise syrienne, l'heure n'était pas aux "mondanités", le président russe a décidé d'annuler sa visite prévue de longue date en vue de cette inauguration.
Le chef de l'Etat russe a affirmé dans un message officiel lu en son nom par son ministre de la Culture Vladimir Medinski que le nouveau centre était "le témoignage de la solidité des relations bilatérales franco-russes".

Vladimir Poutine devait retrouver le président François Hollande mercredi soir à Berlin, pour un sommet consacré à l'Ukraine précédé par une réunion sur la Syrie.
Dans un communiqué transmis par le Kremlin il a qualifié la réalisation du complexe culturel parisien de "très difficile" mais a remercié les autorités françaises pour leur "soutien continu".

 

(Pour mémoire : Coup de froid diplomatique entre Moscou et Paris)


Feuilleté de pierre et de verre
Le projet, né à l'automne 2007 lors d'une visite de feu le patriarche de l'Eglise orthodoxe russe Alexis II, avait alors reçu le soutien du président français Nicolas Sarkozy, en plein rapprochement alors entre Paris et Moscou.

Une fois le site trouvé - plus de 4.000 m2 au cœur de la capitale -, un premier projet architectural avait essuyé le veto de la mairie de Paris, qui jugeait son "ostentation" inadaptée. Des querelles judiciaires ont ensuite entouré le statut diplomatique du site. Le bâtiment épuré, dessiné comme un feuilleté de pierre et de verre par l'architecte français Jean-François Wilmotte, a aussi fait couler beaucoup d'encre.

Au-delà des questions esthétiques, plusieurs médias français se sont alarmés que le site puisse abriter un système d'écoutes espion, à proximité de plusieurs bâtiments officiels, comme le ministère des Affaires étrangères et de nombreuses ambassades. L'ambassadeur russe Alexandre Orlov a déclaré en mars dernier que Vladimir Poutine avait lui-même assuré qu'il n'y avait "aucune antenne". "De toute façon, on n'a plus besoin des antennes aujourd'hui, avec les moyens modernes", avait-il plaisanté en précisant que "les curieux pourront toujours se rassurer en constatant par eux-mêmes qu'il n'y a rien" de caché dans les bulbes.

Ce bâtiment, "nous pouvons en être fiers nous les Parisiens, c'est une histoire nouvelle au pied de la tour Eiffel", a tranché mercredi la maire socialiste de Paris, Anne Hildago. Avec elle, seul le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, était présent pour l'inauguration, aux côté du député d'extrême droite Gilbert Collard.

 

(Lire aussi : Que peuvent faire les Occidentaux face aux Russes en Syrie ?)


Dans la communauté orthodoxe parisienne, certains voient d'un mauvais œil cette grande visibilité donnée à la puissante Eglise de Moscou - qui rassemble la moitié des 250 millions d'orthodoxes dans le monde -, jugée conservatrice, nationaliste et très proche de Vladimir Poutine.

Paris abrite déjà plusieurs lieux orthodoxes, comme la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky de la rue Daru, rattachée au Patriarcat œcuménique de Constantinople, ou la petite église des Trois-Saints-Docteurs, rue Pétel, rattachée au patriarcat de Moscou. Dans la région parisienne, le cimetière et la petite église Notre-Dame-de-l'Assomption à Sainte-Geneviève-des-Bois, où se trouvent inhumés depuis 1927 plus de 10.000 Russes venus en France à la suite de la révolution de 1917, attirent aussi de nombreux fidèles.

Le nouveau centre spirituel comprend un centre culturel (librairie, salles d'exposition et cafétéria), une maison paroissiale dotée d'un auditorium de 200 places, les bureaux du service culturel de l'ambassade de Russie et une école primaire bilingue franco-russe.

 

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