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Économie - Liban - Interview

Karim Atiyeh : L’ exit est le but final de toute start-up

Paribus, une start-up new-yorkaise proposant une application de gestion des remboursements d'achats en ligne, a été rachetée la semaine dernière, pour un montant non communiqué, par la banque américaine Capital One. Son cofondateur libanais Karim Atiyeh, 26 ans, revient sur ce rachat.

Karim Atiyeh, cofondateur de Paribus. Photo DR

Un peu plus de deux ans après sa création, Paribus a été intégralement rachetée par Capital One. Pouvez-vous revenir sur les origines de ce succès rapide ?

J'ai quitté le Liban en 2007 après mes études secondaires à Jamhour pour suivre des études d'ingénierie informatique à Harvard. C'est là que j'ai rencontré Eric Glyman (l'actuel PDG de Paribus) et plus tard l'idée nous est venue de créer cette application qui permet au client de se faire rembourser automatiquement lorsqu'il a acheté en ligne un article dont le prix a aussitôt baissé ou dont le coût s'est avéré plus élevé que sur un autre site. Car les sites de e-commerce ont généralement une politique de remboursement, et les prix changent énormément.
Durant l'été 2014, nous avons donc créé ensemble Paribus. L'application compare les prix et nous gérons nous-mêmes la procédure de remboursement contre une commission (25 %) sur le montant. Début 2015, nous avons injecté 120 000 dollars de fonds – issus pour une part d'un apport personnel et aussi d'un investisseur externe. Finalement, tout a vraiment changé en mai 2015, lorsque nous avons été sélectionnés pour participer à la conférence TechCrunch Disrupt, puis nous avons eu un entretien avec l'accélérateur Y Combinator, le meilleur du monde, et nous avons été sélectionnés pour un séjour de 3 mois à la Silicon Valley. Cette période a été cruciale pour Paribus car à la fin de ces trois mois, nous avons présenté notre projet devant les plus gros investisseurs de la Silicon Valley, ce qui nous a permis de lever plus de 2 millions de dollars de fonds et de passer de 1 000 utilisateurs à 27 000 en trois mois.
Nous avons pu recruter une équipe, et aujourd'hui nous avons atteint les 800 000 utilisateurs et comptons atteindre le million avant la fin de l'année.


(Lire aussi : Un nouvel incubateur pour les start-up libanaises)

 

Quel est l'intérêt de se faire racheter par une grande banque et que va changer cette acquisition pour Paribus ?
L'« exit » est le but final de toute start-up. Or cette sortie peut se faire soit par une introduction en Bourse, soit par une acquisition. L'introduction en Bourse peut être très risquée et nécessite de gérer de nombreuses contraintes, même si cela permet d'accélérer la trajectoire de sa start-up. Pour nous, l'acquisition était moins risquée et nous étions dans une très bonne position pour lever des fonds quand Capital One nous a approchés.
Capital One est une banque qui a commencé en tant que start-up dans les années 90 et le PDG est lui-même le fondateur de cette banque, donc nous la voyons d'une autre manière qu'une banque plus traditionnelle. Ce n'est pas tant une banque qu'une compagnie technologique qui fournit des services bancaires et nous permet par ailleurs de rester une unité indépendante. Elle a d'ailleurs acheté plusieurs autres start-up de premier ordre (Bundle, BankOns, Adaptive Path, Level Money et Monsoon, NDLR).
Désormais, nous avons plus de capital, ce qui nous permettra de hisser notre compagnie à un plus haut niveau. Nous comptons atteindre les 10 millions d'utilisateurs d'ici à trois ans et développer de nouveaux services, pour les étendre aux achats liés aux voyages, comme pour les billets d'avion, les hôtels ou les locations de voitures. Nous fournirons ensuite nos services pour les abonnements en ligne, comme Netflix ou Dropbox... Mais tout cela nécessite d'étudier encore beaucoup de détails techniques.

Envisagez-vous d'introduire Paribus au Liban ? Du fait de l'importance du secteur bancaire libanais, l'écosystème local aurait-il intérêt à se spécialiser davantage dans la FinTech ?
Je ne pense pas que cela ait un sens de développer ce service au Liban, car il n'y a pas de maturité encore dans le secteur du commerce en ligne, notamment au niveau des politiques de remboursement comme aux États-Unis, et c'est justement sur ces politiques que nous basons notre technologie.
Pour que l'écosystème au Liban rencontre un réel succès, les start-up libanaises doivent être créées dans une optique de toucher tous les marchés et non pas seulement le marché libanais. Le Liban est un petit marché, au niveau de la population, mais aussi au niveau des investisseurs. Il manque encore de créativité, qui s'appuie davantage sur des technologies de rupture (« disruptives » en anglais). Car les start-up doivent se différencier via la technologie qu'ils utilisent, pas seulement grâce à la marque ou la qualité du service.
Quant à la FinTech, tant que les banques ne donneront pas plus de valeur à la technologie, comme c'est désormais le cas aux États-Unis, je doute que ce secteur puisse réellement se développer.

 

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Un peu plus de deux ans après sa création, Paribus a été intégralement rachetée par Capital One. Pouvez-vous revenir sur les origines de ce succès rapide ?
J'ai quitté le Liban en 2007 après mes études secondaires à Jamhour pour suivre des études d'ingénierie informatique à Harvard. C'est là que j'ai rencontré Eric Glyman (l'actuel PDG de Paribus) et plus tard l'idée...

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