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Liban - Décryptage

Un compromis qui ouvre les appétits

À 25 jours de la date fixée pour la séance parlementaire de l'élection présidentielle, le suspense est maintenu, les différentes parties soufflant le chaud et le froid en une même journée. Les Libanais sont divisés entre les sceptiques et les optimistes, les premiers estimant que les contacts actuels ne sont que de la poudre aux yeux et les seconds étant au contraire convaincus que l'élection présidentielle est devenue imminente.

Face à une telle confusion dans les opinions, il est bon de faire un point dépassionné.
Le retour de Saad Hariri à Beyrouth et la série de contacts qu'il a menés avec des personnalités politiques, dont le général Michel Aoun, ont fait bouger le dossier présidentiel qui était entré dans une sorte de sommeil comateux. Après avoir longtemps hésité et attendu des signaux venant de l'Arabie saoudite, perdant entre-temps une partie de sa crédibilité et de son leadership, comme cela s'est traduit à travers les élections municipales du printemps dernier, Saad Hariri s'est donc finalement résolu à appuyer la candidature de Aoun à la présidence. Selon les milieux proches du chef du courant du Futur, ce dernier a communiqué sa décision à son entourage, en dépit de certains grincements de dents. Il semblerait donc que M. Hariri n'ait plus vraiment le choix tant au niveau de son leadership qu'à celui de sa situation financière.

 

(Lire aussi : Pour Hariri, il ne faut pas s'y méprendre : Le Liban ne peut durer sans président, la situation, par Sandra Noujeim)

 

De fait, depuis quelques mois et face à l'éclipse de Saad Hariri, de nouvelles figures ont émergé au sein de la rue sunnite, ambitionnant de prendre la relève sur le plan du leadership. En dépit de ses visites à Tanger (où le roi Selmane d'Arabie a passé trois semaines de vacances) et à Riyad, il n'a pas été reçu par des responsables saoudiens pour pouvoir les mettre au courant de sa situation ou pour solliciter leurs conseils, voire leur aide. Désormais, la situation est devenue intenable pour lui, au point qu'il serait décidé à franchir le pas, sans plus attendre un signal saoudien. D'autant que son aval à la candidature de Aoun lui ouvre le chemin du Sérail, selon le critère du choix de la personnalité la plus populaire au sein de sa communauté. C'est en tout cas le climat véhiculé aussi bien par les proches de Hariri que par ceux du général Aoun.

À Rabieh aussi, on estime que le temps n'est pas un allié. L'État et ses institutions sont mis à mal par cette paralysie prolongée et même la base aouniste commence à ne plus supporter cette attente qui s'éternise, sachant que les pressions locales et internationales se font de plus en plus pesantes pour accélérer l'élection d'un président. La position du CPL devient de plus en plus compliquée entre le refus de laisser les institutions fonctionner normalement en l'absence d'un président et la volonté de faire élire Aoun parce qu'il est le chrétien qui a la plus grande assise populaire chrétienne, depuis notamment l'appui du chef des Forces libanaises à sa candidature.

 

(Lire aussi : Kanaan, à Meerab, refuse de soumettre l'élection d'un président à des conditions préalables)

 

À ces deux considérations, il faut ajouter un contexte régional et international favorable à l'arrivée du général Aoun, dans le sens où l'Arabie saoudite qui avait posé un veto à son élection est aujourd'hui trop occupée par d'autres problèmes pour se soucier du dossier présidentiel libanais. L'Iran de son côté a donné carte blanche au Hezbollah pour gérer ce dossier selon ses propres intérêts, alors que l'administration américaine n'a plus la possibilité d'intervenir dans les dossiers régionaux, puisqu'elle est désormais en sursis en attendant l'élection d'un nouveau président. L'Europe n'a pas d'agenda véritable au Liban sinon le souci de maintenir les déplacés syriens dans ce pays pour éviter de nouveaux flux de migrants chez elle. Quant à la Russie, sa priorité est la Syrie et elle n'est pas vraiment soucieuse de savoir qui s'installera au palais de Baabda. Reste le Vatican qui, lui, souhaite une élection présidentielle au plus vite, indépendamment de l'identité de l'élu.

Ce contexte de désintérêt régional et international pourrait toutefois changer avec l'élection présidentielle américaine. C'est pourquoi les Libanais disposent d'un laps de temps limité pour parvenir à une entente entre eux. Saad Hariri et Michel Aoun ont voulu saisir cette opportunité pour conclure un accord qui amènerait Aoun à Baabda et Hariri au Sérail. Mais comme il s'agirait d'un accord sans le parrainage régional et international habituel, les appétits des autres parties politiques se sont ouverts, chacune voulant connaître sa part (ou l'agrandir) dans le gâteau des présidences. Le président de la Chambre a ainsi multiplié, ces derniers jours, les déclarations peu encourageantes ainsi que ce qui ressemble fort à des conditions pour accepter l'élection de Aoun à la présidence et le retour de Hariri au Sérail. Le leader druze Walid Joumblatt se contente de tweets sceptiques et le chef des Marada enchaîne les critiques.
Pour ceux qui croient à l'imminence de l'élection, ces réactions négatives sont l'indice du sérieux de la démarche actuelle. Pour les autres, elles sont la preuve que l'accord n'est pas près d'être conclu en raison d'une forte opposition interne. Et le Hezbollah dans tout cela ?

Les sources proches de cette formation affirment que depuis le début, le Hezbollah a déclaré son appui à la candidature du général Aoun et lui a fait savoir qu'il serait prêt à intervenir auprès du président de la Chambre, mais seulement lorsqu'il sera sûr des intentions de Saad Hariri. Ce moment est-il arrivé ? Pour l'instant, des médiations sont menées pour rapprocher les points de vue entre le président de la Chambre et le chef du bloc du Changement et de la Réforme. Elles pourraient aboutir à une visite de Aoun à Aïn el-Tiné, mais en attendant, comme le dit le président de la Chambre, il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

 

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commentaires (4)

Et pourquoi pas Geagea? Avec l'appui de Aoun a Geagea, les chretiens seront autant et meme plus represente par Geagea que par Aoun grace au Kataeb et aux independants en plus Les voix du Futur lui sont aussi acquis et il a fait 11 ans de prison au lieu d'une vie luxieuse a Paris Il le merite plus donc Allez m Aoun , accepter pour une fois que vous n'etes pas le seul Maronite presidentiable du Liban et le plus fort

LA VERITE

18 h 07, le 06 octobre 2016

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Commentaires (4)

  • Et pourquoi pas Geagea? Avec l'appui de Aoun a Geagea, les chretiens seront autant et meme plus represente par Geagea que par Aoun grace au Kataeb et aux independants en plus Les voix du Futur lui sont aussi acquis et il a fait 11 ans de prison au lieu d'une vie luxieuse a Paris Il le merite plus donc Allez m Aoun , accepter pour une fois que vous n'etes pas le seul Maronite presidentiable du Liban et le plus fort

    LA VERITE

    18 h 07, le 06 octobre 2016

  • hahaha contradiction dans un seul article on ne sait plus cacher les veritees !! lool

    Bery tus

    16 h 03, le 06 octobre 2016

  • D'abord merci pour ce retour aux affaires Scarlett, vos articles et votre professionnalisme nous avait manqué . Notre région est connue pour ses prouesses en matière de négociations byzantines , je pense que le marquis de saad est cuit financièrement et politiquement , ses tours du monde n'ont servi qu'à nous faire perdre du temps, mais il n'est jamais trop tard pour apprendre à bien faire , il entrera dans le trou de souris que ses sauveurs de l'alliance du CPL/HEZB lui auront indiqué. Vous savez Scarlett , pour qu'une digue cède , la 1ere fissure est la plus dure à obtenir , une fois celle-ci entamée, le reste coulera de source. Enfin les libanais boivent de cette eau libératrice qui fera grand bien à notre pays .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 41, le 06 octobre 2016

  • LE BLANC NOIR ET LE NOIR BLANC COMME A L,ORDINAIRE ! TOUT CET ARTICLE EST SERVI POUR DEVIER LES CULPABILITES DE L,IRAN, DU HESBOLLAH ET DE BERRY... ET DE RENIER LE FEU VERT DES SAOUDIENS A HARIRI CONFESSE PAR AOUN MEME... BOBARDS ET BOURDES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 15, le 06 octobre 2016

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