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À La Une - Etats-Unis

Le président philippin envoie Obama "au diable" au 1er jour de manœuvres militaires conjointes

Rodrigo Duterte menace de réorienter ses alliances au profit de Moscou et Pékin.

Le président philippin Rodrigo Duterte a envoyé mardi "au diable" son homologue américain Barack Obama, menaçant de réorienter ses alliances au profit de Moscou et Pékin au premier jour de manœuvres militaires conjointes entre les deux pays. AFP / TED ALJIBE

Le président philippin Rodrigo Duterte a envoyé mardi "au diable" son homologue américain Barack Obama, menaçant de réorienter ses alliances au profit de Moscou et Pékin au premier jour de manœuvres militaires conjointes entre les deux pays.

Connu pour son franc-parler et son franc-parler mâtiné d'injures, le président philippin a depuis son investiture fin juin multiplié les critiques contre les États-Unis, ancienne puissance coloniale avec laquelle Manille est lié par un traité de défense mutuelle en cas de guerre. "J'ai perdu mon respect pour l'Amérique", a déclaré M. Duterte, se plaignant dans deux discours des appels au respect des droits de l'Homme dans son pays lancés par les États-Unis, les Nations unies et l'Union européenne. "Allez au diable, M. Obama", a-t-il lancé.

Rodrigo Duterte a qualifié les Américains d'"hypocrites", mettant en garde contre une possible remise en cause de leur alliance bilatérale. "Finalement, je pourrais pendant mon mandat rompre avec l'Amérique. Je me tournerais plutôt vers la Russie ou la Chine. Même si nous ne sommes pas d'accord avec leur idéologie, ils ont du respect pour le peuple. Le respect est important", a-t-il dit.

Le président Duterte, qui a fait de la lutte contre la drogue sa première priorité, a affirmé qu'il serait "heureux de massacrer" pour cela des millions de drogués. L'avocat populiste s'est attiré les critiques des organisations de défense des droits de l'Homme et de certaines capitales étrangères - dont Washington - pour la brutalité de la "guerre contre le crime" qu'il a déclenchée à son arrivée au pouvoir, qui s'est traduite par la mort de plus de 3.300 personnes.

Loin de se laisser impressionner par les réserves internationales, M. Duterte n'a jamais dérogé à son attitude de défi vis-à-vis de l'étranger. Ces derniers jours, il a affirmé que les manœuvres conjointes avec les États-Unis qui ont débuté mardi seraient les premières et dernières de son mandat, et menacé de dénoncer le pacte de défense conclu par son prédécesseur Benigno Aquino. Celui-ci prévoit une augmentation des effectifs militaires américains dans l'archipel pour contrer l'expansionnisme chinois en mer de Chine méridionale.

"La relation n'a pas changé"
"Les Américains, je ne les aime pas", a-t-il affirmé dimanche. "Ils me réprimandent publiquement. Alors je leur dis: +Allez vous faire voir! Allez vous faire foutre!+", a-t-il poursuivi, tout en laissant à nouveau entendre qu'il souhaitait réorienter la diplomatie philippine vers Pékin et Moscou.

La semaine dernière, il avait avancé que la CIA projetait de l'assassiner, quelques semaines après avoir qualifié Barack Obama de "fils de pute" quand il avait appris que ce dernier prévoyait d'évoquer avec lui la question des droits de l'Homme. M. Duterte a soulevé vendredi l'indignation en faisant un parallèle entre sa campagne contre le crime et l'extermination de six millions de Juifs par Adolf Hitler, avant de présenter ses excuses dimanche.

Les manœuvres américano-philippines, qui impliquent 2.000 militaires des deux pays, doivent durer jusqu'au 12 octobre et incluent des exercices dans les eaux proches de zones de mer de Chine méridionale, au cœur du contentieux avec Pékin. La Chine revendique l'essentiel de cette mer, y compris sur des zones très proches des côtes de nombreux pays d'Asie du Sud-Est. Elle s'est engagée dans des opérations de construction d'îlots artificiels et de bases militaires sur de minuscules récifs disputés.

La Cour permanente d'arbitrage (CPA) de la Haye a donné raison à Manille le 12 juillet, en estimant que la Chine n'avait aucun "droit historique" sur cette mer stratégique. Mais M. Duterte s'est refusé à utiliser cette décision pour faire pression sur la Chine. Au contraire, il a affirmé qu'il n'y aurait plus de patrouilles communes en mer avec les États-Unis.
Pour autant, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a estimé jeudi que l'alliance américano-philippine était en "béton armé". Et le porte-parole du ministère philippin de la Défense, Arsenio Andolong, a déclaré à l'AFP que "la relation (avec l'armée américaine) n'a pas changé".

 

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