Les succès d’un Libanais en Australie

Il avait lancé sa première bière en 2006, baptisée 961 Beer, un peu en référence au code du Liban, beaucoup en signe de résistance et de solidarité avec le pays qui souffrait alors des désastres et des désespoirs de la guerre de juillet. Mazen Hajjar a quitté l'univers des banques et des compagnies d'aviation dans lesquels il baignait, pour (se) plonger dans celui de la bière. Passionné, méticuleux et perfectionniste, il apprend seul, ou entouré de ses amis et complices, et peu à peu, à coup d'essais, de dégustations, de voyages, il apprivoise le produit, les ingrédients, découvre les meilleures machines et aboutit au résultat espéré. La 961 sera développée, déclinée en plusieurs genres et est actuellement exportée dans 26 pays, dont l'Australie. Il y est encore actionnaire mais n'est plus gestionnaire.
Et parce que le monde est petit pour cet aventurier pragmatique, l'entrepreneur décide de s'embarquer en Australie, justement, à Melbourne, terre de la bière et des buveurs de bière. Il se lance, avec un partenaire et ami libanais, Joseph Abboud, dans un nouveau défi. Le pari n'est pas facile. En un an, venu se rajouter aux neuf années passées à mettre au point de nouvelles recettes, et quelque 3 millions de dollars d'investissement, sa bière artisanale baptisée Hawkers (« colporteurs » ou « marchands ambulants » en anglais), ne cesse de glaner des prix et figure à la une de toutes les revues spécialisées.
Après une année 2015 fructueuse en succès et victoires, Hawkers vient d'obtenir le Brewer of the Year Oceania et le Supreme Champion Brewer à l'International Beer Challenge à Londres, ainsi que de nombreuses médailles. Il a également décroché neuf médailles à l'Australian International Beer Awards, une pour chaque genre de bière présentée. En 18 mois, le label est passé de la production de 600 000 litres par an à 4 000 000 litres et est devenu une des plus grandes brasseries indépendantes en Australie.
Le défi a (vite) été relevé. Et ce n'est pas fini ! Sans doute, être parmi les meilleurs consolera-t-il Mazen Hajjar d'être parfois (géographiquement) si loin du pays.