Après des années de discrétion, l'Iran cache de moins en moins son implication dans le conflit syrien et les recruteurs exercent désormais ouvertement au nom de la défense de la République islamique et des chiites en péril face aux extrémistes sunnites.
Les volontaires, encouragés par une opinion acquise à leur cause, sont aujourd'hui trop nombreux pour être effectivement envoyés en Syrie, selon un ancien combattant interrogé par Reuters, ce que confirment des cadres militaires.
Téhéran s'est très tôt impliqué militairement aux côtés du président Bachar el-Assad mais ne parlait que de "conseillers", un discours difficile à tenir quand les pertes iraniennes s'élèvent à 400 morts. La République islamique compterait aujourd'hui plusieurs milliers d'hommes en Syrie, où ils participent à la lutte contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI) et les insurgés sunnites soutenus par les monarchies du Golfe.
Longtemps hostiles à cette implication, les Iraniens, qui n'avaient guère de sympathie pour Assad, sont de plus en plus nombreux à considérer l'EI comme une menace pour l'existence de leur pays qu'il vaut mieux combattre hors des frontières.
"La première ligne de défense de l'Iran se trouve en Syrie et en Irak", confirme Mojtaba, un volontaire qui cherche en vain à passer la frontière depuis deux ans.
A la différence de la Turquie, également très impliquée en Syrie, l'Iran a jusqu'ici été épargné par les attentats mais la presse annonce régulièrement le démantèlement de cellules jihadistes, ce qui alimente le réservoir de volontaires.
Pour l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution, "l'ennemi serait déjà dans le pays", si l'Iran ne s'était pas impliqué dans les conflits syrien et irakien.
Les autorités iraniennes présentent les volontaires comme des "défenseurs du mausolée", terme qui désigne la mosquée de la banlieue de Damas où se trouve la sépulture de Saydé Zeinab, petite fille de Mahomet et fille du premier imam chiite.
Les morts au combat sont considérés comme des héros et le lutteur iranien Saeed Abdevali leur a dédié la médaille de bronze qu'il a obtenue aux Jeux olympiques de Rio.
(Lire aussi : Démonstration de force de l'Iran dans un contexte de tension régionale)
Un prestige attirant
Le général Mohsen Kazemeini, commandant des gardiens de la Révolution à Téhéran, a reconnu le mois dernier que les volontaires étaient si nombreux "qu'un petit nombre seulement" était effectivement envoyé en Syrie, selon le site Defa Press.
Lassés d'attendre leur tour en Iran, certains devancent l'appel et se rendent par leurs propres moyens en Syrie pour aller protéger le mausolée de Saydé Zeinab, rapporte le site Modafeon, dédié aux "défenseurs".
Le recrutement s'étend même aux communautés chiites du Liban, d'Irak, d'Afghanistan et du Pakistan, ce qui accentue le caractère confessionnel du conflit.
"Ma motivation est la même que celle des Iraniens", témoigne un étudiant afghan installé à Mashad qui a combattu 45 jours à Alep et à Damas. "Nous combattons comme eux en Syrie, ce qui montre que notre cause va bien au-delà des frontières géographiques. Nous nous battons pour la défense de nos croyances sacrées et de l'idéologie chiite", poursuit-il.
"Quand j'ai été déployé, les gens n'étaient pas convaincus que notre combat pouvait changer quelque chose. Maintenant, ils respectent davantage les combattants parce qu'ils réalisent mieux la menace que les rebelles de Syrie et d'Irak représentent pour l'Iran."
Les volontaires afghans, nommés Fatemiyoun et qui combattent sous les ordres des gardiens de la Révolution, sont en outre attirés par la promesse de la naturalisation et par la solde, qui représente 400 euros par mois, selon un de leur chef interrogé par le site d'information Tsanim.
Pour les Iraniens, le prestige des volontaires est tel que certains vont jusqu'à prétendre avoir combattu en Syrie. En août, quatre hommes ont été arrêtés à Mashad pour "avoir essayé d'attirer l'attention en inventant des histoires au sujet de leur présence sur le front", selon une source judiciaire citée par Tasnim.
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LA LIBRE EXPRESSION
09 h 08, le 23 septembre 2016