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Culture - Exposition

Le monde, comme un pachyderme en suspens...

Quand deux artistes italiens entremêlent leurs œuvres à la galerie Mark Hachem de Beyrouth, cela donne un univers singulier, entre (hyper)réalisme et fantastique...

À la galerie Mark Hachem, aux côtés des images de Matteo Carassale, l’impressionnant bestiaire de Stefano Bombardieri dont ce rhinocéros, grandeur nature, écrasé dans un chargement de malles.

Une fillette hissant dans les airs un éléphant ligoté ; une autre tirant par un fil une baleine ; un rhinocéros, grandeur nature, écrasé dans un chargement de malles ; un petit hippopotame comprimé entre deux blocs de béton... C'est un travail sculptural en mode « temps suspendu », figé entre réel et fantastique, que présente le sculpteur italien Stefano Bombardieri à la galerie Mark Hachem jusqu'au 30 septembre*. Une quinzaine de pièces en bronze, ou, dans le cas des très grands formats en résine, sur le thème des pachydermes. Un bestiaire des temps antédiluviens reproduit avec un sens du détail et des textures hyperréaliste et pointu, mais placé dans des contextes et des situations invraisemblables... Et cependant éminemment contemporaines. Car le propos de cet artiste quarantenaire, ardent défenseur de la nature menacée et des espèces sauvages en voie d'extinction, est la dénonciation de l'incohérence du monde actuel. Et celle de l'absurde chemin vers lequel notre civilisation s'achemine dans sa course effrénée vers une homogénéité globale, urbaine et consumériste.

Bombardieri, lui, rêve de suspendre le temps qui condamne et comptabilise à rebours le nombre de rhinocéros, d'éléphants ou encore de gorilles restants sur la planète (723, est-il indiqué, en peinture rouge sur le torse d'un spécimen en bronze placé sur un piédestal dans un coin de l'exposition). Il voudrait les délivrer de leur condition de victimes en suspens... C'est pourquoi il les représente, animaux et êtres massifs (car il traite aussi à travers la figure du sumo le thème des civilisations en déliquescence) souvent en apesanteur, hissés au-dessus du sol au moyen de poulies et de courroies également sculptées. Paradoxalement, une même pièce réalisée en moyenne dimension délivre une certaine légèreté qui fait presque sourire. Tandis qu'à grande échelle, elle se charge d'une expression dramatique et devient le témoignage d'une cruauté pesante qui prête à réflexion.

Cheval et voiture au même trot
Réalité réinventée également, par un jeu de lumières et de contrastes parfaitement maîtrisé, dans les images de son compatriote Matteo Carassale. Lesquelles, accrochées sur les cimaises de la galerie Mark Hachem, s'accordent par les thèmes largement inspirés de la nature et de sa réalité concrète, et reconfigurés en narration onirique. Chez ce photographe voyageur, également engagé pour la préservation du patrimoine naturel et de la diversité des civilisations, l'art est un moyen de lutter contre le poids écrasant du temps. Ou plutôt des temps actuels. Que ce soit dans une image de jeunes hommes plongeant dans les eaux, dans celle d'un garçon à dos d'éléphant dans une clairière ou encore celle, d'une charmante poésie, du conducteur d'une Fiat tenant par une laisse son cheval de course, Carassale transcende la simple activité ordinaire en moment extraordinaire. Hors du temps...

* Mina el-Hosn, rue Salloum, imm. Capital Garden, rez-de-chaussée. Horaires d'ouverture : de lundi à samedi, de 10h à 20h. Tél. 70/949029.

 

 

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