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Photojournalisme : le Visa d’or « News » décerné à Aris Messinis

Le photographe grec de l'AFP a été primé pour sa couverture de la crise des migrants sur l'île grecque de Lesbos.

Aris Messinis, le visage émacié, le regard noir et un look de baroudeur, travaille comme photographe pour l’Agence France-Presse depuis 2003. Raymond Roig/AFP

Le photographe de l'AFP Aris Messinis, de nationalité grecque, a remporté le Visa d'or « News » du festival international de photojournalisme Visa pour l'Image de Perpignan, dans le sud de la France, pour son travail sur l'arrivée massive de migrants sur l'île de Lesbos, en Grèce, en 2015. « J'ai documenté leur lutte pour une vie meilleure », a déclaré Aris Messinis en recevant le prix à Perpignan, lors de la soirée de clôture de la semaine professionnelle du festival, ce week-end.
L'Agence France-Presse remporte donc pour la seconde année consécutive la plus prestigieuse récompense du festival, rendez-vous majeur du photojournalisme. L'an dernier, Bulent Kiliç, de nationalité turque, responsable de la couverture photo du bureau de l'AFP en Turquie, avait reçu le même prix pour ses images sur le passage de réfugiés à la frontière turco-syrienne en juin 2014. « Notre photographe Aris Messinis a réalisé un travail remarquable sur les migrants avec cette série forte, émouvante et dérangeante », s'est félicité le PDG de l'agence, Emmanuel Hoog, dans un communiqué. « Ce Visa d'or vient aussi récompenser l'ensemble des équipes de l'AFP qui rendent compte partout en Europe et au Moyen-Orient de la crise des migrants », a-t-il ajouté.
Les photos d'Aris Messinis, bouleversantes et prises au plus près de l'action – montrant des gilets de sauvetage et des débris de bateaux au pied d'une falaise, des hommes criant leur joie d'être arrivés, des opérations de sauvetage – ont fait le tour du monde. Responsable de la photo au bureau de l'AFP à Athènes, Aris Messinis, âgé de 39 ans et fils d'un photoreporter, travaille pour l'agence depuis 2003. Le conflit libyen, et notamment la bataille de Syrte, a été en 2011 son premier théâtre de guerre. Il s'est fait très vite remarquer par son talent et son courage. Pour cette couverture, il a reçu en 2012 le trophée photo du prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre. Il couvre ensuite la guerre en Syrie et, toujours, l'actualité grecque. Puis, à l'été 2015, Lesbos devient l'épicentre de la crise des migrants. Des milliers de réfugiés de Syrie, d'Irak et d'Afghanistan embarquent depuis les côtes turques sur des canots pneumatiques pour tenter de rejoindre l'île, porte d'entrée de l'Europe.
« Notre travail, c'est de montrer ce qui se passe. Et ce qui se passe à Lesbos, c'est ça. Pas seulement aujourd'hui. Tous les jours. Pourquoi empêcher le monde de le voir ? » questionnait le photographe dans un article du blog Making of de l'AFP et intitulé « Un billet pour Lesbos ». « Oui, je veux vous choquer ! Mais seulement pour vous faire comprendre ce qui se passe ici. Quelque chose de sinistre, d'horrible. Peut-être que si vous êtes choqué, cela s'arrêtera. Ce qui me choque le plus dans cette couverture, c'est de me dire qu'on n'est pas en zone de guerre. Qu'on travaille en zone de paix. Mais les émotions qui passent par mon objectif sont dignes d'une scène de guerre », a-t-il ajouté dans ce même article, poursuivant : « C'est dur aussi d'avoir à traduire les difficultés des gens, leur souffrance, alors qu'on ne court soi-même aucun danger. Quand on couvre une guerre, on est menacé aussi, alors on est d'une certaine façon davantage sur un pied d'égalité avec les gens qu'on photographie. Mais ici, on ne risque rien. C'est pourquoi, souvent, je lâche le boîtier et j'aide. C'est un besoin. C'est un réflexe humain normal. Nous essayons de garder une distance, d'être objectifs. Mais quelquefois, c'est bien de donner la main à quelqu'un qui en a besoin. C'est une décision personnelle. »

Sensibilité à fleur de peau
Ce supplément d'âme, cette humanité transparaissent dans ses photos. Elles donnent un visage, souvent bouleversant, à la catastrophe humanitaire qui s'est jouée sur cette petite île grecque. Avec Aris Messinis, les migrants, les réfugiés ne sont pas que des chiffres. Leur regard nous interpelle, on partage la joie de ceux qui sont arrivés au bout du voyage, on entend les cris de terreur de ceux que la mort a frôlés. « Ce sont des moments forts, d'un point de vue émotionnel. Je ne peux pas les décrire avec des mots, tu ressens tellement de choses en même temps, dit ce père de trois filles. J'ai essayé d'être aussi proche que possible d'eux, pour ressentir leurs souffrances. »
« On avait l'impression qu'il ne s'arrêtait jamais, il travaillait jour et nuit », témoigne Odile Duperry, directrice du bureau de l'AFP à Athènes. Il est « extrêmement courageux », il a « ses opinions et les affirme avec force, il est très entier ». Et, dans le même temps, il « aide les gens, les réfugiés, il a un grand cœur », poursuit-elle. « Aris a une sensibilité à fleur de peau. On la ressent tout de suite dans ses photos », abonde Stéphane Arnaud, rédacteur en chef photo de l'AFP. « Il sait saisir les temps forts, ceux qui vous sautent aux yeux, mais aussi les temps ''creux'', ceux pour lesquels il faut avoir un œil et un cœur. Que ce soit sur le vif ou à distance, il a toujours un sens inné du cadrage et un profond respect pour ceux qu'il photographie », ajoute-t-il.
De nombreux prix ont été remis lors du festival, qui se poursuit pour le grand public jusqu'au 11 septembre, dont le Visa d'or « Magazine » à Peter Bauza pour son reportage sur un complexe immobilier de Rio surnommé « Copacabana Palace », dont certains bâtiments inachevés sont occupés par des sans-abri.
(Source : AFP)

Le photographe de l'AFP Aris Messinis, de nationalité grecque, a remporté le Visa d'or « News » du festival international de photojournalisme Visa pour l'Image de Perpignan, dans le sud de la France, pour son travail sur l'arrivée massive de migrants sur l'île de Lesbos, en Grèce, en 2015. « J'ai documenté leur lutte pour une vie meilleure », a déclaré Aris Messinis en recevant le...
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