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Moyen Orient et Monde - Focus

Pourquoi l’État islamique n’arrive pas à faire son nid en Libye

Des forces loyalistes libyennes combattant les jihadistes de l’EI à Syrte. Mahmud Turkia/AFP

Ils avaient mis le cap sur la Libye. Déjà en septembre 2014 à Derna, avec l'allégeance des combattants du groupe Majlis Choura Chabab al-Islam à l'organisation État islamique (EI). Depuis, le groupe a progressé à l'est du pays, en Cyrénaïque, pour tenter d'imposer une nouvelle ligne de front dans sa conquête territoriale. S'il y a encore quelques mois l'Occident s'inquiétait du sort de Syrte, aujourd'hui les troupes gouvernementales sont en passe de reprendre l'éphémère fief de l'EI en Libye. Pays dans lequel l'organisation a montré ses faiblesses et son incapacité à pouvoir s'installer durablement. Si l'EI perd progressivement du terrain en Syrie et en Irak, les pertes sont arrivées beaucoup plus rapidement en Libye.

Combattre l'EI et contenir l'afflux de migrants
Pour Ronald Bruce St John, expert de la Libye et auteur de plusieurs livres sur le pays, si l'intervention des Occidentaux s'est faite aussi rapidement, c'est dû à deux priorités : « Contenir, sinon éliminer la menace de l'EI, mais aussi arrêter le flux des migrants clandestins en provenance du sud du Sahara », explique-t-il. Dès le 10 août 2015, grâce à l'aide des troupes américaines au sol, les forces gouvernementales libyennes ont pu récupérer le centre de commandement du fief de l'EI. Une semi-victoire qui annihile partiellement les velléités de l'organisation jihadiste dans le pays.

Mais si l'EI est en train d'échouer en Libye, c'est aussi grâce aux populations locales. En Irak, le programme de débaassification a considérablement restreint les possibilités économiques et politiques de la minorité sunnite. En Libye aussi, la loi d'isolement politique restreint les possibilités économiques et politiques des anciens membres et partisans du régime de Kadhafi. Dans les deux cas, l'échec des gouvernements postrévolution et la promotion d'un système socio-économique et politique inclusif où tous les citoyens pourraient avoir un avenir brillant conduisent à une minorité mécontente qui se révèle être un terrain de recrutement idéal pour les jihadistes. « Mais d'une manière générale, la population libyenne fait preuve de plus de résistance, car elle affiche des priorités bien différentes, qui sont la stabilité, la sécurité et la restauration de l'économie telle qu'elle était avant la révolution, grâce notamment à la reprise de la vente de pétrole et de gaz naturel », confie Ronald Bruce St John.


(Lire aussi : Au Moyen-Orient, la lutte contre l'EI peut attendre)


La Libye comme laboratoire de ce qui se passera en Syrie ?
L'intervention rapide des Occidentaux en Libye laisse penser qu'ils avaient peut-être tiré les leçons du front syrien, et de la fameuse ligne rouge à ne pas franchir. La réflexion peut même aller encore plus loin avec l'aide au sol de troupes américaines aux forces progouvernementales, ce qui ne s'est pas vraiment fait jusqu'à récemment en territoires syro-irakiens, où toute intervention au sol est proscrite. Ronald Bruce St John préfère expliquer la différence de ce conflit par ses motivations de départ. « Je pense que la situation en Libye est tout à fait unique et peu susceptible de se reproduire ailleurs. Pourquoi ? Parce que l'intervention occidentale se montre très limitée en Libye, car dirigée uniquement par deux priorités de départ, qui sont la lutte contre l'EI et l'immigration illégale, avec peu de coûts financiers, matériels et militaires. La situation en Syrie est bien plus complexe et englobe plus de problématiques en tous points incomparables », argumente l'expert.

Attention cependant à la gestion de l'après-prise de Syrte, qui mènera probablement à plus de conflits et de violence en Libye. Par exemple, les milices de Misrata qui ont soutenu le Congrès général national (CGN) ont subi de lourdes pertes dans les combats et vont essayer d'extraire un prix politique pour leur sacrifice. Une des indications de la situation vers laquelle nous nous dirigeons en Libye est le refus de la Chambre des représentants de soutenir le Conseil de la présidence et le gouvernement d'union nationale.


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Ils avaient mis le cap sur la Libye. Déjà en septembre 2014 à Derna, avec l'allégeance des combattants du groupe Majlis Choura Chabab al-Islam à l'organisation État islamique (EI). Depuis, le groupe a progressé à l'est du pays, en Cyrénaïque, pour tenter d'imposer une nouvelle ligne de front dans sa conquête territoriale. S'il y a encore quelques mois l'Occident s'inquiétait du sort...

commentaires (3)

CAR SIRTE N,EST PAS PERCEE...

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 12, le 30 août 2016

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Commentaires (3)

  • CAR SIRTE N,EST PAS PERCEE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 12, le 30 août 2016

  • ...parce que les bactéries de l'ei sont maintenues comme épée de Damoclès par leurs créateurs américanos-sio , et que le jour où ils le décideront , cad aux conditions qu'ils imposent aux lybiens , ils les éradiqueront purement et simplement ....

    FRIK-A-FRAK

    12 h 14, le 29 août 2016

  • Cette photo nous montre une action digne de ceux qui se croyent tout permis au nom de leur idéologie, comme les membres de l'EI en Syrie, en Irak etc. Vive le Liban démocratique, "chrétien" et libre, selon le CPL ! Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 20, le 29 août 2016

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