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Moyen Orient et Monde - Tribune

La Journée mondiale de l’aide humanitaire : honorer, mobiliser, sensibiliser...

Aujourd'hui 19 août, la Journée mondiale de l'aide humanitaire est célébrée à travers le monde. Cette Journée est l'occasion de rendre hommage aux travailleurs humanitaires qui risquent leur vie pour fournir une aide aux victimes de conflits ou de catastrophes naturelles. Elle est aussi l'occasion de mobiliser et sensibiliser l'opinion publique à l'assistance humanitaire et à préconiser un monde plus humain.
Cette date a été choisie par l'Assemblée générale des Nations unies pour commémorer l'attentat de 2003 cotre le siège des Nations unies à Bagdad qui avait causé la mort de 22 personnes, dont le représentant spécial de l'Onu en Irak Sergio Viera di Mello, des membres du personnel national et international de l'Onu et des visiteurs.
L'attentat de 2003 en Irak n'est malheureusement pas un incident isolé. Au cours des 20 dernières années, près de 4 000 travailleurs humanitaires ont été tués, blessés ou enlevés dans l'exercice de leurs fonctions. Le personnel recruté au niveau national encourt les plus grands risques pour fournir l'aide aux populations dans le besoin et représente plus de 80 % de ces victimes. En 2015 seulement, 284 travailleurs humanitaires ont été victimes d'attaques violentes – 108 ont perdu la vie, 107 ont été blessés et 69 enlevés. Plus de 60 % de tous les enlèvements signalés entre 2011 et 2015 ont eu lieu en Afghanistan, en Somalie et en Syrie.
Au cours de la dernière décennie, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté de nombreuses résolutions exigeant le respect du droit international humanitaire par les parties aux conflits, notamment la protection des populations civiles et des travailleurs humanitaires ainsi que des installations et infrastructures civiles telles les hôpitaux. Or les exemples de violations du droit international humanitaire sont nombreux, à l'instar de la ville d'Alep où un nouveau cycle de violence fait actuellement rage et où des dizaines d'installations médicales ont été endommagées ou détruites. Plus largement, les civils sont régulièrement pris pour cibles dans les conflits actuels, remettant en question les principes fondamentaux de précaution, de proportionnalité et de distinction qui caractérisent les règles relatives à la conduite des hostilités et la protection des populations civiles.
C'est préoccupé par un tel flagrant mépris du droit international et des principes d'humanité, que Médecins sans frontières a pris la décision de ne pas assister au Sommet humanitaire mondial qui s'est tenu à Istanbul en mai dernier. De nombreux acteurs humanitaires avaient plaidé pour que le Sommet soit l'occasion de réengager les dirigeants du monde à faire respecter le droit et les principes humanitaires. Malheureusement, le résultat n'a pas été à la hauteur des attentes et beaucoup des dirigeants des pays qui pèsent sur la scène internationale se sont ainsi tenus à distance.
Mettre fin à l'impunité des auteurs de violences contre les populations civiles et contre ceux qui apportent l'aide humanitaire contribuerait aussi aux efforts nécessaires pour faire respecter le droit international humanitaire. Les attaques contre les travailleurs humanitaires sont inacceptables, et elles représentent des violations graves du droit international humanitaire. Au cours des dernières années, les acteurs humanitaires ont été l'objet de meurtres, viols et agressions sexuelles, intimidations et harcèlement, vols à main armée, enlèvements ainsi que d'arrestations et de détentions illégales. En plus de la mise en danger de la vie des travailleurs humanitaires, ces attaques menacent les opérations humanitaires ainsi que les vies et le bien-être de millions de personnes qui dépendent de l'aide humanitaire pour survivre dans la dignité.
Aujourd'hui, plus de 130 millions de personnes dans le monde ont besoin d'aide humanitaire pour survivre au fléau de la guerre ou à l'impact des catastrophes naturelles. Ensemble, ces personnes formeraient le dixième pays le plus peuplé de la planète. La souffrance humaine à une échelle aussi grande ne peut être abordée sans le courage des travailleurs humanitaires.
La plupart des acteurs humanitaires travaillent en arrière-plan, soignant les blessés dans les hôpitaux ou les prisons de guerre, distribuant l'aide aux civils pris dans les zones de guerre ou en aidant les gens à surmonter les effets de la sécheresse, des inondations, des tremblements de terre ou encore des épidémies. Sans les travailleurs humanitaires, des millions de personnes en Syrie ou dans les camps de réfugiés dans les pays limitrophes seraient confrontées à la famine ; sans les travailleurs humanitaires, l'épidémie mortelle d'Ebola en Afrique de l'Ouest n'aurait pas été maîtrisée et encore plus de personnes seraient mortes à la suite du tremblement de terre en Haïti. Les agents humanitaires travaillent dans des situations extrêmement stressantes et font face à des choix difficiles chaque jour. Ils sont souvent tiraillés entre leur forte détermination à sauver et atteindre les personnes qui ont besoin d'aide humanitaire et le fait de risquer leurs propres vies. Ces acteurs humanitaires méritent notre respect et notre soutien, et la Journée mondiale de l'aide humanitaire est l'occasion de le leur témoigner.

Johan PELEMAN
Responsable du bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'Onu (OCHA) au Liban

Aujourd'hui 19 août, la Journée mondiale de l'aide humanitaire est célébrée à travers le monde. Cette Journée est l'occasion de rendre hommage aux travailleurs humanitaires qui risquent leur vie pour fournir une aide aux victimes de conflits ou de catastrophes naturelles. Elle est aussi l'occasion de mobiliser et sensibiliser l'opinion publique à l'assistance humanitaire et à préconiser...
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