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Liban - Déchets

Les clés « confisquées » sur le site de Bourj Hammoud

Des étudiants Kataëb ont fait stopper les travaux sur la décharge. Leur exigence : que le remblayage s'interrompe jusqu'à ce que le plan de gestion soit réactualisé.

L’activité des bulldozers a été interrompue par l’intervention des manifestants hier, dans le chantier de la décharge à Bourj Hammoud. En arrière-plan de cette photo, on remarque les ballots de déchets stockés dans l’aire temporaire. Photo Ani

La journée d'hier a été marquée par une manifestation des étudiants Kataëb sur le site de construction de l'une des décharges prévues par le gouvernement, à Bourj Hammoud, dans l'objectif d'arrêter les travaux qui y sont engagés par l'entrepreneur ayant remporté l'appel d'offres de l'État. Des échauffourées ont éclaté au début du mouvement, mais celui-ci s'est terminé dans le calme. Les manifestants ont néanmoins réussi à « confisquer » des clés de bulldozers.

« Nous avions déjà inspecté le site il y a quelques semaines, explique à L'OLJ Patrick Richa, vice-secrétaire général du parti Kataëb. La manifestation d'hier, menée par les étudiants du parti, avait pour objectif d'arrêter purement et simplement les travaux. »

Les manifestants, une trentaine, accompagnés de médias, sont donc arrivés sur le site en matinée. « Les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont tenté de nous dissuader d'entrer sur le site, sous prétexte que les travaux sont interrompus, explique Patrick Richa. Nous avons insisté à nous y rendre. Ils nous ont demandé de former une délégation d'une dizaine de personnes. À ce moment-là, les FSI ont remarqué que le président du mouvement estudiantin des Kataëb, Anthony Labaki, en faisait partie. Ils ont voulu l'empêcher de s'y rendre, comme ils le font systématiquement, d'où les échauffourées qui ont éclaté à ce moment-là. »

Après avoir calmé le jeu, les manifestants ont quand même réussi à entrer sur le site, avec les caméras. « Nous étions 25 à 30 personnes, raconte-t-il. Nous avons constaté que les travaux étaient bel et bien en cours, contrairement à ce qu'on a voulu nous faire croire. Bien au contraire, nos menaces d'intervention ont probablement entraîné une accélération du chantier, étant donné ce qu'on a pu observer sur le terrain. » Il ajoute : « Le reste s'est déroulé calmement. Nous avons confisqué les clés des différents véhicules qui ne pourront plus poursuivre leur activité. Certains chauffeurs ont bien tenté de résister, mais sans incident notable. »

Mardi dernier, à l'issue d'une réunion avec les responsables du Tachnag, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, avait exprimé l'opposition de sa formation à l'aménagement d'une décharge à Bourj Hammoud sans des garanties de traitement efficace des déchets.

 

(Lire aussi : Les immondices ne s'entasseront pas à nouveau dans les rues, affirme Chehayeb)

 

Une crique asséchée
Interrogé hier sur ce qui est dorénavant observable sur le chantier, le militant Raja Noujaim, qui se trouvait avec les manifestants au moment des faits, note qu'une crique qui marquait l'embouchure du fleuve de Beyrouth est totalement asséchée, comme l'est toute la zone qui devrait servir de point de départ au remblayage de la mer. Les déchets non triés et non traités stockés dans l'aire voisine finiront dans les sortes de bassins en mer qui seront ainsi aménagés, poursuit-il. « Ces zones remblayées seront inexploitables, quoi qu'on en dise, sans compter les risques d'infiltration de la pollution dans l'eau », souligne-t-il.
À propos du site, Patrick Richa parle de son côté d'« une jetée d'une quarantaine de mètres dans la mer », et d'« odeurs insupportables de gaz qui se dégagent ».

Par ailleurs, Raja Noujaim note que l'aire de stockage temporaire, où finissent actuellement tous les déchets collectés par Sukleen, est de toute évidence « loin d'être saturée ». « Cela implique que toutes les menaces de revoir les rues inondées de détritus, proférées par (le ministre) Akram Chehayeb ou d'autres, ne sont que paroles en l'air », affirme-t-il.

 

(Repère : Liban : retour sur un an de crise des déchets)

 

Des centres dans toutes les régions
Après les manifestations, quelles nouvelles mesures seront prises contre le plan gouvernemental de gestion des déchets qui, rappelons-le, consiste principalement en la construction de deux décharges côtières à Bourj Hammoud et à Costa Brava? « Notre message concernant le refus catégorique de la construction des décharges est passé », affirme Patrick Richa. « À partir de là, poursuit-il, nous préconisons de revenir vers la première solution proposée en septembre 2015 par la commission d'experts présidée alors par Akram Chehayeb. Ces experts avaient recommandé de donner aux municipalités les prérogatives de la gestion des déchets. À Bickfaya, nous l'avons bien prouvé : il est possible d'installer des centres de tri et de traitement qui règlent le problème. Pour les grandes villes, à Beyrouth ou sur le littoral du Metn, par exemple, il faudra juste agrandir les centres de tri et de compostage pour répondre aux besoins. »

Toutefois, l'argument que les autorités ne manqueront pas d'opposer à cette proposition est que le temps manquera, et que les détritus auront de nouveau inondé les rues avant que ces centres ne soient opérationnels... « Cet argument ne tient pas la route, affirme-t-il. Pour l'aménagement de ces décharges, il faut six mois. Des centres peuvent être installés un peu partout dans ce même délai. À partir de là, même si les déchets inertes, pour lesquels les centres prévus n'apportent pas de solution, finissent dans les décharges, ce n'est plus un problème. Le dégât sera minime, et ne peut être comparé à ce qui arrivera si des tonnes de déchets non triés et non traités se retrouvent en mer. »

Patrick Richa précise qu'une coordination est en cours avec certains mouvements civils, et notamment le Mouvement écologique libanais.

 

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commentaires (1)

Quand on lit tous ces articles concernant le problème des déchets et les autres qui trainent depuis des mois, voir des années, on se demande si c'est effectivement un gouvernement, avec des ministres, qui gère ce pays ! Ou est-ce une vaste et honteuse organisation, constituée de personnes ayant leurs intérêts personnels qui s'imbriquent les uns dans les autres, ce qui en clair se qualifie de corruption !!! Et donc ne voudront jamais appliquer des plans qui justement changeraient ce business bien rôdé entre eux ! Irène Saïd

Irene Said

10 h 39, le 12 août 2016

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Commentaires (1)

  • Quand on lit tous ces articles concernant le problème des déchets et les autres qui trainent depuis des mois, voir des années, on se demande si c'est effectivement un gouvernement, avec des ministres, qui gère ce pays ! Ou est-ce une vaste et honteuse organisation, constituée de personnes ayant leurs intérêts personnels qui s'imbriquent les uns dans les autres, ce qui en clair se qualifie de corruption !!! Et donc ne voudront jamais appliquer des plans qui justement changeraient ce business bien rôdé entre eux ! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 39, le 12 août 2016

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