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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

L’onde de choc du putsch raté en Turquie a atteint Washington et Bruxelles

Le président Recep Tayyip Erdogan a accusé ses alliés occidentaux « de soutenir le terrorisme et les putschistes », de ne pas être venus en...

Des allées du pouvoir à Washington ou Bruxelles aux rues de Pennsylvanie ou de Cologne, le coup d'État raté, qui pouvait apparaître comme une secousse turco-turque, a brutalement envenimé les relations d'Ankara avec ses grands partenaires américain et européens. Toutefois, si les passes d'armes avec ces derniers se sont multipliées, l'après-coup d'État ne devrait pas modifier les alliances de la Turquie, estiment les experts, ni pousser celle-ci dans les bras de nouveau ouverts de la Russie, seule épargnée par ses reproches.
Le président Recep Tayyip Erdogan a accusé ses alliés occidentaux « de soutenir le terrorisme et les putschistes », de ne pas être venus en Turquie le soutenir et de le censurer quand il voulait haranguer par vidéo la diaspora turque à Cologne, en Allemagne.
Mardi, le Premier ministre Binali Yildirim demandait pour la énième fois à Washington d'extrader le prédicateur Fethullah Gülen, exilé en Pennsylvanie et désigné par Ankara comme le cerveau du « complot de l'étranger ». Un ministre turc a même accusé Washington d'implication dans le putsch raté du 15 juillet, derrière lequel un ancien chef d'état-major a vu la main de la CIA. « Si les États-Unis saisissent cette chance en or, alors le problème entre deux partenaires stratégiques sera réglé », a dit M. Yildirim, à propos de l'extradition.
Le dossier Gülen promet d'empoisonner durablement les relations turco-américaines. Même s'il a peu de chance d'aboutir. « La Turquie n'a jamais brillé par une préparation efficace de ses dossiers d'extradition », a relevé Unal Ceviköz, ancien ambassadeur turc à Londres, dans le quotidien Hurriyet.

« Pas un long fleuve tranquille »
En dépit de l'escalade verbale à Ankara, les États-Unis répètent, placides, que la Turquie est leur « amie, alliée au sein de l'Otan ». Sans afficher d'empressement à étudier le cas Gülen. Ankara est un partenaire-clé sur le flanc sud-est de l'Otan, notamment dans la lutte antijihadiste. La base stratégique d'Incirlik est essentielle aux opérations de la coalition menée par les États-Unis contre le groupe État islamique en Syrie et en Irak. Elle abriterait des dizaines d'armes nucléaires tactiques de l'Otan.
À l'inverse, son appartenance à l'Otan représente pour la Turquie une sécurité pour laquelle elle n'a guère d'alternative. « Toute aventure centrale-asiatique n'aurait aucune chance », dit un expert turc en référence à l'Organisation de coopération de Shanghai.
La Turquie reste pour Washington un « partenaire essentiel au Moyen-Orient », dit Jean Marcou, de Sciences Po Grenoble, « donc ils feront ce qu'il faut pour la satisfaire, même s'ils ne cèdent pas sur Gülen ». Mais l'extradition du « terroriste » derrière la tentative de putsch qui a fait 272 morts a viré à l'obsession pour un président Erdogan massivement soutenu par son peuple et qu'on imagine mal lâcher prise à ce stade. Les États-Unis ont l'habitude « de gérer les situations difficiles » avec Ankara. « Ce n'est pas un long fleuve tranquille », dit Jean Marcou.

Objet de chantage
Le putsch raté a aussi ébranlé les relations, déjà compliquées, d'Ankara avec l'Union européenne. Bruxelles a menacé de geler les négociations d'adhésion d'Ankara face à la purge radicale en cours en Turquie. L'Autriche vient d'appeler à mettre fin à « cette fiction », disant tout haut ce que beaucoup pensent tout bas dans l'UE – et en Turquie. Rompre les négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne serait une « grave erreur », a toutefois jugé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Mais M. Juncker a aussi relevé que la Turquie était très loin de pouvoir prétendre à l'intégration européenne, en particulier du fait de la répression engagée après le putsch raté du 15 juillet.
Ankara de son côté brandit l'accord de mars sur les migrants, un potentiel objet de chantage. Cet accord a tari, du jour au lendemain, le flot de réfugiés vers l'Europe de l'Ouest et du Nord. À l'immense soulagement de l'EU.
Si la Turquie le reniait, ce serait « la politique du pire », dit M. Marcou. Mais elle ne souhaite probablement pas revenir à une situation où « des milliers de réfugiés passaient par ses côtes pour aller en Grèce », la poussant à des interventions dans des « zones sensibles » de l'Égée.

(Source : AFP)

Des allées du pouvoir à Washington ou Bruxelles aux rues de Pennsylvanie ou de Cologne, le coup d'État raté, qui pouvait apparaître comme une secousse turco-turque, a brutalement envenimé les relations d'Ankara avec ses grands partenaires américain et européens. Toutefois, si les passes d'armes avec ces derniers se sont multipliées, l'après-coup d'État ne devrait pas modifier les...
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