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Liban - Législatives 2018 - Portrait

Riad Akel, ou la lutte pour rendre justice aux « minorités »

Ayant beaucoup d’admiration pour Bachir Gemayel, le candidat FL à Beyrouth I revient sur son itinéraire au sein du parti dirigé par Samir Geagea.

Riad Akel : Samir Geagea est la personne à la bonne place pour poursuivre le parcours de Bachir Gemayel.

Nombreux sont les moyens de manifester son amour pour son pays. Certains contribuent efficacement à son développement et à sa croissance économique. D’autres préfèrent emprunter une autre voie : lutter pour préserver la souveraineté, la liberté, l’indépendance et, surtout, l’identité du pays. C’est cette voie que Riad Akel, candidat au siège des minorités dans la circonscription de Beyrouth I (Achrafieh-Rmeil-Saïfi-Medawar), a empruntée en adhérant aux Forces libanaises. Il bénéficie aujourd’hui de leur appui pour les législatives du 6 mai.


Cet itinéraire remonte à l’enfance du candidat syriaque catholique. « Mes parents habitaient à Gemmayzé. Nous étions donc proches des lignes de démarcation. Cela me donnait l’opportunité d’observer les militants qui participaient aux combats. Cela a créé en moi une sorte d’enthousiasme », raconte M. Akel.
Cet enthousiasme a conduit Riad Akel à intégrer les rangs de la « jeunesse Kataëb », en 1976. Une section consacrée aux mineurs désirant faire partie de la formation. L’occasion pour Riad Akel, alors âgé de 15 ans, d’apprendre l’usage de quelques armes. « Nous étions également chargés de quelques missions », se souvient le candidat. Sauf que la guerre des 100 jours (1978), qui a opposé les combattants Kataëb conduits par Bachir Gemayel aux troupes syriennes, allait marquer un important tournant dans le parcours militaire et partisan de M. Akel. « À ce moment, je me sentais capable de défendre la cause pour laquelle luttaient Bachir et le parti, et dont j’étais désormais convaincu », souligne ce père de deux enfants, qui précise qu’il a suivi des études en biochimie à la Lebanese American University (LAU), avant de consacrer la totalité de son temps à la lutte au sein des Forces libanaises (FL).


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Bachir Gemayel, un leader pas comme les autres
S’il garde encore de très beaux souvenirs de cette période, le candidat en retient surtout une personnalité exceptionnelle : Bachir Gemayel. Il va sans dire que l’ancien chef de l’État assassiné il y a plus de 35 ans était un leader charismatique. Un constat que tient à souligner Riad Akel. D’autant qu’avec l’ancien président de la République, il a appris « le courage et la détermination », comme il le souligne. C’est d’ailleurs avec une grande émotion qu’il revient sur ses souvenirs avec Gemayel. « Bachir était un homme honnête, au dynamisme contagieux », se souvient encore Riad Akel. Mais il relève un point très important : « Nous ne sentions pas qu’il était différent », dit-il. Or l’assassinat de l’ex-président de la République a profondément secoué les rangs de ses partisans tant sur le plan national qu’au niveau strictement personnel. « Avec sa disparition, nous avons compris sa grandeur et son importance », déclare le candidat. Revenant sur cet épisode de son parcours, Riad Akel raconte sur un ton plein d’émotion : « Au fil des années, et en tant que combattant, je me suis familiarisé avec la mort. Mais jamais une disparition ne m’a marqué autant que celle de Bachir Gemayel. Je l’ai pleuré du fond de mon cœur. »


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Geagea, « la bonne personne à la bonne place »
Au vu du vide laissé par leur fondateur après le 14 septembre 1982, les FL ont fait face à de grandes batailles auxquelles Riad Akel a pris part. Jusqu’au moment où Samir Geagea prend en charge la présidence du parti. Quand il évoque Samir Geagea, M. Akel le fait avec un sourire de fierté et de confort. « J’ai trouvé qu’il était la bonne personne à la bonne place pour poursuivre le parcours de Bachir. Et c’est pour cette raison que je suis convaincu de ses valeurs, de son discours et du projet qu’il porte pour les FL », explique ce propriétaire d’une compagnie de technologie et de télécoms. L’engagement de Riad Akel au sein des FL n’a aucunement entravé son progrès professionnel. Loin de là. « J’ai pris des cours de gestion et management, et j’ai intégré le domaine de la technologie dont je suis passionné », indique-t-il. S’il n’a pas pu suivre de près la lutte souverainiste que menait la formation pendant la période sombre de la tutelle syrienne, Riad Akel a occupé des positions importantes au sein du parti. Il est aujourd’hui chef du bureau de planification au sein des FL. Il s’agit d’un organisme chargé de fournir les études requises par les ministres FL. « Je suis proche de Samir Geagea, qui avait appuyé ma candidature pour les législatives de 2013 et 2014, finalement reportées à cette année », révèle M. Akel.


Le dimanche 6 mai, les regards de Riad Akel seront braqués sur les urnes, mais aussi sur les électeurs de Beyrouth I. D’autant qu’il porte un programme ambitieux pour améliorer la situation dans la capitale, dont notamment la mise en place d’une zone touristique à Medawar et la mise en application de la décentralisation au sein de la municipalité de la ville. Mais il lui importe d’abord de lever l’injustice commise à l’encontre des communautés qualifiées de « minoritaires » au Liban. « Tout comme les Arméniens, nous avons été victimes d’un génocide qui a coûté la vie à 1138 martyrs. Ils ont payé de leur vie pour préserver ce pays auquel nous sommes attachés, dans la mesure où il s’agit de notre nation définitive, au même titre que les autres communautés. Il est donc intolérable de continuer à nous percevoir comme minoritaires. La première proposition de loi que je présenterai au Parlement sera celle prévoyant l’abolition de cette appellation », promet Riad Akel. Il s’engage aussi à contribuer à la lutte contre la corruption et l’édification d’un État fort dépourvu d’armes illégales. Un processus dont les FL entendent lancer une nouvelle phase à partir du 7 mai.





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