« Il faut toujours se méfier de l’infiltration de partisans du compromis dans une organisation de résistance, qui l’affaiblit graduellement », a déclaré l’ayatollah Khamenei selon son site Internet
leader.ir. « Nous n’avons aucun doute sur votre résistance et celle de nombreux frères, les peuples n’attendent que cela de votre part », a-t-il ajouté, réaffirmant que l’Iran « demeurera toujours au côté de la résistance palestinienne ».
M. Haniyeh a répondu à l’ayatollah Khamenei en insistant sur le fait que l’objectif du Hamas demeurait « la liberté de tous les Palestiniens de la Méditerranée au Jourdain, le refus de pourparlers de paix et le caractère islamique de la lutte palestinienne », toujours selon le même site. Le chef du gouvernement de Hamas avait déjà affirmé samedi lors d’un discours à Téhéran que le Hamas « ne reconnaîtra jamais Israël » et que « la lutte continuera jusqu’à la libération de la totalité de la terre de Palestine et de Jérusalem, et le retour de tous les réfugiés palestiniens » chez eux.
Cette mise en garde intervient alors que le Hamas, qui contrôle Gaza, et le Fateh du président palestinien Mahmoud Abbas, qui contrôle la Cisjordanie, tentent actuellement de parvenir à un gouvernement commun dans le cadre d’un accord de réconciliation. Elle intervient également alors que des divisions apparaissent de plus en plus au sein du Hamas sur la stratégie du mouvement islamiste palestinien. Le chef du Hamas Khaled Mechaal s’est effectivement prononcé en novembre en faveur de « la résistance populaire pacifique », qui supposerait que le mouvement renonce dans les faits à la lutte armée. Il s’est aussi dit favorable à l’établissement d’un État palestinien sur les territoires occupés en 1967, soit la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est pour capitale, c’est-à-dire à côté et non à la place d’Israël comme le prévoit le programme officiel du Hamas. Ces déclarations ont été critiquées par un haut responsable du Hamas à Gaza, Mahmoud Zahar.
Ce dernier a dénoncé l’accord conclu entre son mouvement et le Fateh en le qualifiant d’« erreur » ayant provoqué une crise au sein de sa formation, dans une interview publiée hier par l’agence officielle égyptienne MENA. L’accord signé le 6 février à Doha au Qatar prévoit de confier à M. Abbas la direction d’un gouvernement transitoire d’indépendants chargé d’organiser des élections, afin de mettre un terme à des mois de discussions stériles sur le choix du Premier ministre. « Personne au sein du Hamas n’a été consulté », a déclaré M. Zahar, estimant qu’« en pratique », l’accord « ne pouvait être appliqué ». L’accord « doit être revu, les dirigeants du Hamas à l’intérieur et à l’étranger vont donc se réunir sur cette question dans les deux prochains jours », a-t-il ajouté.
(Source : AFP)
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En réponse à M. Pierre Hadjigeorgiou, qui a évidemment raison, je signale ce dernier livre du philosophe iranien Daryusch Shayegan: Conscience métisse (Albin Michel, Paris). Il dit que« pour sauver l'esprit de l'islam, il faut séculariser les sociétés…» Selon lui, «en occupant l'espace public, l'islam est entré dans l'arène des idéologies politiques» et en «prenant le pouvoir», la religion «a changé de nature». Elle s'est idéologisée et «cela a donné naissance à l'islam politique» dont les multiples dérives autoritaires que nous connaissons et réprouvons. Ce philosophe date cette déviation de l'islam à 1979, soit à l'arrivée de Khomeiny en Iran. P.S: A noter qu'il fut une époque où les chrétiens (lire Les Croisades vues par les Arabes, d'Amin Maalouf) ont commis les mêmes erreurs: Inquisition, conversions forcées, intolérance, meurtres…à l'égard des non-chrétiens. Ils ont ensuite évolué. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer. Et se dire que la religion, comme d'autres domaines, appartient à notre intimité.
Nayla Sursock
09 h 05, le 14 février 2012