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À La Une - Commentaire

Mais où sont donc les femmes entrepreneuses ?

Commençons par quelques chiffres : près de 300 personnes ont participé cette semaine à la Conférence de Beyrouth, un événement organisé en début de semaine par Uniapac (Conférence internationale des patrons catholiques) et Ma’am (rencontre islamo-chrétienne des patrons libanais). Cette conférence, qui a regroupé des chefs d’entreprise chrétiens et musulmans venus du monde entier, avait pour thème « La finalité humaine de l’économie ».
Parmi les nombreux participants venus de monde entier, une cinquantaine de femmes, soit environ 20 % des personnes présentes. Si l’on retranche les épouses accompagnant les chefs d’entreprise invités ainsi que les universitaires et étudiantes présentes, il ne restait plus qu’une poignée de femmes entrepreneuses.
Pis encore, parmi la trentaine d’intervenants, deux femmes uniquement : l’ancienne ministre libanaise des Finances Raya el-Hassan, et Émilie Sueur, en charge de la rédaction web à L’Orient-Le Jour.
Était-ce l’émotion ou l’habitude, en présentant le panel auquel participait notre collègue, l’un des responsables a commencé par évoquer « Monsieur Émile... », avant de rapidement se rattraper.
Pour la Française Dalal Hoballah, directrice d’Emerco (une société d’import-export), « il est normal que les femmes soient moins présentes que les hommes, car la conférence s’adresse essentiellement au monde des industriels ». Or, poursuit Mme Hoballah, les femmes sont peu nombreuses dans ce secteur, « alors qu’elles ont fait des progrès considérables dans les PME et les sociétés où elles occupent aujourd’hui des postes de haut niveau ».
Le manque de femmes dans la conférence reflète la réalité sur le terrain, renchérit Élissar Hajj Zarwi, responsable du département de communication des entreprises et de la publicité à Fransabank. Selon elle, les femmes entrepreneuses manquent cruellement non seulement dans le monde arabe, mais aussi dans les pays occidentaux.
Cette sous-représentation des femmes dans le secteur industriel s’explique, selon Dalal Hoballah, par le fait que la direction des grandes industries axées sur la rentabilité requiert « moins de qualités humaines et sociales ». « Les femmes ont naturellement un côté humain et social, et doivent donc faire un effort supplémentaire dans ce secteur », ajoute-t-elle.
Andrée Lhomme Sfeir, présidente de l’association Éveil, relève, de son côté, que s’ « il est politiquement correct, en France, de parler de la parité homme-femme, dans la réalité de la vie professionnelle, on est bien loin du compte ».
L’association Éveil porte d’ailleurs ce débat dans les lycées, pour que l’égalité entre les sexes ne soit plus uniquement théorique. Selon Mme Sfeir, « les filles ne sont pas conscientes de ce qu’on appelle “l’assignation sociale”, à savoir que les garçons poursuivent des études scientifiques et économiques, alors que les filles se dirigent vers des études littéraires ». L’égalité s’apprend à l’école, insiste-t-elle.
Mme Sfeir dénonce, par ailleurs, l’inégalité des salaires en France, où une femme touche 20 % de moins que l’homme, selon elle, à poste et responsabilité égaux. « Et, malheureusement, la femme accepte cette situation », regrette-t-elle.
Même son de cloche du côté d’Élissar Hajj Zarwi, qui estime que le contexte socioculturel pèse énormément sur l’avancée des femmes dans le monde de l’entreprise. La société traditionnelle n’encourage pas les femmes à avoir une carrière professionnelle épanouie, de peur qu’elle ne porte préjudice à leur vie familiale.
Un état d’esprit que l’on retrouve au moment de l’héritage, indique-t-elle : « Les garçons héritent de la direction des entreprises, alors que les filles obtiennent une compensation financière. »
« Au Liban, les traditions poussent naturellement les femmes vers des postes de simples employées, les éloignant ainsi des postes de dirigeante ou de chef d’entreprise », poursuit Mme Hajj Zarwi, qui ajoute qu’une entrepreneuse doit donc redoubler d’efforts pour combattre les préjugés, surmonter les obstacles et s’imposer dans un monde masculin.
« Même quand elles sont actives et combatives, les femmes se cantonnent généralement au monde des associations et des ONG, dans lequel elles sont présentes en force pour combattre les inégalités et les discriminations sociales et professionnelles, délaissant de fait le vrai combat dans les entreprises et les industries », dénonce-t-elle.
Et Dalal Hoballah d’appeler à ce que les rencontres du calibre de la Conférence de Beyrouth, qui mettent en avant les valeurs sociales, humaines et éthiques dans l’économie, poussent à l’accroissement du nombre de femmes à la tête des entreprises.

 

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