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À La Une - Crise

Syrie : "Nous souhaitons que l'UE lève l'embargo sur les armes", affirme Hollande

L'Iran et le Hezbollah font tout ce qu'ils peuvent pour aider le régime d'Assad, assure Israël.

Dans la province d'Idleb, une voiture transporte, le 13 mars 2013, un mortier pour les rebelles, sur la ligne de front. REUTERS/Mohamed Kaddoor/Shaam News Network/Handout

Le président français François Hollande a déclaré jeudi à Bruxelles souhaiter que "les Européens lèvent l'embargo" sur les armes pour les forces de l'opposition syrienne. "Nous sommes prêts à soutenir la rébellion, donc nous sommes prêts à aller jusqu'à là. Nous devons prendre nos responsabilités", a déclaré M. Hollande à la presse à son arrivée au sommet européen qui se tient jusqu'à vendredi, journée marquant les deux ans du déclenchement de la rébellion en Syrie.

 

Il a précisé que la France devait "d'abord convaincre ses partenaires européens", alors que la Syrie n'est officiellement pas au menu des discussions du sommet consacré essentiellement à "la relance" de l'économie européenne.

 

Quelques heures plus tôt, son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait déclaré que la France et la Grande-Bretagne demandent "aux Européens, maintenant, de lever l'embargo pour que les résistants aient la possibilité de se défendre". Il a ajouté qu'à défaut de l'unanimité requise à l'UE pour lever l'embargo, Paris et Londres prendraient la décision de livrer des armes, car la France "est une nation souveraine".

L'objectif, selon des responsables français s'exprimant sous anonymat, est de fournir notamment à l'opposition syrienne des missiles sol-air pour contrer les attaques des avions et hélicoptères de l'armée syrienne.

 

Mardi, le Premier ministre britannique David Cameron avait déjà indiqué que son pays pourrait se désolidariser de l'embargo de l'UE en cours, en fournissant des armes à l'opposition syrienne pour lutter contre le président Assad.

 

La prochaine réunion de l'UE sur l'examen de l'embargo sur les armes à destination de la Syrie est prévue fin mai. Laurent Fabius a toutefois indiqué jeudi que Paris et Londres allaient réclamer que cet examen ait lieu plus tôt. L'UE a assuré qu'il était "possible" de discuter "sans délai" de l'opportunité de lever l'embargo sur les armes si l'un des 27 Etats membres le souhaitait.

 

 

"Violation flagrante du droit international"

"Nous considérons que c'est un pas dans la bonne direction", a réagi le porte-parole de l'opposition syrienne. "Tant que les Européens et les Américains n'arment pas la rébellion, ils sont en train de dire à Bachar el-Assad +continue de te battre+", a déclaré à l'AFP Walid Bounni. "Bachar el-Assad n'acceptera de solution politique (au conflit) que lorsqu'il saura qu'il a face à lui une force (armée) qui va le renverser", a ajouté le porte-parole.

 

Autre son de cloche du côté des autorités syriennes. "Dans une violation flagrante du droit international, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé la volonté de son pays et celle de la Grande-Bretagne de fournir des armes aux groupes terroristes", écrit l'agence officielle syrienne Sana, en référence aux termes utilisés par le régime pour parler des rebelles.

 

Pour les Russes, soutien indéfectible du régime syrien, la livraison d'armes aux rebelles est également "inadmissible". La livraison d'armes à l'opposition syrienne constituerait une "violation de la loi internationale", a mis en garde mercredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. "La loi internationale n'autorise pas, ne permet pas de fournir des armes à des acteurs non-gouvernementaux et, selon nous, il s'agit d'une violation de la loi internationale", a déclaré M. Lavrov.

 

Début mars, le secrétaire d’État américain, John Kerry, avait promis de continuer à renforcer l’opposition syrienne sans toutefois l’armer, tout en donnant implicitement son aval aux livraisons d’armes aux rebelles "modérés" effectuées par des pays du Golfe.

La Ligue arabe avait aussi indiqué début mars dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion ministérielle au Caire, que les pays arabes sont libres de fournir un soutien militaire aux rebelles syriens s’ils le souhaitent.

 

Dans le même temps, le général Sélim Idriss, chef d’état-major de l’Armée syrienne libre (ASL, rebelles), avait exhorté les pays européens à lever l’embargo sur les armes, qui "ne touche que les victimes" du conflit syrien alors que le régime Assad continue à "être équipé par la Russie et l’Iran". L’ex-général de l’armée a aussi assuré que l’ASL était en mesure de contrôler les armes afin qu’elles ne tombent pas aux mains d’organisations extrémistes.

 

 

L'équilibre des forces en faveur des rebelles ?

Par ailleurs, dans un rapport publié jeudi, l'Institut international d'études stratégiques (IISS) de Londres a affirmé que l'équilibre des forces en Syrie va probablement finir par pencher en faveur des rebelles, tout en avertissant qu'une guerre civile prolongée risque de déstabiliser toute la région.

 

"Il est probable que, peu à peu, l'équilibre des forces penche en faveur des rebelles, étant donné l'accroissement de leurs capacités et de leurs soutiens extérieurs", estime le rapport de l'IISS. "A moins d'utiliser des armes chimiques contre les rebelles , avec les risques d'intervention internationale que cela implique, il est difficile de voir comment Assad peut renverser cette tendance", poursuit le texte.

 

 

Armes chimiques

Le chef du renseignement militaire israélien a, pour sa part, affirmé jeudi que le régime syrien pourrait recourir aux armes chimiques dans sa lutte contre les rebelles. S'exprimant lors de la conférence annuelle sur la sécurité régionale à Herzliya, au nord de Tel-Aviv, le général Avi Kohavi a affirmé que M. Assad avait encore sous son contrôle des stocks d'armes chimiques, dont l'Etat hébreu redoute qu'ils ne tombent entre les mains de rebelles.

"Assad se prépare à utiliser ses armes chimiques. Il n'a pas encore donné d'ordre, mais il s'y prépare", a-t-il déclaré.

S'exprimant lors de cette même conférence cette semaine, le chef de l'état-major israélien Benny Gantz avait averti que des groupes "terroristes" combattant aux côtés des rebelles syriens devenaient plus puissants.

 

Quand M. Assad tombera, l'Iran "perdra sa capacité de transférer ses armes, via la Syrie, au Hezbollah", a-t-il dit. "L'Iran et le Hezbollah font tout ce qu'ils peuvent pour aider le régime d'Assad. Ils l'aident sur un plan opérationnel sur le terrain, avec des consultations stratégiques, des renseignements et des armes", a-t-il dit. "Ils sont en train de mettre en place une armée populaire entraînée par le Hezbollah et financée par l'Iran, qui compte actuellement 50.000 hommes, mais avec l'intention de faire passer ce chiffre à 100.000", a-t-il ajouté. Ils se préparent aussi à l'après-Assad "lorsqu'ils utiliseront cette armée pour protéger leurs avoirs et leurs intérêts en Syrie", a-t-il dit.

 


L'appel d'Amnesty International

Par ailleurs, Amnesty International a appelé jeudi le Conseil de sécurité de l'ONU à soumettre à la Cour pénale internationale (CPI) les crimes de guerre commis par les deux parties en conflit en Syrie.

"Combien de civils doivent encore mourir avant que le Conseil de sécurité de l'ONU ne soumette la situation au procureur de la CPI, afin que les auteurs de ces crimes horribles soient tenus responsables?", demande Ann Harrison, directrice adjointe pour le Moyen-Orient à Amnesty.

 

"Alors que la vaste majorité des crimes de guerre et autres violations flagrantes (des droits de l'Homme) continuent d'être commise par les forces gouvernementales, notre enquête fait également état d'une escalade des violations de la part des groupes d'opposition armés", a-t-elle ajouté. "Si rien n'est fait, de telles pratiques risquent de s'ancrer de plus en plus. Il est impératif que tous ceux concernés sachent qu'ils devront rendre des comptes pour leurs actions".

 

Amnesty a affirmé avoir des preuves de l'utilisation par les forces du régime "d'armes internationalement prohibées contre les civils", et du recours par les rebelles à la "torture et au meurtre de soldats, miliciens pro-gouvernementaux et civils" qu'ils capturent ou enlèvent.

Selon l'ONG, qui a dit avoir vérifié l'utilisation de missiles balistiques par l'armée dans la province d'Alep (nord), "des centaines d'habitants, dont de nombreux enfants, ont été tués et blessés dans trois attaques récentes (avec de telles armes) qui ont anéanti des familles entières".

 

Toujours à Alep, "les corps d'hommes et de garçons, tués d'une balle dans la tête avec les mains liées derrière le dos, sont récupérés dans une rivière" qui prend sa source dans une zone contrôlée par l'armée, selon l'ONG. Elle accuse aussi les rebelles de recruter des enfants pour combattre les soldats et pour même en "exécuter".

Selon l'ONU, plus de 70.000 personnes sont mortes en deux ans de conflit.

 

Reportage

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commentaires (7)

Je pensais qu'israel etait l'allie de la Syrie de Bashar pour la paix sur le golan occupe depuis 40 ans et voila qu'elle denonce son "allie" d'etre aide par ses ennemis de l'Iran et du hezb, a moins qu'on ne vienne me dire que ces 2 forces sont aussi les alllies des usurpateurs de terre! non mais franchement les racistes faut savoir ce que vous voulez a la fin, d'un cote vous denoncez l'aide du hezb et de l'Iran et de l'autre vous dites redouter que des armes chimiques tombent entre les mains des mercenaires que vous defendez par delegue hollande interpose avec son fabius au soufflet qui nous parlent de rebelles gentils , ca va plus la tete ou quoi ?? au fait delegue hollande, un salafiste au Mali est un pauvre concitoyen egare et un salafo qatqri en Sytie serait devenu un martyr ?????? Hein delegue hollande ??? hein ???

Jaber Kamel

22 h 16, le 14 mars 2013

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Commentaires (7)

  • Je pensais qu'israel etait l'allie de la Syrie de Bashar pour la paix sur le golan occupe depuis 40 ans et voila qu'elle denonce son "allie" d'etre aide par ses ennemis de l'Iran et du hezb, a moins qu'on ne vienne me dire que ces 2 forces sont aussi les alllies des usurpateurs de terre! non mais franchement les racistes faut savoir ce que vous voulez a la fin, d'un cote vous denoncez l'aide du hezb et de l'Iran et de l'autre vous dites redouter que des armes chimiques tombent entre les mains des mercenaires que vous defendez par delegue hollande interpose avec son fabius au soufflet qui nous parlent de rebelles gentils , ca va plus la tete ou quoi ?? au fait delegue hollande, un salafiste au Mali est un pauvre concitoyen egare et un salafo qatqri en Sytie serait devenu un martyr ?????? Hein delegue hollande ??? hein ???

    Jaber Kamel

    22 h 16, le 14 mars 2013

  • N'importe quoi, il va aidé les terroristes, les mêmes qu'il combat au Mali, financé par le qatar il veut pas contrarier son financier qatari, la capitale de la France, ce n'est plus Paris mais doha

    Talaat Dominique

    21 h 00, le 14 mars 2013

  • Déclarer ouvertement de vouloir armer les rebelles (pour eux) en réalité les bandes armées à leur solde et à la solde de la qatarie-saoudienne, laisse penser aux 2 choses suivantes à commencer par la plus probable: 1 - Ils savent que c'est illégale et ne le font que pour des fins de soutient verbal au conseil d'Istanboul car les ricains semble-t-il sont en train de les lâcher (l'armement lui se fait régulièrement depuis 2 ans sans interruption). 2 - Ils veulent jouer à visage découvert en espérant une petite avancée contre toute logique pour donner un plus de punch aux bandes armées sur le terrain afin d'améliorer les conditions de négociations durant les prochaines négociations. Dans tous les cas une chose est certaine: Les armes et les entrainements qu'ils ont fournis à ces gens-là, finiront par se retourner contre eux dans pas longtemps... car la créature de Frankenstein finit tjours par se retourner contre son créateur.. les us se rappelleront bien de BL (ben laden), d'où leur grande méfiance.

    Ali Farhat

    18 h 18, le 14 mars 2013

  • On va entrer dans une nouvelle phase de la crise syrienne où semble-t-il les choses sont déjà décidées d'avance malgré les déclarations russes...

    SAKR LEBNAN

    18 h 07, le 14 mars 2013

  • Bientot Fini le Bashar! Il etait temps!

    Pierre Hadjigeorgiou

    15 h 57, le 14 mars 2013

  • Entre la France et la Grande-Bretagne qui demandent aux Européens, de lever l'embargo pour les résistants, et la Russie qui est contre la livraison d'armes à l'opposition syrienne au nom de la violation de la loi internationale, une chose est ceraine seule la loi de la jungle triomphera en Syrie . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    15 h 53, le 14 mars 2013

  • C'est le monde à l'envers ...! (heureusement)... les dictateurs de la dynastie criminogène des Assad , ont armé toutes les factions libanaises et non libanaises subversives depuis 40 ans !! , contre droit et marées ! (le vent c'est leurs déclarations)...! Voilà que maintenant , ils se plaignent de l'effet boomerang de l'histoire...! seraient 'ils aux abois....?

    M.V.

    15 h 14, le 14 mars 2013

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