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À La Une - Venezuela

Avec la mort de Chavez, le Venezuela bascule dans une nouvelle ère

"Chavez vit, la révolution continue !"

Un partisan de Hugo Chavez, tenant une photo du président vénézuélien, le 6 mars 2013 à Caracas. AFP /Leo RAMIREZ

Le Venezuela a commencé mercredi, dans le deuil et le recueillement, à faire ses adieux au président Hugo Chavez avant de s'engager dans un processus électoral inédit et plein d'incertitudes en l'absence de cette figure de la gauche radicale qui a dominé la vie politique de son pays pendant 14 ans.

 

En fin d'après-midi, le cortège funéraire du président Chavez a quitté mercredi l'hôpital militaire de Caracas sous le regard de milliers de personnes pour rejoindre l'académie militaire où sa dépouille sera exposée jusqu'au obsèques prévues vendredi. A côté du cercueil, couvert du drapeau national vénézuélien, se trouvaient Elena Frias, la mère du défunt, ses frères, ainsi que plusieurs membres du gouvernement, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les autorités ont en outre décrété sept jours de deuil et les écoles et administrations étaient fermées mercredi.

 

Dès les premières heures de la matinée, des centaines de partisans du président se sont massés devant l'hôpital militaire de Caracas où il est décédé. A l'entrée de l'enceinte, une large banderole annonçait: "Chavez vit, la révolution continue !"

 

Capture d'écran montrant le cortège funéraire de Chavez
à Caracas le 6 mars 2013. AFP/Telesur

Mardi soir, le vice-président Nicolas Maduro, au bord des larmes, a annoncé "l'information la plus éprouvante et la plus tragique que nous puissions annoncer à notre peuple". "A 16H25 (20H55 GMT) aujourd'hui 5 mars, est mort notre commandant-président Hugo Chavez Frias après avoir combattu avec acharnement une maladie pendant près de deux ans", a-t-il déclaré dans une allocution retransmise par toutes les chaînes de télévision du pays.

Le ministre des Affaires étrangères, Elias Jaua, a ensuite annoncé que M. Maduro assurerait l'intérim à la tête de l'Etat et qu'une élection présidentielle aurait lieu dans les 30 jours, conformément aux instructions laissées par Hugo Chavez.


(Repère : Quelques unes des déclarations les plus fameuses du président Chavez)

"Nous devons continuer à bâtir la révolution"

Chantre exubérant et charismatique d'un "socialisme du XXIe siècle" sous perfusion des plus importantes réserves de pétrole mondiales, Hugo Chavez, ancien lieutenant-colonel parachutiste, était au pouvoir depuis 1999. Si son parcours politique est vierge de toute défaite dans les urnes, son siège avait vacillé pendant quelques heures au moment d'une tentative de coup d'Etat finalement déjouée en 2002.

 

Réduit au silence au cours des trois mois qu'a duré son agonie, Hugo Chavez n'a pas pu prendre congé de ses compatriotes mais il avait préparé sa succession en chargeant le vice-président d'assurer la transition, mais aussi de se présenter en tant que candidat du parti socialiste au pouvoir en cas d'élection.

"Nous allons être les dignes héritiers d'un géant", a assuré Nicolas Maduro.


Même si cette annonce avait été précédée lundi d'un bulletin médical pessimiste, elle a provoqué une véritable onde de choc au Venezuela. A Caracas, la capitale, plusieurs centaines de partisans du président, visiblement accablés, ont passé la nuit devant l'hôpital militaire de Caracas. Des membres de la garde nationale en armes montaient la garde aux portes de l'établissement.

 

"Nous devons continuer à bâtir la révolution avec Maduro, qui sera le prochain président", assurait à l'AFP l'un d'entre eux, Carlos Perez, brandissant une affiche montrant un jeune Chavez en tenue de parachutiste.

"Je veux lui dire au revoir car c'était un homme bon, qui a tout donné aux plus pauvres", confiait de son côté une femme vêtue de rouge, la couleur des partisans du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) du président Chavez.

 

La nouvelle de sa mort a été rapidement commentée à l'étranger. Brasilia a évoqué "la perte d'un ami", tandis que Barack Obama a espéré des "relations constructives" à l'avenir avec Caracas.

Trois présidents latino-américains de gauche proches de Chavez, le Bolivien Evo Morales, l'Uruguayen José Mujica et l'Argentine Christina Kirchner, sont arrivés mercredi matin à Caracas pour se recueillir auprès de sa dépouille.

A Cuba, pays sous perfusion des pétro-dollars vénézuéliens, le gouvernement a décrété trois jours de deuil national et rappelé les liens très étroits qui unissaient Fidel Castro et son héritier politique, qui a accompagné son mentor "comme un véritable fils", selon La Havane.

"C'était un homme hors du commun et fort, qui regardait vers l'avenir et qui était toujours extrêmement exigeant envers lui-même", a dit de lui le président russe Vladimir Poutine.

C'"est en réalité un martyr pour avoir servi son peuple et protégé les valeurs humaines et révolutionnaires", a commenté le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, affirmant qu'il avait succombé à "une maladie suspecte".

 

(Lire aussi : Hommage de ses alliés, ouverture d'un nouveau chapitre pour Obama)

Le décès du président, qui monopolisait les débats par son omniprésence, sa forte personnalité et ses multiples diatribes contre des opposants accusés d'être à la solde des "impérialistes", ouvre une période d'incertitude dans un pays fortement divisé entre pro et anti-Chavez.

 

Mardi soir, Nicolas Maduro a lancé plusieurs appels au calme et souligné que l'armée et la police avaient été déployées dans le pays pour "garantir la paix". Le ministre de la Défense, Diego Molero a, quant à lui, déclaré que les forces armées restaient "unies pour respecter et faire respecter la Constitution". Selon les autorités, aucun incident notable n'est venu troubler cette nuit principalement marquée par le recueillement.


Élections anticipées ?
Le président par intérim, qui dispose de 30 jours pour organiser un scrutin anticipé, sera probablement opposé au gouverneur Henrique Capriles, 40 ans, battu par Hugo Chavez en octobre. Ce dernier a déclaré mardi soir devant la presse que le défunt chef de l'Etat avait été pour lui un "adversaire" et non "un ennemi", même si Hugo Chavez avait parfois eu des mots très durs contre lui.

 

"Si le gouvernement a la capacité d'organiser l'élection même avant un mois, il le fera", a estimé l'observateur politique Luis Vicente Leon. "Le plus tôt sera le mieux, il va profiter électoralement de l'émotion provoquée par la mort du président", a encore prédit l'analyste.

L'opposition conteste l'interprétation de la Constitution du gouvernement au sujet de la transition, jugeant que l'intérim doit être assuré par le président de l'Assemblée nationale Diosdado Cabello et non par le vice-président.

Hugo Chavez luttait depuis juin 2011 contre un cancer dans la zone pelvienne. Après plus de deux mois d'hospitalisation à Cuba, il était rentré par surprise à Caracas le 18 février, mais n'avait ni été vu ni entendu publiquement depuis cette date.

Le Venezuela vivait ces derniers temps au rythme des rumeurs et des démentis autour de la santé du président, le gouvernement affirmant qu'il continuait de diriger le pays, l'opposition réclamant des informations claires.

 

Hugo Chavez, né en 1954 de parents enseignants et élevé par sa grand-mère, avait été réélu pour un nouveau mandat de six ans, le 7 octobre 2012. Le 10 janvier, il n'avait pas été en mesure de prêter serment et son investiture avait été repoussée sine die par le gouvernement, une décision avalisée par le Tribunal suprême de justice (TSJ), mais contestée par l'opposition.

 

 

Portrait

Chavez, porte-étendard du socialisme latino-américain

 

Le Venezuela a commencé mercredi, dans le deuil et le recueillement, à faire ses adieux au président Hugo Chavez avant de s'engager dans un processus électoral inédit et plein d'incertitudes en l'absence de cette figure de la gauche radicale qui a dominé la vie politique de son pays pendant 14 ans.
 
En fin d'après-midi, le cortège funéraire du président Chavez a quitté mercredi...

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