L’art de créer une entreprise dans un paradis fiscal

Politique, art contemporain, sensationnalisme, prosélytisme, démagogie... Núria Güell et Levi Orta, deux artistes hispaniques, ont eu l'idée de créer une entreprise financée par la production artistique puis de la délocaliser dans un paradis fiscal appelé... Panama.
C'est une initiative pas comme les autres mais pourtant connue de tous. Deux artistes engagés dans la lutte contre l'ère capitaliste, Núria Güell et Levi Orta, ont décidé de renier leurs convictions le temps d'un projet artistique. Ce projet, c'est la création de la société anonyme d'art contemporain Orta & Güell sur les deniers du monde artistique. En tant que bons débutants, ils ont décidé de se procurer l'expertise de la prestigieuse école de commerce Esade qui a également conseillé des politiciens catalans dans les trois derniers cas de détournements de fonds publics.
Après tous ces bons conseils, les résultats de la société offshore bénéficient d'une exemption de taxes en Espagne et dans le monde, tout en tirant profit des avantages du pays où la filiale est installée.
Núria Güell et Levi Orta n'en sont pas restés là et ont décidé de faire don de leurs comptes bancaires situés dans le paradis fiscal à un groupe d'activistes dont l'objectif sera d'attaquer ce système à l'origine de la création des sociétés écrans. Sans douter de leur conviction, ce groupe de militants développera un projet d'entreprise en marge de l'ambiance capitaliste.
Le but étant aussi de développer une économie autonome qui se soustrait au système monopolistique. La gestion de ces comptes permettra à ses titulaires de se détourner de la rigoureuse réglementation fixée par l'État, la Banque centrale européenne ou le Fonds monétaire international.
Cette initiative gravite également autour d'un débat qui regroupe différents penseurs et spécialistes bénéficiant de connaissances solides sur le sujet et sur l'action politique. L'objectif n'est pas dissimulé et met en avant la philosophie, l'éthique, la politique et l'art pour faire ressortir les contradictions du système capitaliste afin d'influer un engouement autour d'initiatives anticapitalistes. En fin de compte, c'est le sourire aux lèvres que Núria Güell et Levi Orta font comprendre à l'assistance que l'art et l'exil fiscal resteraient incompatibles, un peu à l'image du clown auguste qui débarquerait dans un monde sérieux.