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Actualités - CHRONOLOGIE

Raymond Eddé relate l'historique des objectifs d'Israël au Liban

M. Raymond Eddé a relaté hier, dans une déclaration à la presse, l’historique des objectifs d’Israël au Liban. Il abordera une autre fois l’historique des relations libano-syriennes. Voici le texte intégral de sa déclaration concernant Israël: «Cette fois, si je ne me trompe, l’autorité et le peuple libanais ne se sont pas laissés berner par l’ennemi israélien. A cette occasion, je voudrais m’adresser aujourd’hui particulièrement aux jeunes Libanais pour leur rapporter certains faits dont j’ai eu connaissance durant ma jeunesse ou que j’ai lus, par la suite, sur les objectifs d’Israël concernant le Liban. En 1919 et 1920, mon père Emile Eddé faisait partie des première et troisième délégations libanaises qui s’étaient rendues à Paris pour convaincre la France, puissance mandataire au Liban, de sauvegarder le Grand-Liban et d’en faire un Etat indépendant de la Syrie. En 1860, un corps expéditionnaire, composé de militaires français, était arrivé au Liban pour mettre un terme à la guerre entre les druzes et les maronites. Il établit une carte du Liban datée de 1862. Lors du séjour à Paris de la troisième délégation présidée par Mgr Abdallah Khoury, elle reçut un jour la visite de Haïm Weizmann, président de «l’Organisation sioniste mondiale», qui lui demanda d’accepter une modification de la frontière nord de la Palestine. Il déclarait notamment que les sionistes étaient les amis des maronites et qu’ils voulaient avoir une frontière commune avec eux. Mgr Khoury demanda à Emile Eddé, qui était lauréat de la faculté de droit d’Aix en Provence, de répondre à Weizmann. Mon père, très brièvement, lui dit qu’il ne s’agissait pas d’amitié, mais tout simplement de l’annexion du Liban-Sud jusqu’au fleuve Litani pour s’en approprier les eaux, afin de les détourner vers la région de Houle, en Palestine, et de là, jusqu’au lac de Tibériade. La délégation refusa, bien entendu, de renoncer au Liban-Sud. C’est ainsi que Haïm Weizmann s’en alla bredouille. La délégation décide de rendre une dernière visite au président Clemenceau, qui ne se décidait pas à donner satisfaction aux Libanais, qui exigeaient un Grand-Liban, indépendant de la Syrie. Elle fut donc reçue au Quai d’Orsay, au salon de l’Horloge, par le président Clemenceau, surnommé le «Tigre». L’accueil fut plutôt froid. Mgr Khoury finit par lui dire: «Nous sommes la troisième délégation à venir à Paris. Si vous ne nous donnez pas satisfaction, nous coucherons tous, ce soir, ici, au salon de l’Horloge». Clemenceau dit alors à Emile Eddé: «Placez cette carte (de 1862) sur la table. Que voulez-vous?» «Tout ce que représente la carte», répondit mon père. Clemenceau prit aussitôt un gros crayon rouge et fit le tour des limites du Liban. La délégation remercia Clemenceau par de vifs applaudissements. De retour à Beyrouth, Mgr Abdallah Khoury reçut une lettre du nouveau président du Conseil, Alexandre Millerand, datée du 24 mai 1920, confirmant l’acceptation de la France de faire du Grand-Liban un Etat indépendant. Le 1er septembre 1920, le général Gouraud proclamait, à la résidence des Pins, l’indépendance du Grand-Liban, avec Beyrouth comme capitale. Mais que se passait-il chez les sionistes? Il est nécessaire de rappeler que, dès 1904, Théodor Herzl décrivait le territoire que le sionisme devait obtenir et qui devait s’étendre du «Brook en Egypte à l’Euphrate». Il devait aussi comprendre le Liban. En juillet 1947, dans sa déposition devant la commission d’enquête spéciale de l’ONU, Rabbi Fischman, représentant officiel de l’Agence juive, reprenant les paroles de Herzl, déclara: «La terre promise s’étend de la rivière d’Egypte à l’Euphrate. Elle inclura une partie de la Syrie et du Liban». Le 14 mai 1948, l’Etat d’Israël est créé. Ben Gourion présenta un rapport militaire à l’état-major suprême. «Nous devons nous préparer à lancer l’offensive. Notre but est d’écraser le Liban. Nous y établirons un Etat chrétien». En mai 1954, «Ben Gourion et Dayan établirent un plan militaire pour l’absorption du Liban. Selon Dayan, l’essentiel serait de trouver un officier libanais, même un simple major. Nous devrions l’acheter pour qu’il soit d’accord pour se proclamer sauveur du peuple maronite. L’armée israélienne entrera alors au Liban, occupera les territoires nécessaires et créera un régime chrétien qui s’alliera à Israël. Le territoire au sud du Litani sera totalement annexé à Israël, et tout sera parfait». En 1967, le Liban refuse de participer à la guerre contre Israël, déclenchée par l’Egypte, la Syrie et la Jordanie. Néanmoins, le 28 décembre 1968, Israël attaque l’aéroport de Beyrouth, détruisant 13 avions, soit la quasi totalité de sa flotte commerciale, sous prétexte qu’un de ses avions avait été détruit sur l’aéroport d’Athènes par des Palestiniens! Le 31 décembre 1968, le Conseil de Sécurité, par sa résolution 262, condamne Israël «pour son action militaire préméditée» et considère que «le Liban avait droit à une réparation appropriée pour les destructions qu’il a subies et dont Israël a reconnu être responsable». Mais le Liban, que je sache, n’a introduit aucun recours en dommages et intérêts. Le 14 mars 1978, Israël envahit, sans raison, le Liban-Sud et atteint le Litani dont il convoite les eaux depuis 1919. Washington ne lui demande pas de mettre un terme à son invasion, comme le reconnaît son secrétaire d’Etat Cyrus Vance (L’Orient-Le Jour du 16 mars 1978). Les résolutions 425 et 426 Le 19 mars 1978, le Conseil de Sécurité adopte à l’unanimité les deux résolutions 425 et 426, qui exigent le retrait immédiat et inconditionnel des forces israéliennes de tout le territoire du Liban. L’ONU envoie des forces (FINUL) au Liban. Malheureusement, elles ont été envoyées en application du chapitre VI de la Charte de l’ONU, qui n’autorise que l’emploi des moyens pacifiques. La FINUL n’a donc que des armes de caractère défensif (résolution 426, art. 4.D) et elle ne peut en faire usage, pour protéger le Liban, qu’en cas de légitime défense. Il est à noter qu’elle a été plusieurs fois attaquée par les soldats israéliens. Par dessus le marché, ceux-là occupent aujourd’hui la région au sud-est du Liban, qui s’étend de Kawkaba à Chebaa et qui était réservée aux soldats norvégiens. Mais la FINUL ne s’est pas considérée en état de légitime défense. Toutefois, il faut reconnaître que la FINUL a rendu et rend encore de nombreux services aux habitants du Liban-Sud. Il faudrait une nouvelle résolution du Conseil de Sécurité, prise, cette fois, en application du chapitre VII, qui autoriserait (art. 42) l’utilisation de la force aérienne, navale et terrestre pour rétablir la paix et la sécurité. Mais cela n’est qu’un rêve car une telle proposition de résolution s’exposerait immédiatement au fameux veto américain. «Le 27 décembre 1979, Begin attendait l’arrivée de Camille Chamoun dans sa résidence officielle de Talbieh à l’ouest de Jérusalem. Un hélicoptère israélien atterrit sur le toit de la Knesset. En sortirent Camille Chamoun, son fils Dany, Béchir Gemayel et Emile Farah. Nous vous avons déjà aidé en armes, dit Begin, et nous continuerons à le faire. Chamoun réclame des chars T.54». Le 4 juin 1982, nonobstant la présence de la FINUL au Liban-Sud, Israël envahit le Liban et atteint, cette fois, Beyrouth et sa banlieue, qu’il bombarde avec son aviation, tuant plus de 30.000 civils. Le plan de Théodor Herzl s’accomplissait. Le 8 juin 1982, au Conseil de Sécurité, les Etats-Unis opposent leur veto à un projet de résolution exigeant le retrait des forces israéliennes. Le 6 mars 1985, le premier ministre israélien Shimon Peres critique Amine Gemayel: «J’ai été très choqué en l’entendant appeler au meurtre contre nos soldats, lui dont le père et le frère nous ont demandé de les aider, lorsqu’ils étaient en difficulté, lorsqu’ils avaient besoin d’argent, d’armes et d’entraînement militaire» («Le Monde» 6.3.85)», conclut M. Raymond Eddé.
M. Raymond Eddé a relaté hier, dans une déclaration à la presse, l’historique des objectifs d’Israël au Liban. Il abordera une autre fois l’historique des relations libano-syriennes. Voici le texte intégral de sa déclaration concernant Israël: «Cette fois, si je ne me trompe, l’autorité et le peuple libanais ne se sont pas laissés berner par l’ennemi israélien. A cette...