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À La Une - témoignages

Des JMJ de Cracovie, de jeunes Libanais lancent un message de paix et de fraternité

Le rassemblement a débuté mercredi matin dans une ambiance quelque peu particulière, au lendemain de l'assassinat d'un prête en France. Un attentat revendiqué par l'organisation Etat islamique.

Des pèlerins du monde entier marchant dans les rues de Cracovie, en Pologne, le 26 juillet 2016 à l'occasion des Journées mondiales de la jeunesse / Bartosz Siedlikb/AFP

Mercredi, des milliers de jeunes catholiques venus du monde entier se sont retrouvés à Cracovie, en Pologne, à l'occasion des Journées mondiales de la jeunesse, organisées par l’Église catholique et initiées par le pape polonais Jean-Paul II, en 1982. Parmi eux, nombre de jeunes Libanais, dont trois livrent leurs impressions à L'Orient-Le Jour.

Célébrées chaque année le dimanche des Rameaux, par des jeunes catholiques rassemblés dans leur diocèse pour un temps de prière, les JMJ prennent tous les deux ou trois ans un caractère international en se déroulant dans une grande métropole. Les dernières ont eu lieu en 2013 à Rio, au Brésil, et ont mobilisé près de 3 millions de personnes lors de la dernière messe.

A Cracovie, et comme les années précédentes, événements culturels et spirituels s'étaleront sur plusieurs jours pour ces nouvelles JMJ. L'événement s'achèvera par la traditionnelle veillée de prière samedi et la messe dimanche, avec pour les jeunes participants une nuit à la belle étoile qui vaut aux JMJ leur surnom de "Woodstock catholique".

"L'idée est de faire, tous ensemble, l'expérience de l'amour de Dieu qui nous apprend à aimer l'autre dans sa différence. Ceci mène à la création d'une ambiance de fraternité et de paix!", souligne le Libanais Joseph Bakouny, 26 ans.

 

 


Une actualité particulière
Mais cette année les JMJ se déroulent dans un contexte particulier. Mardi, le prête français Jacques Hamel, 86 ans, a été égorgé par un assaillant du groupe État islamique, à Saint-Étienne-du-Rouvray, dans le nord de la France.

Après celles de Paris, Bruxelles, Nice ou encore Munich, cette attaque s'ajoute à la longue liste des attentats commis en Europe ces derniers mois par l'organisation terroriste. La nouvelle a révolté Joy Hraoui, une Libanaise de 29 ans, qui se rend aux JMJ pour la première fois : "J'étais très choquée et en colère aussi. Ça m'encourage toutefois à renforcer ma foi chrétienne !".

Pour Joseph aussi, la mort du prêtre est un choc. "Je crois qu'une véritable expérience d'amour comme les JMJ permet de convertir la rivalité et la violence en fraternité", souligne le jeune homme.

"Ce saint prêtre qui est mort au moment où il offrait une prière pour toute l'Eglise" est la victime d'une "guerre fragmentée", a déclaré, de son côté, le pape François, à son arrivée à Cracovie hier. "Le monde est en guerre parce qu'il a perdu la paix", a ajouté le souverain pontife. Mais, "quand je parle de guerre, je parle d'une guerre d'intérêts, d'argent, de ressources, pas de religions. Toutes les religions veulent la paix, ce sont les autres qui veulent la guerre".

Face à ce climat de violences et pour éviter de sombrer dans la haine d'autrui, Joy estime qu'il faut rétablir la vérité et mettre fin aux amalgames. "Les médias étrangers présentent à tort les pays arabes comme des pays islamiques et terroristes", dénonce-t-elle. 

"Les gens pensent que le Liban vit toujours en état de guerre civile, mais c'est faux ! Nous sommes un pays mixte où toutes les religions vivent ensemble", renchérit son amie Joëlle Nehmé, une graphiste de 28 ans vivant à Beyrouth. Se rendre aux Journées mondiales de la jeunesse est un moyen pour elles de "donner une bonne image de (leur) peuple en prenant part à cette expérience sociale et culturelle", explique Joy.

 


Joëlle (à gauche) et Joy (troisième à droite), ainsi que d'autres participants aux JMJ, posant avec l’évêque de Batroun, Mounir Khairallah, devant le sanctuaire polonais de Jasna Góra.

 

Craintes pour la sécurité des JMJ
Si des groupes enthousiastes ont déjà envahi la Pologne depuis plusieurs jours, la foule risque d'être moins importante qu'initialement prévu, selon toute vraisemblance à cause de craintes d'attentat.

Alors qu'au début de l'année, les organisateurs prévoyaient près de deux millions de participants, moins de 400.000 se sont officiellement enregistrés. Mais les non-inscrits pourraient s'avérer être très nombreux. Mardi, plus de deux cent mille personnes ont assisté à la messe d'ouverture alors que les organisateurs s'attendaient à un demi-million.

"C'est la première fois que j'y réfléchis à deux fois avant de voyager parce que j'ai peur d'un attentat terroriste!", lance Joëlle. Une crainte que partageait Joy avant son départ : "J'avais un peu peur, mais je me suis dit que je devais avoir confiance en Dieu". Un choix que la jeune fille dit ne pas du tout regretter : "Malgré tout, il y a une ambiance incroyable ici. On sent une vraie fraternité entre les différents peuples".

Joseph, lui, n'a pas hésité un seul instant à participer aux JMJ : "Je suis Libanais. l'État Islamique est à nos portes et nous sommes habitués aux attentats depuis longtemps. La mentalité de rivalité peut aboutir à une guerre civile. C'est pour éviter cela qu'on doit s'ouvrir les uns aux autres et participer à ce genre d'évènements! "

 

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Célébrées chaque année le dimanche...

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