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Culture - Exposition

Comment ne pas se laisser prendre au piège ?

Les formes dansent sur la toile, aux rythmes de notes bleues.

Au cœur de Gemmayzé, la lumineuse galerie 292Rmeil293 présente «Trapped»* de Lul jusqu'au 27 juillet 2016: un univers aussi accidenté que radieux.
À l'image de sa vie personnelle, sa carrière artistique se constitue d'étapes. Passant par le figuratif et les portraits, Elham Makarem, alias Lul, a évolué vers l'abstrait.
Elle ne peint qu'en écoutant de la musique, notamment des airs jazzy. Ses formes dansent alors sur la toile, aux rythmes de notes bleues. Ses larges surfaces pétillantes de couleurs plongent d'emblée le spectateur dans un univers visuellement agréable. Bien que le thème de son exposition rappelle des sensations négatives, Lul piège le visiteur en dévoilant un espace davantage enjoué que triste.
Bien sûr, il y a ces toiles striées de lignes noires où des silhouettes, parfois en groupe, émergent, fragiles sur un fil. Au-dessus d'elles planent de larges aigles noirs. Les blancs immaculés du fond de la toile ressemblent tantôt à des morceaux brisés, tantôt à un tourbillon de chaos, comme dans le tableau Big Bang, à l'image d'un Liban qui tente de se reconstruire par segments. Dans Migration, un envol d'oiseaux derrière des troncs d'arbre élimés en métal retravaillé pourrait évoquer la diaspora libanaise s'échappant de sa cage territoriale pour retrouver un semblant de liberté. Les figures de Lul repoussent de même les cadres conventionnellement admis: les visages métalliques dépassent les canevas et les attributs de la féminité ressortent pour piéger (encore une fois) le regard.
Beaucoup de choses inspirent l'artiste, le Liban notamment. «Dans ce pays, on est pris au piège à tous les points de vue, que ce soit politiquement, socialement ou même culturellement.» Lul ne cache pas que pour une artiste, trouver sa légitimité en société n'est pas une mince affaire. Elle estime qu'il faut un laps de temps de six ans en moyenne, entre une exposition et une autre, pour garder le public en haleine. Ce rythme lui convient car elle reconnaît travailler lentement. «Ma série de portraits avait de plus en plus de succès, les gens me passaient des commandes alors que le travail d'un artiste n'est pas de créer à la chaîne! Pour dissuader, j'ai commencé par augmenter les prix et malgré cela, les demandes ne diminuent pas...» Par cet aveu, sourire à l'appui, transparaît une jovialité permanente. Son état d'esprit lorsqu'elle peint? «Je ne suis pas une angoissée. Faire de la peinture, c'est une thérapie. Mon for intérieur ressemble à cela», ajoute-t-elle en désignant Joyful Boomerang, un grand tableau vitaminé accroché sur une paroi en tôle métallique. Ses couleurs solaires en demi-lune semblent tanguer au rythme d'une mélodie d'été. Lul a le «cœur grenadine»: son monde dévoile de francs aplats à l'huile à l'optimisme communicatif. La couleur est bien là pour libérer l'attention des formes restrictives et étroites, afin de n'en retenir qu'un éclat bigarré.

*« Trapped » de Lul, gallery 392rmeil393, Gemmayze. Tél. : 01/567015.
www.392rmeil393.com

Au cœur de Gemmayzé, la lumineuse galerie 292Rmeil293 présente «Trapped»* de Lul jusqu'au 27 juillet 2016: un univers aussi accidenté que radieux.À l'image de sa vie personnelle, sa carrière artistique se constitue d'étapes. Passant par le figuratif et les portraits, Elham Makarem, alias Lul, a évolué vers l'abstrait.Elle ne peint qu'en écoutant de la musique, notamment des airs...
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