Sur une grande place, près de 300 chaises, toutes occupées. Un peu en retrait, des adultes (plus de 15 ans) handicapés, physiquement ou mentalement. Ils ont l'air heureux, cependant. Ils sourient. Ils sont là pour recevoir leur diplôme de fin d'année au cours d'une cérémonie organisée pour l'occasion par l'association al-Kafa'ate de Hadeth. Les voilà qui montent sur l'estrade et qui commencent à chanter en arabe. « Les gens pensent que nous sommes à plaindre. Ce n'est pas vrai, nous sommes bénis. » Le public, constitué des familles de ces individus, est ému aux larmes. S'ensuit alors un défilé, chacun étant appelé à recevoir un « diplôme de compétences », qui permet de valoriser le pensionnaire à ses yeux et aux yeux de sa famille, sous les applaudissements de l'assistance et le flash des appareils photo.
L'association al-Kafa'ate (en arabe, « la capacité ») accueille gratuitement tous ces handicapés. Le fil conducteur de cette journée ? : « Toi et moi, nous ne sommes pas si différents. »
Cette organisation à but non lucratif, fondée en 1957 par Nadim et Lily Shwayri, se donne pour mission de réhabiliter de jeunes enfants souffrant d'un handicap (qu'il soit physique, mental ou même social), quelle que soit sa religion ou son affiliation politique. Depuis sa fondation, al-Kafa'ate a aidé 30 000 personnes, rendant service quotidiennement à près de 4 500 individus dans 7 campus différents, et employant 800 personnes. Les personnes handicapées sont recueillies dès l'âge de 1 an, mais le centre dans lequel se déroule la cérémonie, « le village centre », n'accueille que les plus de 15 ans. « Il y a donc une continuité dans notre service », explique Myriam Shwayri, chef de communication de l'association. Le campus dans lequel le jeune de 15 ans se rendra est déterminé par ses compétences. Si certains adolescents iront travailler dans les « ateliers protégés », d'autres continueront leurs études et iront même à l'université.
Le « village centre » est un centre spécialisé dans les « ateliers protégés ». Ces derniers sont très variés (fromage, buanderie, tissage recyclage papier, savon, mosaïques) et permettent de subvenir aux besoins de tous les centres de la fondation. Les pensionnaires « font une production qui est utile, insiste Myriam Shwayri. On ne les place pas dans un atelier juste pour les occuper. » Les travailleurs sont par ailleurs payés. Les recettes, avec des donations européennes et du ministère des Affaires sociales, permettent de financer cette véritable petite ville.
Paradoxalement, pourtant, certains pensionnaires ne sont que partiellement satisfaits. Si son fils est heureux dans ce centre, la mère d'un jeune homme de 19 ans atteint de déficience mentale relève cependant que la maison et l'amour maternel lui manquent, et il se voit mal rester toute sa vie dans ce centre. Il aimerait voler de ses propres ailes et avoir un « vrai » travail.
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