La langue française est une belle langue. Des décennies durant, ce fut la langue de la diplomatie, des cours royales de Russie, d'Angleterre, d'Espagne, etc., la langue du raffinement, de la gastronomie et de la mode. Elle fut aussi à maints égards la langue de la liberté, des vents de révoltes et du progressisme.
Une langue est vivante, il est vrai. Reflet de notre société, elle évolue, et dans ses méandres, de nouveaux mots apparaissent et d'autres disparaissent. C'est l'ordre des choses. Sauf que les médias audiovisuels et écrits contribuent à l'appauvrissement du français en usant d'anglicismes abusifs là où ce n'est pas
nécessaire.
Et nous sommes affligés de dénombrer les emprunts anglais qui tendent à effacer et obnubiler les mêmes termes équivalents en français sans raison valable. Ainsi les buildings sont érigés en lieu et place des immeubles, les snipers ont tiré sur les derniers francs-tireurs, l'avenir s'est estompé pour le futur. On acquiesce avec OK qui a supplanté «d'accord» depuis belle lurette. Les wags ont éliminé les femmes de footballeurs alors que les people ont snobé les célébrités dans les News. Et dire qu'il fut un temps où les événements du jour s'appelaient les actualités ou les nouvelles! Pourquoi cet effacement des mots justes? Pourquoi cet abandon inutile et inapproprié des termes français? Ce renoncement à l'usage de la langue de
Molière?
Certes, la langue anglaise est pragmatique et d'apprentissage relativement facile, les percées technico-scientifiques particulièrement dans le domaine des télécommunications dérivant de la culture américaine prennent une ampleur considérable et l'anglais prend le pas naturellement sur les autres langues dans ces domaines, néanmoins il y a abus et l'usage de l'anglais devient excessif lorsqu'il s'étend à d'autres secteurs, ainsi dans le jargon de la mode et autres, on assassine le français avec les fashion-victim, dress-code, it-girl, casting, burn out (surmenage), coming out, (déclaration d'homosexualité), etc. Et l'on découvre de nouveaux anglicismes tous les jours dans la presse francophone, ainsi surgit le mooning (montrer ses fesses), les foodtrucks (camionnettes-comptoirs), etc. Et on en oublie que Paris est la capitale mondiale de la mode et de la haute couture et que le français a un vocabulaire riche et varié!
Dans le domaine linguistique, la responsabilité de la presse écrite et des médias audiovisuels est cruciale. Les médias français ont un rôle majeur dans l'usage du français. Ces outils de communication sont des pivots autour desquels le langage tourne et se fixe car des millions de lecteurs et d'auditeurs reprennent les termes et expressions écrits ou énoncés par les journalistes, et inopportunément les anglicismes y sont légion.
Ce faisant, ce n'est pas l'anglais qui menace le français mais son usage abusif par les Français et les francophones.
Dounia MANSOUR ABDELNOUR
Londres, Royaume-Uni
N'étant pas né de la dernière pluie, le premier mot anglais que j'ai lu dès les premières années 1930, c'était le mot "Touring" et ce, sur les panneaux émaillés de signalisation que les Français avaient installés sur les routes des villes et villages du Liban. C'était sur le panneau bilingue entre mon village de Sarba et sa voisine Zouk-Mikaël avec en haut du panneau : Automobile et Touring Club de France. C'est de cette époque que l'anglicisme avait commencé, faisant du Liban bilingue un Liban trilingue.
13 h 43, le 15 juillet 2016